SANTÉ. L’urgence de Drummondville est plongée dans une situation «sans précédent». Avec une dizaine d’employés absents actuellement et une quinzaine de postes vacants à pourvoir, le temps supplémentaire s’accumule, le personnel s’épuise et les cas moins urgents sont réorientés systématiquement alors que le taux d’achalandage demeure très élevé.
Le week-end dernier, pour la deuxième fois en quelques semaines, le CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec a demandé à la population ayant un problème de santé qui n’est pas critique d’éviter de se rendre à l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix en raison des enjeux de main-d’œuvre et du fort taux d’achalandage.
«C’est une situation sans précédent. On n’a jamais vécu ça à Drummondville. Ça explique à quel point la pénurie de main-d’œuvre est un enjeu important. Ça nous rentre dedans, comme on dit en bon français», expose le Michel Béland, chef de service à l’urgence de Drummondville.
Les besoins sont plus criants du côté des infirmières et auxiliaires alors que 16 postes sont à pourvoir. Mais le manque de personnel est tel dans tout l’hôpital que l’urgence ne parvient pas à les combler.
«On a de la difficulté à avoir déjà tout notre monde. Actuellement, il y a neuf personnes absentes dans les équipes de l’urgence. Et il y a aussi ce que j’appelle la chaise musicale, par exemple, des employés de nuit qui tombent de soir ou de jour. Donc on se retrouve toujours avec le même nombre de postes vacants ou plus», explique-t-il.
Il enchaîne : «Lorsqu’on procède à un appel à la population comme on l’a fait encore le week-end dernier, c’est qu’on est rendu au bout de ce qu’on peut offrir. Ça nous permet de passer au travers le moment et d’offrir les soins adéquats aux personnes qui nécessitent des soins urgents. En fait, c’est dans le but d’éviter un bris de service».
Douze infirmières sont requises le jour à l’urgence et autant doivent travailler le soir. La nuit, on doit en compter huit.
«Pour vous donner une idée, dimanche soir, il manquait deux infirmières et huit ont fait du temps supplémentaire», indique le M. Béland.
En tout, durant le week-end, douze quarts de travail n’ont pas été comblés dans les équipes œuvrant au sein de l’urgence, et ce, malgré l’appel à l’interne de travailler plus d’heures.
«Il manquait principalement des infirmières, mais il y a également une agente administrative en moins ayant pour tâche de gérer les horaires, ce qui est majeur. Avant d’avoir pris la décision de restreindre l’accès à l’urgence, on a fait appel à notre personnel. Ainsi, 33 ont fait du temps supplémentaire et un a dû rester pour du temps supplémentaire obligatoire», fait-il savoir.
«Si on avait comblé tous les quarts de travail, il aurait fallu exiger davantage de temps supplémentaire, mais il y a une limite à ce que le personnel peut faire également. C’est une question d’équilibre, il faut s’assurer de la sécurité des soins et de la santé de l’équipe», soutient le chef de service, se disant «allergique» au temps supplémentaire obligatoire.
Soulignons que le taux d’occupation moyen sur civière depuis mars à l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix se situe à 126 %.
«Malgré ces taux élevés et le manque criant de personnes, on continue à offrir des soins de façon engagée. Tout le monde sans exception met la main à la pâte malgré la pression et le haut taux de temps supplémentaire. Même les médecins sont impliqués. J’en profite pour tous les remercier», exprime le gestionnaire.
M. Béland tient également à rappeler que la mission première de l’urgence, c’est d’assurer des soins aux personnes présentant un problème de santé physique ou mentale urgent.
«En ayant moins de patients non urgents, dans un contexte de pénurie de personnel, ça nous permet de dédier les ressources sur le terrain à la clientèle dont l’état de santé est précaire, urgent ou instable avant tout. Jusqu’à maintenant, nous avons toujours réussi à prendre en charge cette clientèle, je vous rassure. Mais dans le doute, on n’hésite pas à se présenter à l’urgence», conclut-il.
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