MARIAGE. Depuis son ouverture en 2015, c’est la troisième fois que la Maison René-Verrier a l’honneur de participer et d’organiser le mariage d’un de ses patients. Chaque fois, l’émotion est à son comble.
Offrant des soins palliatifs et de fin de vie à Drummondville, cet organisme ne rechigne jamais devant une telle demande, désirant avant tout respecter les dernières volontés de sa clientèle. La dernière fois, c’était en 2021. En pleine pandémie. Un homme avait exprimé le souhait d’épouser celle qu’il aime.
«Ça demeure un événement rarissime. Peu de gens pensent de se marier à la fin de leur vie. Mais il y a différentes raisons pour lesquelles les gens vont de l’avant. Avant de mourir, certains éprouvent l’envie de dire « je t’aime » à l’élu de leur cœur devant toute leur famille. D’autres prennent cette décision pour des raisons d’ordre légal», a souligné Marie-Julie Tschiember, directrice générale des Organismes René-Verrier.
Le mariage de Sandra et Frédéric, annoncé il y a deux semaines à peine, a créé au sein de la communauté un réel élan de solidarité. Des gens de tout acabit se sont serré les coudes.
«La particularité qu’on a eue cette fois, c’est que madame n’avait pas de robe. Et c’est tellement important pour toutes les jeunes mariées! Étant donné sa taille, ce n’était pas nécessairement évident de trouver la bonne tenue. On a donc décidé de faire un appel sur Facebook. On s’est dit qu’allait certainement trouver la robe idéale pour Sandra, avec la générosité et la communauté qui nous suit», a communiqué Mme Tschiember.
La gestionnaire a vu juste, car en l’espace de quelques heures à peine, des femmes de partout ont offert avec empressement leur précieuse robe. Certaines ont aussi offert des bijoux et tous les accessoires indispensables pour le grand jour.
«On a reçu des milliers de messages et des centaines de photos de robes. On en a eu de toutes les sortes. C’était incroyable, mais il a fallu gérer tout ça. On a donc décidé de monter une présentation PowerPoint avec le résumé des robes reçues. Nous avons montré tout ça à la patiente pour qu’elle fasse un choix. Elle était assise dans son lit et on a fait défiler les photos sur mon ordinateur. Elle les a regardées une par une en identifiant ses coups de cœur. Elle en a choisi deux. Et elle a finalement arrêté son choix sur LA robe. C’était un beau moment», a poursuivi Mme Tschiember.
La somptueuse robe blanche que Sandra a portée le 15 août dernier a été prêtée gracieusement par Marie-Ève Lefebvre, une infirmière vivant à Drummondville. Cette dernière, qui s’est mariée en 2011, s’est dite honorée de contribuer au bonheur de la jeune épouse de 44 ans.
«Dès que j’ai vu la publication sur Facebook, j’ai eu le sentiment qu’elle allait l’aimer, d’autant plus que ce n’est pas facile avec les tailles Plus. Qu’elle l’ait choisie me touche énormément. Ça vient me chercher. J’espère tellement qu’elle pourra profiter de son moment», a-t-elle exprimé à l’auteure de ces lignes.
Comme elle, une myriade de personnes à Drummondville ont levé la main pour aider le couple dans la réalisation de son rêve.
«Il y a des gens qui nous ont offert d’organiser totalement le mariage. Il a fallu prendre le contrôle pour entourer tout ça parce qu’il s’agit d’un événement hautement émotif. Pour moi, c’était important que ça ne devienne pas un spectacle. Au-delà de l’aspect beau et doux de la chose, ma priorité demeure toujours la dignité de la patiente», a souligné la directrice.
Pour cette dernière, réaliser les rêves des patients en fin de vie fait aussi partie de la mission de la Maison René-Verrier qui dispose de dix chambres de soins.
«Il n’y a pas grand souhaits qu’on n’a pas su réaliser! Il y a plein d’espoir là-dedans. Ce couple-là s’est dit « oui je le veux » avant de se dire adieu. C’est assez extraordinaire», a-t-elle laissé tomber.
Mme Tschiember et son équipe se sont d’ailleurs virées sur un dix sous lundi. Le mariage, qui devait se tenir à l’église de Pentecôte de Drummondville, s’est finalement déroulé à la Maison René-Verrier, en raison de l’état de santé de Sandra Demoulin. En l’espace d’une heure, la cour de l’organisme s’est littéralement transformée en salle de réception.
Rappelons que la Maison René-Verrier accueille les patients avec un pronostic de fin de vie de deux mois et moins, peu importe le type de maladie. En moyenne, 140 personnes y terminent leur vie chaque année. «On vit une particularité cette année. Les dix chambres sont constamment occupées. Dès qu’un patient part, un autre entre quelques heures plus tard», a conclu Marie-Julie Tschiember, qui attribue cette situation notamment à la notoriété de la maison de soins.
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