ENVIRONNEMENT. Les citoyens ont peut-être remarqué à certains endroits à Drummondville des espaces bien ciblés où sont testées diverses alternatives, plus écologiques, à la traditionnelle pelouse verte. Il s’agit d’un projet pilote de la Ville qui amènera la population à revoir sa conception du terrain parfait.
Neuf sites ont été désignés comme «espaces de sensibilisation». La Ville y a planté une variété de pelouses non traditionnelles demandant peu d’entretien. On y retrouve entre autres de l’asclépiade appréciée des monarques, du thym serpolet, de la petite pervenche bleue, du millepertuis, du sédum âcre, de l’aspérule odorante, du trèfle, de la menthe et de la ciboulette à l’ail.
Au coin des rues Saint-Jean et Notre-Dame, du trèfle a été semé en mai. Depuis, cette espèce, qui nécessite moins d’engrais et décourage les insectes nuisibles comme les vers blancs, s’est bien adaptée. «On a excavé parce qu’on voulait tester le trèfle, mais par la suite, ça n’a demandé aucun entretien. Le trèfle a poussé, il est beau, il est dense», observe Marie-Ève Vadnais, coordonnatrice du Service de l’environnement à la Ville de Drummondville.
En collaboration avec le Service des travaux publics, des tests sont également réalisés sur un terre-plein central. Un mélange de semences, incluant des graminées qui sont résistantes au sel de déglaçage, y a été implanté.
En plus de ces neuf «espaces de sensibilisation», quatre sites servent de lieu d’arrêt de tonte volontaire. Ces zones se retrouvent entre autres au parc Saint-Aimé ainsi qu’au coin des boulevards Saint-Joseph et Jean-de-Brébeuf.
«Certaines espèces étaient déjà présentes. On a voulu voir ce qui pousserait naturellement si on ne tondait pas. Au début de la saison, il y avait environ quatre espèces différentes. On est maintenant rendu à une vingtaine à certains endroits», informe la coordonnatrice du Service de l’environnement.
Lotier corniculé, cérastium tomentosum, épervière oranger, chicorée sauvage et achillée millefeuille sont quelques-unes des espèces présentes sur ces sites. «On veut laisser la biodiversité prendre le dessus. On veut laisser plus d’espaces aux espèces qui s’implantent d’elles-mêmes. Jusqu’à maintenant, on remarque que les mauvaises herbes ne prennent pas le dessus», soutient Marie-Ève Vadnais.
D’autres tests sont effectués aux ateliers municipaux. «On a recréé différentes conditions physiques, comme des sols plus caillouteux, des espaces à l’ombre et au soleil. On a testé différentes sortes de plantes. Avec ces tests, on veut être en mesure de donner aux citoyens exactement ce dont ils ont besoin pour leur terrain. Par exemple, si celui-ci est en plein soleil, on pourra recommander l’espèce à semer. Même chose s’il n’est pas beaucoup entretenu, par exemple», mentionne-t-elle.
Changement de mentalité
Certaines villes, comme Sherbrooke et Montréal, ont mis en place de telles initiatives. La Ville de Drummondville a décidé d’emboîter le pas. «Les gens sont habitués à un gazon traditionnel. Il faut avoir plus de tolérances. On veut qu’ils comprennent qu’il existe d’autres alternatives. Il faut faire de la sensibilisation», fait valoir Marie-Ève Vadnais.
«Le but, ce n’est pas d’avoir des terrains municipaux abandonnés, non entretenus avec de longues herbes dérangeantes pour les gens ou avec des espèces envahissantes. L’objectif est d’avoir un couvert végétal qui est non seulement esthétique, mais aussi écologique. On veut donner l’exemple aux citoyens», renchérit Anne-Élisabeth Benjamin, conseillère en relations publiques au Service des communications à la Ville de Drummondville.
Pour l’appareil municipal, les bienfaits de cette initiative sont nombreux : améliorer la biodiversité en milieu urbain, favoriser la présence d’insectes pollinisateurs, économiser l’eau potable et résister aux sécheresses. «Ça réduit aussi les gaz à effet de serre puisqu’on diminue les tontes de gazon. Ça réduit les coûts, etc. C’est un projet gagnant-gagnant», souligne Mme Vadnais.
Bien qu’il s’agisse d’un projet pilote, celui-ci pourrait fortement être reconduit. «Cette année, on a mis en place de petites sections. C’est à petite échelle. L’an prochain, on aimerait augmenter la superficie de l’espace qu’on va transformer en espace vert demandant peu d’entretien. On cible environ 20 % des espaces municipaux à moyen terme, selon les résultats que nous obtiendrons», affirme-t-elle.
Ce programme de substitution au couvert végétal fait suite au bannissement des pesticides à Drummondville. Rappelons que leur utilisation en milieu urbain est interdite depuis janvier dernier.