NDLR : Huit élus municipaux de Drummondville ont entamé leur premier mandat en novembre dernier. L’Express va à la rencontre de ces nouveaux visages, de tous âges et de tous horizons, dans leur univers respectif.
POLITIQUE. Mario Sévigny est reconnu pour son franc-parler; il s’exprime haut et fort. Surtout, il ne craint pas de sortir des sentiers battus.
«Je me suis toujours demandé si j’étais un spectateur ou un acteur de changement de la société. Je ne suis pas un fervent de dire qu’on ne peut rien faire», indique le conseiller municipal du district 10.
Mario Sévigny a un curriculum vitae bien rempli : 36 ans de carrière comme enseignant d’éducation physique, 13 ans à titre de président de la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec, entraîneur de soccer pendant 42 ans et ambassadeur de l’Université de Sherbrooke, pour ne nommer que ceux-là.
«J’ai toujours été un personnage assez engagé. Au cégep, j’étais président du conseil étudiant, j’ai participé à des grèves, j’ai rencontré Bourassa. J’étais aussi impliqué dans le conseil étudiant à l’université. Chaque fois, je m’impliquais pour les bonnes raisons», dit celui qui se qualifie d’humaniste.
«J’aime les débats. D’ailleurs, je trouve que c’est ce qu’il manque le plus à la vie municipale, la capacité de débattre sans passer pour quelqu’un qui est contestataire ou qui est nécessairement dans l’opposition. En ce moment, au conseil municipal, je pose beaucoup de questions et je sens que je fais réfléchir», poursuit-il.
Durant sa carrière, Mario Sévigny a fait de la santé et des saines habitudes de vie chez les jeunes son cheval de bataille. «Je pense que l’éducation est vraiment la piste de solution pour améliorer la société. Évidemment, ce n’est pas juste à l’école, mais aussi dans le milieu familial et le milieu social, est d’avis celui qui a enseigné dans une vingtaine d’écoles primaires et secondaires sur le territoire de la MRC de Drummond. L’enseignement, ç’a été ma vie. J’ai tripé comme un malade. Des directeurs, des professeurs, des visions, j’en ai connus. J’ai aussi rencontré plusieurs milliers d’enfants que j’ai la plupart du temps tous adorés.»
Mario Sévigny l’admet, il ne s’est pas fait que des amis au cours de sa carrière. Il était prêt à remuer ciel et terre pour atteindre ses objectifs. «J’ai passé plus de 20 ans à La Poudrière. J’y étais en mission. Quand je suis arrivé, il y avait trois professeurs d’éducation physique, aucun terrain synthétique, aucune salle de danse, aucune salle de musculation. Quand je suis parti, il y avait sept professeurs d’éducation physique, un terrain synthétique, une salle de danse, une salle de musculation, une salle de judo. Ce n’est pas seulement moi qui a amené ça, mais j’y ai apporté beaucoup de couleur», affirme-t-il.
Il reconnaît que sa façon d’enseigner était pour le moins conventionnelle. «J’étais provocateur dans mon enseignement. Quand je suis arrivé à La Poudrière, les élèves n’allaient pas faire de sport à l’extérieur quand il pleuvait. Ils n’avaient pas compris que la peau était imperméable. La première fois que je partais avec un groupe d’option, je les amenais courir dans le ruisseau derrière l’école. Le premier cours que j’ai donné, 26 parents ont appelé à l’école. Aujourd’hui, tous les professeurs vont dehors quand il pleut», mentionne-t-il.
Sa motivation était avant tout que les élèves dépassent leur propre limite. «Je partais du concept qu’un être humain doit être déstabilisé positivement pour être capable de relever des défis supplémentaires et de se prendre en main. J’étais probablement le professeur d’éducation physique le plus exigeant au Québec, avoue-t-il. À l’époque, des élèves me détestaient comme professeur. Aujourd’hui, quand je les revois, ils me disent qu’ils reconnaissent que cette façon de faire les a amenés à se dépasser dans la vie. J’ai influencé un paquet de jeunes. J’ai quitté La Poudrière avec le sentiment du devoir accompli.»
Déterminé
Sportif dans l’âme, la culture est arrivée plus tard dans sa vie, soit vers la vingtaine. «Pour moi, ça se résumait à ma mère qui m’avait fait écouter Ginette Reno deux fois et Nana Mouskouri trois fois», lance Mario Sévigny.
Ce dernier s’est ouvert à d’autres cultures quelque part dans les années 1980, alors qu’il était entraîneur de soccer et que le Festival mondial de folklore battait son plein. «À ce moment-là, les coachs avaient un bureau au centre Marcel-Dionne. J’ai entendu de la musique bizarre, alors je suis allé voir dans l’aréna. C’étaient les danseurs qui pratiquaient, se souvient-il. Avec un autre coach, on est allé au parc Woodyatt voir ce qu’il se passait. Une Polonaise est venue me chercher pour danser.»
Mario Sévigny a tenté de la revoir le jour suivant, ce qui s’est avéré impossible. «Il fallait avoir des passes pour entrer à l’école Marie-Rivier, où étaient les danseurs. On m’a refusé l’accès. J’ai quitté, puis je suis revenu déguisé en fleuriste. J’ai dit que je devais livrer des fleurs aux danseurs polonais. Ils m’ont laissé entrer et je l’ai revue, raconte-t-il. Ça m’a ouvert à la culture.»
L’année suivante, Mario Sévigny a décidé de s’impliquer. «J’ai embarqué comme danseur dans l’ensemble folklorique Mackinaw. J’ai aussi parti un groupe folklorique pour les enfants à l’école Saint-Étienne», fait savoir celui qui a été membre du conseil d’administration du Festival mondial de folklore pendant quelques années.
En 2014, Mario Sévigny a écrit un roman intitulé La petite Princesse, un clin d’œil au livre Le Petit Prince. Il l’a dédié à son amie Chantal, qui a succombé à un cancer, «pour avoir touché [son] cœur de toutes les façons qu’il puisse être». «C’est une promesse que j’ai faite à cette femme qui est morte dans mes bras à 34 ans. Elle était une fan du Petit Prince, tout comme moi d’ailleurs», commente-t-il.
Avec ce livre, Mario Sévigny a aussi voulu redonner au suivant. «J’ai pris 40 % des profits pour les remettre à des étudiants pauvres. Selon moi, pour partager la richesse, il faut d’abord la créer», soutient-il.
Que ce soit comme auteur, comme professeur ou même comme citoyen, M. Sévigny désire contribuer à la société, à sa façon. À titre de conseiller municipal du district 10, il n’a pas l’intention non plus de rester les bras croisés. «Me lancer en politique municipale s’inscrit dans cette idée que je peux amener du positif. Si après quatre ans je n’ai rien apporté, c’est sûr que je ne resterai pas», conclut-il.
Trois priorités pour son district
- Améliorer l’offre de transport en commun.
- Doter le district d’une piscine intérieure.
- Aider le centre communautaire de loisirs Claude-Nault à trouver des sommes supplémentaires pour la construction de son nouveau pavillon au parc Boisbriand.