SANTÉ. Devant la pression qui s’accentue de jour en jour sur les équipes des urgences qui affichent des taux d’occupation particulièrement élevés ces jours-ci, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec redouble de stratégies pour s’attaquer à cet enjeu récurrent tout en appelant à la collaboration des citoyens.
Comme chaque année en décembre, pour diminuer la pression, être en mesure d’offrir les soins nécessaires et donner un peu de répit au personnel, le CIUSSS module certains services, et ce, en s’assurant de préserver et maintenir les services essentiels. À titre d’exemples, les blocs opératoires ne fonctionnent pas à 100 %, les plages horaires en radiologie sont réduites et le nombre de services courants en ambulatoire a diminué.
Si à court terme ces actions améliorent la situation, il n’en demeure pas moins que le problème ne découle pas seulement de l’urgence.
«Le débordement des urgences est un problème de système», lance sans équivoque la présidente-directrice générale du CIUSSS MCQ, Natalie Petitclerc. Notre urgence, c’est elle qui présente les symptômes, mais ce n’est pas cet organe qui est malade, c’est le système. En fait, ce sont plusieurs organes qui doivent améliorer leur état de santé pour que l’urgence puisse se porter mieux. On apporte présentement des mesures qui amélioreront les choses à court terme, mais il faut aussi se préparer pour l’avenir. On doit mettre en œuvre des services dans la communauté et revoir nos façons de faire. Mais pour y arriver, il faut se donner du temps et il faut surtout le faire collectivement.»
En date du 16 décembre, l’hôpital Sainte-Croix affichait un taux d’occupation de 184 %, la moyenne provinciale étant de 128 %. Neuf usagers étaient en attente d’hospitalisation; 35 occupaient des civières alors que le centre hospitalier n’en dispose généralement que 19, comme le prévoir le permis.
«Cela veut dire qu’on a libéré des civières ailleurs dans l’hôpital pour en rendre davantage disponibles, conséquemment, ça donne encore plus de travail au personnel à l’urgence», précise Mme Peticlerc. «Mais je voudrais aussi porter votre attention sur une autre donnée : le nombre d’usagers requérant un niveau de soin alternatif et qui occupent des lits de courte durée. Le 16 décembre, il y en avait 22. Toutes ces personnes attendent d’avoir un service à l’extérieur de l’hôpital. D’une part, on assiste à une surpopulation à l’urgence, mais de l’autre côté, sur les étages, il y a des personnes qui
devraient avoir quitté, mais qui occupent encore des lits faute de service. Si on faisait juste régler cette question en développant des services très optimaux, on n’aurait probablement pas de débordement. Développer des alternatives d’hébergement dans la communauté fait donc partie de mes objectifs», ajoute-t-elle.
Intensifier le soutien à domicile et améliorer la médecine de jour constituent deux autres volontés de la PDG dans le but d’améliorer le système. La présidente-directrice générale soutient toutefois qu’on est loin de la coupe aux lèvres pour régler l’enjeu du débordement qui est plus en plus important et récurrent.
«La constance de la situation complique les choses. Pour pouvoir avancer, on a besoin de l’apport de nos employés pour mettre en place toutes ces mesures pérennes. Toutefois, avec la pression qu’ils ont sur leurs épaules, les virus qui circulent et la fatigue accumulée des dernières années jumelés à la pénurie de main-d’œuvre, c’est un défi de leur demander cela. Et pour moi, il est important qu’ils se reposent, qu’ils aient des congés. Je veux agir de façon responsable. Ça prendra du temps, mais je suis confiante», affirme la dirigeante.
Celle-ci souhaite rappeler aux citoyens qu’ils peuvent faire une grande différence au sein de l’urgence en adoptant certains comportements.
«Au lieu de se diriger vers l’urgence, on encourage ceux qui n’ont pas de médecin de famille à se tourner vers le Guichet d’accès première ligne. C’est très efficace comme service, car 93 % des demandes sont répondues à l’intérieur de 36 heures. Les gens sont dirigés vers le bon service par une infirmière. De plus, la meilleure façon de contribuer au désengorgement de l’urgence, c’est de profiter des solutions de prévention, dont le lavage des mains et la vaccination», conclut-elle.