Augmentation des loyers : peu de marge de manoeuvre pour les propriétaires

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Par Louis-Philippe Samson
Augmentation des loyers : peu de marge de manoeuvre pour les propriétaires
Le prix mensuel d’un loyer augmentera à raison de 3 % à 3,5 % en 2023 selon la CORPIQ. (Photo : Ghyslain Bergeron)

LOGEMENTS. Alors que la période des renouvellements de baux s’amorce, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) estime que la hausse sera similaire aux années antérieures, soit entre 3 % et 3,5 %, et ce, malgré l’augmentation fulgurante du coût de la vie.

Plusieurs d’entre eux souhaitent conserver leurs bons locataires. Malheureusement, l’année 2023 s’annonce plus difficile en raison de l’inflation ainsi que de l’augmentation des taux hypothécaires, des taxes municipales et des prix des services comme le déneigement.

«L’augmentation des taxes municipales cette année sera douloureuse pour les propriétaires. Nous n’avons pas vraiment le choix. Je considère qu’une hausse du loyer de 3 % est tout de même raisonnable. Malgré tout, je sais que des locataires vont trouver que c’est une augmentation considérable», a souligné Élène Ferland, propriétaire de 80 appartements à Drummondville, se disant consciente que ses locataires vivent aussi avec les conséquences de l’inflation.

«Les bâtiments coûtent cher à construire et les taux d’intérêt augmentent, ce qui fait en sorte qu’on doit plus piger dans nos poches présentement. Lorsqu’on fait une augmentation de loyer, ce n’est pas pour du profit, mais pour assurer la rentabilité. On sait que 2023 sera plus difficile et l’on espère que les taux d’intérêt vont redescendre en 2024», a pour sa part indiqué Hugo Guillemette, gestionnaire d’une centaine de logements. Parmi ceux-ci plusieurs sont neufs et bénéficient de la clause F qui permet aux propriétaires d’augmenter le loyer dans une plus forte proportion, durant les cinq premières années, pour atteindre les prix du marché.

Parc vieillissant

Par ailleurs, la CORPIQ s’inquiète du vieillissement du parc immobilier locatif du Québec, dont 60 % a été construit avant 1980. L’organisme milite en faveur d’une nouvelle méthode de calcul des augmentations pour aider les propriétaires à entretenir leurs immeubles et pouvoir absorber le prix des travaux d’importance sur une plus courte période notamment. Actuellement, le prix de certains travaux est réparti sur une plus longue période que leur durée de vie réelle.

«Nous proposons de mieux reconnaître les rénovations majeures de façon à inciter les propriétaires à consacrer plus de ressources à la mise à niveau du parc locatif de la province. Il y a un déficit panquébécois d’entretien actuellement», a avancé Marc-André Plante, directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales à la CORPIQ.

«L’augmentation est quelque chose qui devrait se faire au cas par cas. En proposant des pourcentages comme c’est le cas actuellement, ça ne reflète pas toujours la réalité. On ne devrait pas être obligé de suivre une charte. Je sais qu’il y a des propriétaires qui abusent, mais il faut prendre en compte la capacité des propriétaires à absorber tous les coûts», a pour sa part exprimé Mme Ferland.

Ainsi, la CORPIQ appelle à une plus grande collaboration entre les propriétaires et les locataires pour l’établissement du prix du loyer. «Les propriétaires font leur part dans un contexte difficile pour tout le monde. On ne peut pas dire qu’une augmentation de loyer d’environ 3 % est scandaleuse alors que l’inflation est de 7 %. Les propriétaires et locataires doivent trouver un scénario qui est raisonnable pour eux. La confrontation serait contreproductive alors qu’il manque de logements», a plaidé M. Plante.

Dans un contexte où les enjeux de pauvreté sont bien présents dans la province, la CORPIQ croit que ces éléments sont d’abord la responsabilité des différents paliers gouvernementaux. La corporation estime que les propriétaires n’ont pas à subventionner des locataires, mais plutôt les mesures sociales s’adaptant mieux au contexte des clientèles vulnérables.

 

Quelques statistiques

Taux d’inoccupation

Drummondville

2020 : 1,8 %

2021 : 0,2 %

 

Loyer moyen d’un quatre et demie sans chauffage

Drummondville

2020 : 641 $/mois

2021 :669 $/mois

Province

2021 : 874 $/mois

 

Augmentation des loyers

2019-2020 : 3,1 %

2020-2021 : 3,3 %

 

*Notons que les chiffres pour l’année 2022 n’étaient pas encore disponibles au moment de publier.

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