ENVIRONNEMENT. Le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ) mène un projet innovant qui se démarque à l’échelle de la province. L’organisme s’est donné comme mission de préserver et de valoriser la biodiversité dans les emprises de lignes de transport d’électricité.
Lorsqu’Hydro-Québec a approché le CRECQ pour participer au projet Emprises vivantes, l’organisme a tout de suite accepté, en y voyant tout le potentiel. «On parle beaucoup des milieux forestiers et des milieux humides. C’est important de s’intéresser aussi aux milieux ouverts, comme les emprises. Ce sont des endroits qui regorgent d’une grande biodiversité. Il y a des espèces en déclin qui les utilisent», soutient Marie-Christine Poisson, coordonnatrice en conservation des milieux naturels et chargée de projets au CRECQ.
La première étape était de cibler les emprises qui avaient un intérêt écologique sur le territoire du Centre-du-Québec. Quatre d’entre elles ont retenu leur attention, situées à Drummondville, Saint-Lucien, Kingsey Falls et Saint-Rosaire. Chaque emprise a un écosystème qui lui est propre. Certaines se trouvent en milieu forestier tandis que d’autres sont plutôt composées d’herbacées.
L’été dernier, l’équipe du CRECQ est allée à la rencontre des propriétaires. «Hydro-Québec a des droits au niveau de l’entretien des emprises, mais plusieurs d’entre elles sont situées sur des terres privées. On a demandé aux propriétaires si on pouvait circuler sur leur emprise. Ensuite, on leur a remis un cahier qui décrit tout ce qu’on a vu d’intéressant. C’est une opportunité de sensibilisation», explique-t-elle.
Les découvertes qui ont été faites sur le terrain ont été parfois surprenantes. Par exemple, un squelette de tortue serpentine a été observé dans un milieu humide à Kingsey Falls, ce qui confirme la présence de l’espèce à cet endroit. «À Saint-Lucien, on a vu des busards des marais. Ces oiseaux de proie chassent en milieu ouvert comme dans les champs. Ça veut dire qu’ils utilisent l’emprise pour chasser des rongeurs. Puisqu’ils sont juvéniles, ils ont probablement niché dans l’emprise», indique-t-elle.
Restauration
La seconde phase du projet vise la restauration des emprises. Une panoplie d’options s’offre au CRECQ. «Pour l’instant, on évalue les possibilités. Entre autres, on pourrait mettre en place des zones de non-coupe dans les milieux humides. Ça permettrait à la biodiversité de reprendre sa place et créer des habitats.» La création d’aménagement est aussi envisagée, comme la plantation d’îlots de fleurs et de bosquets ou la fabrication d’oasis pour monarques.
Ultimement, le CRECQ souhaite que la population puisse profiter de ces endroits. Des passages piétonniers pourraient faire partie des plans. «On pourrait installer des panneaux d’interprétation dans le but d’expliquer le projet et de faire connaître la valeur des emprises pour certaines espèces.»
La première emprise à être restaurée sera celle qui est localisée à Drummondville. Les travaux seront réalisés au courant de l’année prochaine. «Ce projet sera un levier important pour l’atteinte de notre cible de conservation des milieux naturels. Drummondville se positionnera comme un leader en la matière puisque nous serons l’une des premières villes à faire ce genre de projet», a souligné Sarah Saint-Cyr Lanoie, conseillère du district 5 et déléguée à l’environnement, lors d’une récente séance du conseil municipal.
Les détails concernant cette initiative seront connus lors des prochains mois.
Dans tous les cas, Marie-Christine Poisson espère que le projet trouve un écho à travers la province. «On veut que ça inspire des intervenants dans d’autres régions pour qu’ils étudient les emprises, qu’ils sensibilisent les gens et qu’ils les restaurent pour les gérer différemment.»