INCENDIE. Une page d’histoire s’est tournée à L’Avenir. Le conseil municipal a voté à l’unanimité en faveur d’une desserte complète du service de sécurité incendie par la Ville de Drummondville, ce qui a suscité de vives réactions chez les pompiers volontaires et les citoyens.
Près d’une centaine de personnes ont assisté à la séance du conseil municipal qui s’est déroulée à l’église de L’Avenir, lundi soir. Alors que plusieurs points étaient à l’ordre du jour, les citoyens et les pompiers attendaient avec impatience le verdict des conseillers en lien avec le service de sécurité incendie.
Le 25 novembre dernier, la firme Raymond Chabot Grant Thornton a présenté à la population les résultats de l’analyse des scénarios concernant la desserte incendie. En prévision de la prise de décision du conseil municipal, les citoyens ont demandé aux élus de procéder à un vote à main levée, ce qui avait été accepté par le maire François Fréchette.
Lundi soir, quatre conseillers municipaux ont pris position, soit Pierre Lavallée, Michel Lalonde, Julien Paradis et Michel Bélisle. François Fréchette a également participé au vote. Mike Drouin a dû se retirer puisqu’il était en situation de conflit d’intérêts et Céline Couture était absente.
Tous les élus se sont positionnés en faveur d’une desserte complète du service de sécurité incendie par la Ville de Drummondville. La nouvelle a provoqué plusieurs réactions auprès de l’assistance. Une expression amère se lisait sur le visage de certains; d’autres ont laissé échapper un rire grinçant. La majorité d’entre eux réclamaient le statu quo pour que la Municipalité conserve son service de sécurité incendie, tout en signant une nouvelle entente d’entraide avec Drummondville.
Au nom de la sécurité
La sécurité de la population est au cœur des priorités, a mentionné le conseiller municipal Pierre Lavallée. À ses yeux, la pénurie de main-d’œuvre est préoccupante. Un total de trois pompiers sont disponibles de jour durant la semaine, alors que le ministère de la Sécurité publique exige un seuil minimal de huit. «Il y a peu de membres de l’équipe qui répondent aux exigences en matière de formation et de pratique, alors qu’il y a un minimum de 48 heures à respecter, a-t-il indiqué. Lors des deux dernières années, il n’y a pas eu de sensibilisation auprès de la population pour la prévention incendie.»
La proposition de la Ville de Drummondville se révèle avantageuse, a affirmé Pierre Lavallée. «Elle nous offre une force de frappe qui respecte le schéma de couverture de risque. Les pompiers seront sur les lieux de l’incendie en 15 minutes. Ils seront disponibles sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Ils détiennent la qualification professionnelle Pompier II.»
Les pompiers volontaires qui joindront le Service de sécurité incendie de Drummondville devront suivre une formation de mise à niveau et la Municipalité s’engage à leur offrir un salaire durant cette période. Notons que la caserne de L’Avenir restera active et elle conservera son camion-citerne.
En entrevue avec L’Express, François Fréchette a soutenu que la décision n’a pas été prise de gaieté de cœur. Afin de faire un choix éclairé, le conseil municipal a sollicité l’avis d’experts. La Municipalité planche sur le dossier depuis les huit derniers mois. «Raymond Chabot Grant Thornton a fait une vingtaine d’analyses de ce genre dans les dernières années. On a décidé d’aller avec eux avec un coût de 14 500 $. C’est beaucoup d’argent, mais je ne regrette pas cet investissement. Ça nous a permis de dresser un portrait fidèle de la réalité. L’image qui en est sortie est inquiétante.»
De plus, il a contacté la mairesse de Saint-Majorique-de-Grantham, Line Fréchette, afin de recueillir ses commentaires. «J’ai eu plusieurs discussions avec elle puisque la Municipalité a choisi le même scénario que nous. Aussi, l’offre de Drummondville a été analysée par un avocat pour s’assurer que tout était conforme. Les frais ont été partagés avec Saint-Majorique-de-Grantham.»
Un chapitre se termine
Les pompiers volontaires avaient une mine basse, lorsque la séance du conseil municipal a été levée. Maxime Côté s’implique depuis cinq ans auprès du service de sécurité incendie de L’Avenir. Il cultive un fort sentiment d’appartenance envers la communauté, alors qu’il est natif de la place. «Être pompier volontaire, ce n’est pas un métier. C’est une passion. On est habité par le désir d’aider les autres. C’est fâchant de donner autant de sa vie, de sa carrière et de soi-même pour la Municipalité et de se faire balayer du revers de la main aussi facilement.»
Ce dernier ne compte pas postuler au Service de sécurité incendie de Drummondville. Il vient d’ouvrir un commerce avec son père et il s’y consacre à temps plein. «Je donnais mon cœur aux pompiers parce que je voulais être là pour mon village et ma communauté. Avec Drummond, il faut faire 22 quarts de travail. C’est impossible quand on a déjà un emploi», a-t-il soutenu, en précisant que plusieurs de ses confrères se trouvent dans la même situation.
Pour sa part, Alexandre Côté est pompier volontaire depuis 17 ans. Ce L’Avenirois a critiqué le manque d’intérêt de la part de la Municipalité envers le service de sécurité incendie. Selon lui, la situation aurait pu être évitée s’il y avait eu une réelle volonté politique. «Il y a des lacunes avec le service incendie depuis 2016. Les pompiers ont tiré le bateau pendant longtemps pour que ça fonctionne. Les élus disent qu’ils nous ont rencontrés à quelques reprises, mais ça n’a jamais été pour mettre en Å“uvre des plans d’action. Ils auraient pu s’asseoir avec nous pendant les pratiques pour trouver des stratégies concrètes.»
Le directeur du service de sécurité incendie de L’Avenir, Gilles Pérusse, a annoncé sa démission la semaine dernière. D’après ses observations, les pompiers volontaires faisaient partie intégrante de la communauté. Ces derniers étaient présents lors des différents événements de la Municipalité, que ce soit des funérailles, l’Halloween, la Guignolée et la Saint-Jean-Baptiste.
La population a appuyé les pompiers du service de sécurité de L’Avenir jusqu’au dernier instant. Denis Larue espérait un dénouement différent. «Les citoyens ont parlé et ils n’ont pas été écouté. Notre but était de garder les pompiers. Ils représentent l’âme de la municipalité.»
Rappelons que les conseillers municipaux de la Ville de Drummondville devront approuver l’entente lors de la prochaine séance ordinaire. Le tout devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2023.
Le maire François Fréchette continue de regarder vers l’avant. «Il y a encore beaucoup d’émotivité. On va laisser les Fêtes passer. Il va avoir des ententes de mises à pied pour ceux qui ne veulent pas continuer avec le Service de sécurité incendie de Drummondville. Il va avoir une compensation. On parle de l’ordre de huit semaines», a-t-il informé.