HANDBALL. Alexandra Pivin et Anthony Paul-Hus ne forment pas un couple comme les autres. Figurant parmi l’élite canadienne du handball, les deux amoureux rêvent de s’envoler ensemble vers les prochains Jeux panaméricains.
En couple depuis maintenant huit ans, les deux athlètes natifs de la région de Drummondville se sont rencontrés grâce au sport. Membres du programme sport-études en handball de l’école secondaire Marie-Rivier, ils ont également gravi les échelons ensemble au sein des équipes du Québec.
«À travers les entraînements et les matchs, on n’avait pas beaucoup de temps libres, mais on trouvait toujours des moments pour se parler, se remémore Alexandra Pivin, qui est maintenant âgée de 24 ans. Encore aujourd’hui, nos horaires sont vraiment chargés. On doit prévoir d’avance quand on va se voir. On a l’avantage de comprendre la réalité de l’autre. On est fiers l’un de l’autre et on s’appuie là-dedans.»
Ayant complété son baccalauréat en kinésiologie à l’Université de Sherbrooke, Alexandra Pivin réside à Wickham. Celle qui a goûté au handball professionnel en France il y a quelques années entamera bientôt sa maîtrise en thérapie du sport. Pratiquant également le football, Anthony Paul-Hus demeure à Montréal, où il étudie en histoire à l’Université Concordia.
«Si on faisait deux sports différents, ce serait plus difficile, soutient Anthony Paul-Hus, qui est âgé de 23 ans. Le bon côté là-dedans, c’est qu’on est souvent dans le même contexte. On comprend ce que l’autre vit et on sait pourquoi c’est plus difficile de se voir par moments.»
Évoluant à la position d’arrière au sein du club de Drummondville, Alexandra Pivin occupe la position stratégique de pivot au sein de l’équipe canadienne. Elle se décrit comme une athlète très intense et acharnée.
«Tout le monde qui me connaît s’entend là-dessus! Je suis une fille qui va me battre jusqu’à la fin, que ce soit pour mes coéquipières ou pour moi-même. Je vais également créer beaucoup d’espace pour mes partenaires de jeu. Il n’y a pas beaucoup d’adversaires qui aiment m’affronter, parce que je vais toujours m’acharner», exprime la jeune femme originaire de Saint-Germain-de-Grantham.
En pratiquant deux sports de haut niveau, Anthony Paul-Hus s’est quant à lui développé comme un athlète complet au fil des ans.
«Il y a des mouvements que je ne fais pas dans un sport, mais que je fais dans l’autre, explique le receveur de passes des Stingers. Ma préparation et ma discipline dans l’environnement professionnel de Concordia me permettent d’être prêt quand je joue au handball. L’aspect physique du football m’aide beaucoup au handball, où ce côté n’est pas toujours exploité de la bonne façon. Je prends cette expérience-là et je l’amène au handball, sans toutefois dépasser les bornes.»
Au handball, le colosse de 6 pieds, 4 pouces et 225 livres peut évoluer comme arrière ou pivot. «J’ai un bon gabarit et une bonne vision de jeu, mais je pense qu’on m’a choisi pour mes qualités défensives», affirme l’athlète originaire de Saint-Bonaventure.
Les Canadiennes confiantes
L’automne dernier, Alexandra Pivin a aidé l’équipe féminine senior canadienne à se qualifier pour les Jeux panaméricains, qui se dérouleront à Santiago, au Chili, du 20 octobre au 5 novembre. Opposées aux Américaines dans une série aller-retour disputée au Michigan et à Québec, les Canadiennes se sont qualifiées grâce à des victoires de 21-14 et de 23-17.
Pour Alexandra Pivin, il s’agira de sa deuxième participation aux Jeux panaméricains. En 2019, les Canadiennes ont terminé en septième position à Lima, au Pérou.
«Toute l’équipe a répondu présente pour ce nouveau cycle, relate Alexandra Pivin. On a fait un camp avec une cinquantaine de joueuses. Je n’avais jamais vu ça! C’était très sérieux et rigoureux. En plus de toute la préparation physique, on a ajouté l’aspect de la préparation mentale. Quand on est arrivé au Michigan, des Américaines, on en mangeait pour déjeuner!»
«On était tellement prêtes physiquement et mentalement qu’on a vraiment dominé nos adversaires, poursuit-elle. On était euphoriques, parce que c’était la première fois en 20 ans que le Canada se classait par la porte d’en avant. La dernière fois que c’est arrivé, le pays a gagné une médaille. Les Jeux panaméricains, c’est gros pour nous. Ce sont nos Jeux olympiques.»
Au Chili, les Canadiennes visent une place dans le top cinq. D’ici là, l’équipe tentera de monter sur le podium au Groenland, lors d’une épreuve de qualification pour le championnat du monde.
«On travaille fort tant dans le gym qu’à l’extérieur, mais il y a des nations comme l’Argentine et le Brésil qui investissent des millions de dollars dans leur programme de handball féminin, explique Alexandra Pivin. La majorité de leurs athlètes évoluent dans des circuits professionnels en Europe. De notre côté, les filles étudient, travaillent ou sont mères avant de jouer au handball.»
En raison de sa profondeur, de son expérience et de sa cohésion, la formation dirigée par la Québécoise Nathalie Brochu ne sera toutefois pas à prendre à la légère. «On forme vraiment une équipe unie. Il peut y avoir n’importe qui sur le terrain et l’équipe sera aussi forte. Pour certaines d’entre nous, ça fait deux ou trois cycles qu’on évolue ensemble. Ma coéquipière à côté de moi, je sais que je peux lui faire confiance les yeux fermés. Dans chaque situation, on sait comment réagir. On a aussi des joueuses aux styles différents : certaines vont nous apporter du gabarit et d’autres, beaucoup d’explosivité.»
L’équipe canadienne féminine mise notamment sur Nassima Benhacine, qui a été formée au sein du club de handball de Drummondville. La vétérane de 33 ans en sera à ses troisièmes Jeux panaméricains.
La jeune sœur d’Alexandra, Camilia Pivin, fait quant à elle partie des joueuses substituts au sein du programme canadien. La gardienne de 21 ans avait participé aux Jeux panaméricains en 2019. «La Fédération internationale a mis sur pied une nouvelle catégorie, celle des moins de 24 ans, où Camilia pourra se développer au cours des prochaines années. Elle va gagner en expérience à un haut niveau.»
Les Canadiens affamés
Du côté masculin, l’équipe canadienne senior se prépare à participer à une épreuve de qualification contre les États-Unis, les 9 et 11 mars, à Colorado Springs. S’ils ne parviennent pas à vaincre les Américains, les Canadiens participeront au tournoi de la deuxième chance, où ils affronteront des pays ayant perdu leurs matchs de qualification.
«L’équipe américaine mise sur des joueurs qui évoluent au niveau professionnel en Europe, où le calibre de jeu est très relevé. Ils ont aussi plus de fonds que notre pays, soutient Anthony Paul-Hus. De notre côté, on a beaucoup de jeunes dans notre équipe. Plusieurs en seront à leur première expérience, mais ils ont un certain bagage sur la scène internationale chez les juvéniles. Malgré leur jeune âge, ils peuvent apporter cette expérience-là.»
Dernièrement, l’équipe canadienne masculine a pris part à un camp préparatoire en France, où elle a affronté des clubs professionnels.
«Chose certaine, on va avoir faim. On pense pouvoir créer la surprise, même si beaucoup de gens pensent que ce n’est pas faisable. Nous, on s’en va là-bas avec le sentiment qu’on n’a rien à perdre. Si on ne gagne pas là, on vise la victoire au tournoi de la deuxième chance», conclut Anthony Paul-Hus, dont la jeune sœur Lyvia Paul-Hus fait partie de l’équipe canadienne junior de handball féminin.