SANTÉ. L’urgence de l’hôpital Sainte-Croix frôle le bris de service. Pour la toute première fois de son histoire, elle se voit dans l’obligation de limiter son accès qu’aux cas urgents, faute de personnel.
La tension est à son comble. La pression s’est accentuée au cours des derniers jours en raison de l’achalandage élevé.
«Les personnes qui se présenteront à l’urgence en personne ou par ambulance et qui n’auront pas besoin de soins urgents ou immédiats seront réorientées systématiquement vers leur médecin de famille, une clinique médicale ou un autre professionnel en fonction de leur condition», précise dans une sortie inhabituelle le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
Actuellement, plus de 50 % des consultations à l’urgence sont liées à des problèmes de santé mineurs, dont pour des symptômes d’allures grippaux, d’infection urinaire et d’autres infections bénignes.
Caroline Guertin, directrice adjointe des services ambulatoires et des soins d’urgence, assure toutefois que les cas urgents seront pris en charge rapidement.
«Une personne dans une situation critique et instable ne doit pas hésiter à se rendre à l’urgence. Nous ne voulons en aucun cas priver une personne des soins essentiels dont elle a besoin.»
Dans un courriel envoyé à L’Express, une infirmière, qui désire préserver son anonymat, indique qu’au cours du week-end de Noël, il manquera huit infirmières sur douze pour le quart de soir.
«Bien entendu, le soir de Noël, ceux de jour auront envie de retrouver les leurs et non rester en temps supplémentaire obligé. La situation est connue depuis plus de deux semaines, le syndicat est au courant, mais il n’y a personne. Entre les maladies et les congés de maternité, l’expertise et le personnel manquent à l’appel», laisse-t-elle tomber. «Des sit-in ont été faits récemment et d’autres menaces de sit-in planent, mais en vain», ajoute-t-elle.
En date du 22 décembre, l’urgence de Drummondville affiche un taux d’occupation de 116 %. De façon précise, 10 personnes sont en attente d’hospitalisation et 22 civières sont occupées sur une possibilité de 19. La situation était plus critique lundi alors que 15 usagers étaient en attente d’hospitalisation; 33 occupaient des civières.
Le CIUSSS redouble de stratégies depuis plusieurs jours pour s’attaquer à cet enjeu récurrent. La présidente-directrice-générale, Natalie Petitclerc, n’a pas manqué de rappeler en début de semaine à quel point le personnel est épuisé.
«La constance de la situation complique les choses. Pour pouvoir avancer, on a besoin de l’apport de nos employés pour mettre en place toutes ces mesures pérennes. Toutefois, avec la pression qu’ils ont sur leurs épaules, les virus qui circulent et la fatigue accumulée des dernières années jumelés à la pénurie de main-d’œuvre, c’est un défi de leur demander cela. Et pour moi, il est important qu’ils se reposent, qu’ils aient des congés. Je veux agir de façon responsable. Ça prendra du temps, mais je suis confiante», avait affirmé la dirigeante.
Plusieurs alternatives
Le CIUSSS MCQ rappelle à la population ayant des problèmes de santé non urgents d’opter pour d’autres options que celle de se rendre à l’urgence.
Problème de santé mineur
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- Pour soulager les symptômes des virus respiratoires, on peut consulter les fiches-conseils disponibles au ciusssmcq.ca/vousetesmalade.
- Appeler au 811 pour parler à une infirmière et être évalué. Le service est disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7;
- Le pharmacien peut soutenir, répondre aux questions et amorcer le traitement dans plusieurs situations;
- Contacter son médecin de famille ou sa clinique médicale;
- Pour les patients orphelins, il suffit d’appeler au Guichet d’accès à la première ligne au 811, option 3.
Besoin de consulter pour un soutien psychosocial
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- Contacter Info-Social au 811, option 2 (anxiété, dépression, violence conjugale, problème de consommation, etc.).
Besoin d’un test de dépistage
- Se procurer un test rapide dans les pharmacies communautaires;
- Par Internet : cv19quebec.ca ou au 1 877 644-4545 pour obtenir un rendez-vous pour les clientèles prioritaires.
«Je le sais que le système est handicapé et que c’est difficile voir un médecin, mais privilégiez les autres options, supplie l’infirmière. De cette façon, on vient parfois régler un problème qui perdure depuis des mois à l’urgence. C’est en faisant des efforts tous ensemble qu’on arrivera peut-être à quelque chose.»