SANTÉ. Tout en déplorant la lenteur et le manque de volonté politique dans les négociations entourant le renouvellement de la convention collective des ambulanciers, l’entreprise Dessercom se dit «préoccupée» par le manque de main-d’œuvre à Drummondville. Les bris de services s’additionnent et mettent le réseau sous pression.
Selon Francis Brisebois, coordonnateur du service des communications et des relations gouvernementales chez Dessercom, le manque d’effectifs est sur toutes les lèvres et nuit à l’efficacité de la couverture ambulancière à Drummondville.
«Le taux d’absentéisme est élevé. Il y a toutes sortes de raisons. Certains ambulanciers sont en congé de maternité; d’autres ont eu des problèmes de santé mentale ou des blessures. Ceux qui sont aptes au travail doivent donc faire régulièrement des heures supplémentaires et ça crée beaucoup de pression sur le terrain», met-il en contexte.
L’entreprise a révélé avoir enregistré un bris de service le samedi 12 novembre dernier, et ce, de 18 h à 16 h. Ce n’était pas le premier. Et ce ne sera pas le dernier.
«Il y avait un véhicule de moins sur le territoire durant vingt-deux heures. Au lieu de quatre ambulances à Drummondville, il y en avait trois. Habituellement, on essaie par tous les moyens de combler les quarts de travail, mais cette journée-là, nous n’avons pas réussi», a informé M. Brisebois sans toutefois être en mesure de dire si la situation a eu un impact sur la population.
«À Drummondville, il y a cependant déjà un manque d’ambulance sur le territoire par rapport à la population et au volume d’appels que l’on reçoit.»
Hôpital Sainte-Croix
Le fort achalandage de l’hôpital Sainte-Croix contribue aussi à accentuer la problématique.
«Le fait que l’hôpital soit surchargé entraîne un détournement des ambulances vers d’autres centres hospitaliers. Nous devons régulièrement nous rendre à Victoriaville, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe ou Sherbrooke avec des patients. Ça implique des transports encore plus longs et une découverture du territoire encore plus importante. Bref, la surcharge des hôpitaux, comme l’hôpital Sainte-Croix, a un impact sur le travail des ambulanciers», fait-il observer, en précisant que les cas urgents sont tout de même pris en charge localement.
«Le système de santé doit s’adapter aux besoins de la population, ajoute-t-il. Ça va prendre une volonté politique d’investir en soins d’urgence et d’écouter des problèmes du terrain, qu’ils viennent des ambulanciers ou des entreprises ambulancières.»
Convention collective
Tout en réclamant la création d’un ordre professionnel spécifique aux ambulanciers, Francis Brisebois déplore que les négociations visant à renouveler leur convention collective se déroulent à pas de tortue.
«Le normatif est réglé depuis le début de l’automne, mais toute la question salariale demeure entière. Les entreprises ambulancières et les syndicats s’entendent pour avoir une convention collective à long terme, mais ce n’est pas le cas du gouvernement actuellement», a-t-il communiqué.
Tout comme le président de la Fraternité des ambulanciers de Drummondville, Francis Brisebois a rappelé que les ambulanciers ont répondu présents aux appels du ministère de la Santé et qu’ils ont accepté de prêter main-forte dans les CHLSD.
«On souhaite que nos paramédicaux soient reconnus comme des travailleurs de la santé au même titre que les infirmières et qu’ils aient droit aux mêmes primes. Malheureusement, ce n’est pas du ressort des entreprises comme Dessercom d’octroyer ces primes-là, mais bien du ministère de la Santé. Nous avons fait beaucoup de représentation pour obtenir cette reconnaissance-là, mais en vain.»
Pour ce qui est de la pénurie de personnel, on assure que plusieurs stratégies sont mises en place, à commencer par la valorisation du métier d’ambulancier dans les écoles. «On met tout en place, mais ça prend quand même trois ans à former un paramédic…», laisse tomber Francis Brisebois en terminant.