Un début d’hiver préoccupant pour les acériculteurs

Un début d’hiver préoccupant pour les acériculteurs
À moins que l’hiver réserve quelques surprises prochainement, le temps des sucres sera plus court et plus hâtif cette année. (Photo : Archives)

HIVER. Avec un début de saison hivernale chaud, les producteurs d’érable drummondvillois craignent une saison où la production sera plus difficile.

Au courant des Fêtes de fin de saison, la température s’est tenue au-dessus du point de congélation durant plusieurs journées consécutives. Bien que certains acériculteurs du Québec auraient pu entailler et récolter de l’eau, les conditions n’étaient pas réunies à Drummondville et il n’aurait probablement pas été sage de le faire.

«Idéalement, il faut entailler le plus près possible de la période de coulée significative, a dit Marie-France Bahl, propriétaire de Pref-Érable sur la route Caya. Si l’on entaille plus tôt, la question est à savoir si la blessure qu’on fait à l’arbre ne va pas sécher avant la vraie saison des sucres. Si c’est le cas, il faudrait entailler une deuxième fois. Le but est que la plaie soit fraiche lors de la saison pour avoir les meilleurs résultats. On ne veut pas faire plusieurs plaies à un arbre. En ce moment, un arbre peut couler si les températures sont adéquates, mais est-ce que ça en vaut la peine?»

Ce n’est pas non plus la première fois que des conditions plus favorables à la production d’eau d’érable surviennent en plein hiver. Keaven Audet, co-propriétaire de la cabane à sucre Chez Ti-Père, se souvient d’un redoux qui a eu lieu il y a environ cinq ans.

«Il y a des collègues qui ont déjà pu produire un peu en début de saison à l’époque. Je crois que plus près de Victoriaville, ils auraient pu avoir les conditions nécessaires, mais, ici cette année, il n’a pas fait assez froid pour avoir un gel. Je pense que des températures du genre peuvent devenir problématiques sur une longue période, à tout le moins dans notre région. Le froid et le gel sont essentiels à la coulée de l’eau d’érable. Il faut que l’hiver reste l’hiver et non qu’il devienne un long automne qui se transforme en printemps», a commenté M. Audet.

Dans une région comme celle de Drummond, les hivers plus chauds pourraient avoir un impact sur la capacité de production des acériculteurs ces prochaines années. En effet, les périodes de coulée significatives pourraient devenir de plus en plus courtes et la quantité de sirop produite ne suffira plus à combler son coût de production.

«Je suis inquiète si, à long terme, les conditions se dégradent. Il nous faut le gel et le dégel pour avoir la coulée de l’eau sucrée. Pour nous, peu importe la quantité d’eau qui sortira d’un arbre, ça représente le même travail. Il faudra se demander, à ce moment, si le coût va en valoir la récolte», a indiqué Mme Bahl, qui exploite environ 2 100 entailles.

«Il y a d’autres régions au Québec qui vont permettre à la province de tirer son épingle du jeu grâce au sirop. Peut-être que des cabanes à sucre de la région seront obligées de se fournir en sirop ailleurs pour combler la perte de production de leurs entailles. Les saisons se raccourcissent», se désole Keaven Audet qui ne s’attend pas à voir une énorme production régionale ce printemps.

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