BASEBALL. L’arbitre Jonathan Fillion et la marqueuse Chantal Tardif ont atteint des sommets dans leurs fonctions respectives. Les deux Drummondvillois demeurent néanmoins préoccupés par la pénurie d’officiels dans le milieu du baseball québécois.
Dans le cadre du récent gala annuel de la Ligue de baseball majeur du Québec (LBMQ) tenu à Saint-Jérôme, Jonathan Fillion a obtenu le prix René-Provencher à titre d’arbitre par excellence de la dernière saison. Le titre de marqueuse par excellence de la LBMQ a été décerné à Chantal Tardif. Les deux amis ont tenu à partager ces prix avec leurs collègues de travail.
«Ça nous fait toujours du bien de recevoir une bonne tape dans le dos, exprime Jonathan Fillion. Chaque trophée que j’ai gagné au fil des ans est significatif, parce qu’il y a tellement d’efforts et de sacrifices derrière ça.»
Diplômé de trois écoles d’arbitrage professionnel aux États-Unis, Jonathan Fillion a officié plus de 2000 matchs au cours des 20 dernières années. L’ex-joueur et marqueur de 38 ans arbitre aujourd’hui des matchs professionnels dans la Ligue Frontière.
«Si j’investis autant de temps et d’énergie dans ce sport, si je sacrifie mes étés là-dedans, ce n’est pas pour l’argent. C’est parce que je suis un véritable passionné de baseball. À la base, c’est ce que ça prend pour exercer ce métier», explique celui qui a récemment pris part à un camp de perfectionnement en arbitrage à l’Université du Grand Canyon, en Arizona.
Ayant commencé à marquer des matchs de baseball dès l’âge de dix ans au sein d’une ligue de garage, Chantal Tardif a repris du service il y a quelques années après une longue pause. Elle est aujourd’hui en charge des officiels au sein du comité régional de Baseball Estrie et responsable des marqueurs dans la LBMQ.
«J’ai recommencé à marquer, car c’est une passion pour moi et une belle occasion de rencontrer de nouvelles personnes. J’aime transmettre ma passion aux jeunes recrues en les accompagnant dans les matchs locaux et en prenant le temps de bien leur expliquer le travail à accomplir. J’ai plein de projets pour faire reconnaître et respecter les marqueurs», raconte-t-elle.
Une question de respect
Conscients que le baseball n’échappe pas à la pénurie d’officiels qui sévit dans plusieurs sports, les deux modèles veulent profiter de leur tribune pour mousser leurs fonctions respectives.
«Jonathan et moi, on est le parfait exemple que c’est possible d’allier plaisir et travail à travers nos responsabilités d’officiels, explique Chantal Tardif, qui œuvre lors des parties du Brock disputées au stade Jacques-Desautels. Il y a une belle complicité qui s’est établie entre nous ces dernières années. C’est un travail d’équipe, mais souvent, le marqueur est mis de côté, peut-être parce qu’il est en dehors du terrain. C’est important de travailler ensemble si on veut arriver à quelque chose.»
«Le partenariat s’établit de match en match, renchérit Jonathan Fillion. C’est une question de respect. Comme je suis un ancien marqueur, je connais bien leur réalité, même si je n’ai pas suivi l’évolution technologique. Ça peut avoir l’air banal, mais c’est important que l’annonceur-maison nomme aussi le marqueur avant le match. Il fait partie des officiels, au même titre que les arbitres sur le terrain.»
Si la relève se fait rare au Québec, c’est que les fonctions d’officiels sont de plus en plus négligées et mal-aimées, estiment Jonathan Fillion et Chantal Tardif.
«L’arrogance des parents, des coachs et des joueurs, c’est ce qui explique la pénurie, affirme Chantal Tardif. C’est une vieille mentalité qui n’a pas évolué au baseball comparativement à d’autres sports. Un adulte, que ce soit un parent ou un coach, qui s’en prend à un jeune arbitre de 14 ans, c’est de l’intimidation. Après deux ou trois matchs, le jeune va abandonner et aller travailler ailleurs. C’est vraiment un problème de respect envers les arbitres. Même les marqueurs se font engueuler après avoir accordé une erreur plutôt qu’un coup sûr!»
Selon cette dernière, l’une des solutions passe par la sensibilisation ainsi qu’une réglementation plus stricte. «Il va falloir trouver une façon de rééduquer les gens. Le baseball doit être plus sévère pour protéger ses arbitres, sinon, le sport s’en va à la dérive. Pour attirer les jeunes, il faut leur montrer qu’on est derrière eux et qu’ils vont être respectés en tant qu’officiels. Il faut aussi mieux les encadrer», conclut Chantal Tardif.