PATRIMOINE. Après 167 ans, les vitraux de l’église St. George subiront une cure de rajeunissement bien méritée.
La Fondation de l’église St. George a lancé, le 15 septembre, les travaux de restauration de ses vitraux ancestraux. Ainsi, grâce au savoir-faire de l’artiste verrier Sylvie Savoie, de Saint-Lucien, 8 des 12 vitraux de l’édifice seront entièrement refaits selon les techniques de l’époque.
Et pour ce faire, Mme Savoie partira au mois d’octobre en France afin de perfectionner son art auprès d’une experte en fabrication ancestrale de vitraux, soit Nathalie Falaschi, établie à Ners.
«Avec elle, je vais parfaire mes techniques pour pouvoir mieux répliquer ce qui se faisait dans le temps. Je veux utiliser les méthodes ancestrales. J’ai déjà une bonne idée de comment le faire, mais ça me permettra de me rassurer. Compte tenu de l’envergure du projet, je ne voulais pas prendre de risques», a expliqué Sylvie Savoie.
Les vitraux de l’église n’avaient pas été restaurés depuis leur installation en 1855, à l’exception des quatre mentionnés plus haut, qui ont été retapés en 1996. À l’heure actuelle, un seul a été retiré du bâtiment en guise de test. L’opération s’est révélée délicate puisque les œuvres ont perdu de leur rigidité avec le temps. Les ouvriers de l’entreprise Construction Benoit Moreau et l’artiste ont dû procéder avec précaution.
«Enlever les vitraux de leur cadre et les transporter a demandé de la rigueur. L’entrepreneur s’est assuré de sécuriser les pièces au maximum. Ils ont appliqué du ruban adhésif sur tout le verre lorsque le premier vitrail a été retiré pour le protéger. Ils ont aussi fabriqué des caisses sur mesure pour le transport», a raconté l’artiste.
Lors de la restauration, Sylvie Savoie devra d’abord prendre une empreinte des œuvres et numéroter chacune des pièces afin de reproduire le même résultat au réassemblage. Une fois cela fait, elle devra réparer ou remplacer certaines pièces selon les techniques utilisées à l’époque.
Le sertissage de plomb actuel étant pourri, les nouvelles baguettes, d’un mélange de plomb et d’étain, assureront une plus grande pérennité aux œuvres, qui seront rigides comme une feuille de verre normale une fois terminées, assure l’artiste. D’ici là, cette dernière devra faire preuve de beaucoup de doigté puisque les morceaux de verre ont une épaisseur de seulement deux millimètres.
«Il faudra un délai de trois à quatre semaines pour recevoir les baguettes à vitrail. Entretemps, je pourrai nettoyer chaque pièce dans les règles de l’art. Il y a plusieurs étapes à la restauration, mais elles ne sont pas très compliquées. Je devrai faire des tests de peinture parce qu’elle doit cuire dans un four et sa couleur y est altérée», a énuméré Sylvie Savoie.
Une fois les vitraux restaurés, un verre broché, c’est-à-dire qui est quadrillé d’une petite armature de métal, sera installé du côté extérieur. Ainsi, les grillages, qui sont actuellement en place, disparaîtront.
Urgence d’agir
La Fondation de l’église St. George a commandé à l’architecte Robert Pelletier, de la firme drummondvilloise Un à Un, un rapport sur l’état de son bâtiment. Ce document a confirmé l’état précaire des vitraux, mais qu’il fallait également solidifier des poutres au sous-sol, des travaux au cloché et de maçonnerie sont nécessaires alors que l’escalier qui donne accès au sous-sol doit être refait.
«C’était urgent qu’on s’occupe des vitraux; il y en a certains qui montrent une fragilité. Les cadres de bois montrent aussi des signes de l’usure du temps. Notre objectif est de les restaurer, mais notre plan initial, lorsque nous avons fait évaluer l’état de notre édifice, était de faire tous les travaux que l’architecte recommanderait. Lorsque nous avons reçu les soumissions, c’était évident qu’on ne pouvait pas tout faire avec notre budget», a indiqué Nicole Guilbault-Peacock, présidente de la Fondation de l’église St. George.
Une aide financière de 175 000 $ a été accordée par le Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) et la fondation espère recueillir un montant de 125 000 $ afin de compléter la facture des travaux des vitraux, estimés à 300 000 $. Les autres rénovations commanderaient un budget de 150 000 $ selon les estimations actuelles.
Afin de procéder à une deuxième phase de travaux, la fondation ne pourra soumettre une nouvelle demande de subvention que lorsque les vitraux seront entièrement restaurés. «Les travaux doivent être finis pour qu’on puisse présenter une nouvelle demande. On va essayer de nouveau en 2024», a lancé Mme Guilbault-Peacock.
Dans un monde idéal, la présidente n’aurait pas à envoyer une seconde demande au CPRQ parce que la communauté aura été suffisamment généreuse pour financer elle-même le montant de 150 000 $ nécessaire.
«On a déjà vu de vieux bâtiments être démolis et les gens se demandaient par après pourquoi ces lieux n’ont pas été sauvegardés. L’église St. George est un lieu historique et patrimonial. Il est spécifique et unique; il n’y en a pas d’autres à Drummondville. C’est avant qu’on soit obligé de démolir qu’il faut s’occuper de nos édifices patrimoniaux. Notre projet a pour objectif de garder l’église belle et la maintenir dans son splendide état original», a souligné Nicole Guilbault-Peacock.
L’église St. George est toujours l’hôte de deux cérémonies religieuses par mois, qui sont offertes par l’Église protestante anglicane et l’autre par l’Église Unie de Drummondville. De plus, des visites guidées ont lieu chaque fin de semaine en plus de célébrations ponctuelles pour des mariages, des funérailles et même des concerts.
Sylvie Savoie a l’intention de documenter le processus de restauration des vitraux. Tandis que la Fondation, qui célébrera son 30e anniversaire en 2023, veut planifier une activité pour le souligner et dévoiler le résultat des travaux.