MAGAZINE. Lorsque Wilhelm Magner a un instrument de musique entre les mains, il est prêt à atteindre tous les sommets. Rien n’est à l’épreuve du musicien de 22 ans, pas même le Prix d’Europe, alors qu’il est le premier altiste à s’être hissé à la première position du concours international.
Wilhelm Magner est habité par une détermination hors du commun. Quand il a un objectif en tête, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Le Drummondvillois a décidé de s’inscrire au Prix d’Europe à titre d’altiste. Il s’agissait de sa deuxième participation.
«Ce qui rend ce concours aussi particulier, c’est que l’on compétitionne contre tous les instruments. Le Prix d’Europe existe depuis 111 ans et il n’a jamais été gagné par un alto. C’est très difficile de se démarquer avec cet instrument. L’alto n’est pas impressionnant de nature, comparé au violon ou au violoncelle. Le répertoire musical s’est développé dans les cent dernières années, alors que le violon a un répertoire de 400 ans», explique-t-il.
Le musicien a envoyé une vidéo pour montrer l’étendue de ses prouesses musicales. Il a été sélectionné pour participer à la demi-finale à la Chapelle historique du Bon-Pasteur à Montréal. Wilhelm Magner a su épater le jury, après avoir exécuté un récital d’une heure. Il s’est démarqué lors de la finale, en remportant le premier prix. Cette reconnaissance était assortie d’une bourse de 50 000 $.
Le Drummondvillois a été assailli par une tonne d’émotions. «Sur le coup, c’était un choc. J’étais vraiment content. Mon but est de donner plus d’importance à l’alto en tant qu’instrument soliste», soutient-il.
L’amour de la musique
Wilhelm Magner joue de l’alto depuis le mois de janvier 2020. Il s’agit d’un instrument à cordes, plus grand et plus épais qu’un violon. Le musicien a approfondi ses connaissances en compagnie du professeur André Roy, lors de son baccalauréat en interprétation musicale à l’Université McGill.
Alors que l’alto est l’instrument de musique de prédilection de Wilhelm Magner, le violon représente son premier amour. Il a commencé à en jouer lorsqu’il était à l’école primaire Duvernay. «Je voulais choisir la flûte. La veille de l’inscription, j’ai vu le film Un violon sur le toit et j’ai changé d’idée. J’ai décidé de faire du violon», raconte-t-il.
Le Drummondvillois a eu la piqûre de la musique dès ses premiers spectacles. «À Duvernay, on avait toujours des concerts en groupe. En sixième année, j’ai été chanceux parce que j’ai fait une pièce solo. J’ai aimé ça être sous les projecteurs.»
Lorsqu’il était jeune, il rêvait de devenir un joueur d’échecs professionnel. Ses ambitions ont changé à l’école secondaire, alors que l’adolescent désirait plutôt percer dans le domaine musical.
L’école Jean-Raimbault a fait preuve d’une grande ouverture envers Wilhelm Magner. «Je faisais beaucoup de concours de musique. Parfois, j’avais une vingtaine de prestations dans un mois, se remémore-t-il. J’avais un arrangement spécial avec l’école. Je pouvais manquer certains cours pour venir pratiquer au Cégep de Drummondville. Lors des quatre dernières années de mon secondaire, je passais plus de temps au cégep qu’à mon école secondaire.»
Le musicien a d’ailleurs poursuivi son parcours académique au Cégep de Drummondville en complétant un programme préuniversitaire en musique. «Les enseignants m’offraient du temps pour m’aider dans mes projets. J’avais un contact privilégié avec eux.»
Dépassement de soi
Les concours de musique classique ont toujours fait partie du quotidien de Wilhelm Magner. À ses yeux, c’est une façon de s’améliorer et se dépasser. «Il existe plusieurs styles de concours. Règle générale, on doit préparer un programme et le jouer devant un jury. Ils demandent souvent des styles variés. J’aime participer aux concours parce que ça me donne un objectif», mentionne-t-il.
Sur le plan personnel, ces opportunités lui ont appris à trouver des outils pour gérer son stress. En remportant des prix, il a eu l’occasion de participer à des concerts et, surtout, rencontrer des musiciens du réseau.
Wilhelm Magner a eu d’autres expériences de scène en participant à la Symphonie des jeunes en lien avec l’Orchestre symphonique de Drummondville. «C’était vraiment stimulant. J’ai été là pendant environ neuf ans. Vers la fin, il y avait la Relève. Je coachais ceux qui jouaient du violon. Ça m’a donné de l’expérience en enseignement.»
Le musicien de talent a aussi fait partie d’Opus jeune virtuose. Cette initiative permettait aux jeunes musiciens de la région de se produire dans un concert à la Maison des arts. Le jeune homme préparait ses pièces pendant l’été pour les présenter sur scène à l’automne.
Vers de nouveaux défis
Dès cet automne, Wilhelm Magner sera à la poursuite de nouveaux défis. Il a été admis dans un programme de maîtrise à l’Université de Yale aux États-Unis, grâce à une bourse de plus de 110 000 $. Le musicien sera dans la classe d’Ettore Causa.
Dans tous les cas, le musicien souhaite tracer son propre chemin. Il a pour objectif d’enseigner la musique, tout en poursuivant ses projets personnels.
«J’aimerais beaucoup enseigner l’alto ou la musique de chambre à un niveau universitaire. J’ai deux options, soit de faire un doctorat ou de gagner un prix dans un concours international qui me permettrait d’avoir une porte d’entrée pour un poste en enseignement», souligne celui qui participera en septembre au Oskar Nedbal International Viola Competition à Prague.