SOUTIEN. Suivant l’initiative de Saint-Pie-de-Guire, plusieurs municipalités de la MRC de Drummond ont adopté une résolution qui fera de leur bureau municipal un lieu sécuritaire pour les victimes de violence conjugale.
Ainsi, lors des heures d’ouverture, les personnes victimes de violence conjugale pourront se rendre au bureau municipal afin d’y trouver un refuge et contacter des ressources d’aide spécialisées. Les employés municipaux suivront une formation, préparée par l’organisme La Rose des Vents, au cours du prochain mois, afin d’accompagner convenablement les victimes. L’objectif n’est pas d’en faire des intervenants, mais plutôt d’outiller ces employés à faire face à ce genre de situation.
«La formation abordera comment accueillir les victimes, quelles sont les priorités, qu’est-ce qu’il faut leur dire et quelles sont les actions à privilégier. La limite est claire avec les employés municipaux; ils ne sont pas des intervenants, ils auront plutôt un travail de référencement. Ils auront accès à un coffre à outils auquel ils pourront se référer. Il comprendra un petit bottin de ressources où diriger les personnes qui vivent des violences», a expliqué Jessica Beauregard, chargée de projet à La Rose des Vents et créatrice de la formation qui sera donnée aux municipalités.
Ce mouvement a d’abord été lancé par la Municipalité de Saint-Barnabé-Sud, en Montérégie. À Saint-Pie-de-Guire, lorsque la directrice générale, Annick Vincent, a pris connaissance de cette initiative, elle l’a proposée au conseil municipal qui a immédiatement embarqué dans le projet.
«Puisqu’on est loin de la ville, si quelqu’un a besoin d’aide, cette personne pourra venir ici pour appeler une ressource spécialisée. On encourage toutes les autres municipalité de la MRC de Drummond à faire de même», a lancé le maire de Saint-Pie-de-Guire Benoît Yergeau.
La résolution adoptée par le conseil municipal guirois incluait également d’inciter les homologues de la MRC à faire de même. «Nous recommandons l’ensemble des municipalités de la MRC de Drummond à s’engager selon leur volonté. On n’oblige personne, mais on incite tout le monde à faire la lutte contre la violence conjugale ou toutes autres formes de violences», a affirmé Annick Vincent.
Dans la plupart des municipalités, une pièce sera prévue afin de permettre aux personnes en détresse de contacter un organisme, par exemple, ou même les policiers de façon confidentielle et sécuritaire.
L’affaire de tous
Du côté de La Rose des Vents, on s’est immédiatement réjouit de l’initiative des municipalités. En faisant des bureaux municipaux des endroits sécuritaires pour les victimes, ceux-ci donnent un moyen supplémentaire à ces personnes de faire appel à l’aide.
«On dit souvent que la violence conjugale est l’affaire de tous. Pour nous, l’action des municipalités va en ce sens. Ça montre qu’ils ont conscience de la problématique et qu’ils ouvrent leurs portes aux victimes. On le voit d’une façon très bénéfique», a commenté Édith Doucet, codirectrice de l’organisme drummondvillois.
«C’est une façon d’aller chercher une clientèle qui est plus difficile à rencontrer. Ce sont des gens qui sont plus éloignés du milieu urbain. D’avoir un endroit où on peut aller minimalement se sécuriser ou faire un premier contact augmentent la possibilité d’avoir accès à des services», a ajouté Mme Beauregard.
À ce jour, les municipalités de Saint-Bonaventure, Saint-Eugène, L’Avenir et Sainte-Brigitte-des-Saults ont toutes adopté une résolution en ce sens. Plusieurs autres se sont engagées verbalement auprès de Mme Vincent à le faire prochainement. Du côté de Saint-Brigitte, bien qu’il n’ait jamais eu de demande d’aide, on a choisi d’utiliser la voie de la prévention.
«Lorsqu’on a réfléchi à cette proposition, on s’est demandé si c’était possible qu’un jour on ait une victime qui viennent nous voir. La conclusion a été que, si ça devait arriver, la Municipalité serait impliquée et, si ça n’arrive pas, l’option existera. On vient donner une option supplémentaire en fonction de ce qu’on est capable de faire», a fait savoir le maire de Sainte-Brigitte-des-Saults, Jean-Guy Hébert.
D’ailleurs, les bureaux municipaux offrent plusieurs avantages selon La Rose des Vents. «Souvent, puisque c’est directement dans la municipalité où la personne habite, elle n’a donc pas à s’éloigner pour aller dans un grand centre. Il y a aussi plusieurs bonnes raisons d’aller au bureau municipal. Lorsqu’un conjoint localise l’autre à l’aide du téléphone cellulaire, le bureau municipal permet d’avoir accès à un téléphone que l’autre ne peut pas retracer», a signalé Mme Doucet.
Bien que ceux-ci seront accessibles seulement lors des heures d’ouverture, cela ne semble pas représenter un frein pour l’organisme. Selon Mmes Doucet et Beauregard, puisque cette possibilité n’existait pas avant, il s’agit déjà d’un pas dans la bonne direction. «Les violences vont plus souvent se vivre en soirée. Ce n’est donc pas à ce moment que les victimes auront le réflexe d’aller chercher de l’aide. Cependant, si ces gens ont besoin d’appeler à ces moments, nous sommes toujours accessibles», a rappelé Jessica Beauregard.
Les municipalités de la MRC de Drummond, qui ont adopté une résolution pour faire de leur bureau municipal un endroit sécuritaire, réfléchissent à la possibilité d’installer un petit affichage dans leur vitrine. Celui-ci indiquerait qu’il s’agit d’un lieu sécuritaire reconnu.
Si vous êtes victime de violence conjugale ou connaissez quelqu’un qui l’est, il est possible de rejoindre La Rose des Vents au 819 472-5444.