ÉCONOMIE. La pénurie de main-d’œuvre touche de plein fouet les restaurateurs du centre-ville de Drummondville. Face au manque d’employés, les propriétaires doivent redoubler d’efforts pour répondre à la forte demande de la clientèle. Pour éviter l’épuisement, certains ont fait le choix de réduire leurs heures d’ouverture ou de fermer leurs portes temporairement durant les vacances de la construction.
Le copropriétaire du restaurant Les Garnements, Hugo Leclerc, a accepté de rencontrer L’Express, jeudi après-midi, juste après le service du dîner. «On peut s’asseoir sur la terrasse pour faire l’entrevue. Je profite rarement de cet espace. Je suis souvent en cuisine», indique-t-il, en riant.
En étant à la tête des Garnements, les journées d’Hugo Leclerc sont chargées. Le restaurant est pratiquement une deuxième maison pour lui. Le Drummondvillois met tout son cœur dans son emploi, comme c’est le cas de sa partenaire Jennifer Goudreault.
Le duo travaille en complémentarité, alors que l’un est derrière les fourneaux; l’autre est derrière le bar. Ils sont entourés d’une quinzaine de personnes. «On est une petite équipe. Nos employés travaillent cinq jours par semaine, le midi et le soir. S’il y en a un qui ne peut pas entrer, ça va paraître, mais on se débrouille toujours», soutient Hugo Leclerc.
Les Garnements ont fait le choix de fermer leurs portes pendant une semaine, du 31 juillet au 8 août. Hugo Leclerc est dans le milieu de la restauration depuis 16 ans et c’est la première fois qu’il se permet de prendre des vacances pendant la période estivale.
«C’est rare un restaurant qui ferme pendant l’été, remarque-t-il. J’ai fait cette proposition à Jennifer sur un coup de tête. On y a réfléchi pendant un mois et on a décidé d’aller de l’avant. Depuis l’ouverture des Garnements, il y a deux ans et demi, on n’a pas arrêté beaucoup. On est fatigué. Nos employés travaillent fort. On s’est dit qu’on pourrait leur faire ce cadeau.»
La clientèle est plus que jamais au rendez-vous. Jeudi passé, un total de 230 clients ont été servis en cinq heures, souligne Hugo Leclerc. «Si on s’était arrêté aux chiffres, on aurait continué. On a pris cette décision pour nous. On a besoin de recharger nos batteries», ajoute-t-il.
Il n’est pas rare pour les propriétaires de faire des journées de travail de 16 heures et parfois même de 18 heures. «Nous ne sommes pas une chaîne qui reçoit sa cargaison et que tout est déjà prêt. Ici, on fait tout maison. Jennifer fait ses cocktails et elle monte ses cartes de vin. Ça prend du temps. On va faire cinq heures de service par jour, mais il y a une dizaine d’heures de préparation. Il y a beaucoup de travail derrière les assiettes.»
Main-d’œuvre qualifiée
Le Looba est sans cuisinier. Depuis que la personne en poste a quitté, ce sont les propriétaires Sylvie Nadeau et Stéphane Giguère qui s’occupent de la confection des plats. Malgré leurs efforts de recrutement, ils n’ont pas été capables de trouver un remplaçant. «Il manque de la main-d’œuvre qualifiée. C’est de plus en plus rare de trouver du monde qui veut travailler et qui veut apprendre», mentionne Stéphane Giguère.
Les responsabilités s’accumulent du côté des restaurateurs. «On se charge du ménage, des papiers des commandes et de la cuisine, énumère Sylvie Nadeau. On est au restaurant le matin et on aide le personnel le soir en service de bar.»
Le restaurant a changé ses heures d’ouverture, en ouvrant du jeudi au dimanche. «On voulait se concentrer sur nos journées fortes. Le but est de donner un bon service. Si on réduit nos heures d’ouverture, on va avoir plus de personnel. C’est difficile de trouver des personnes qui veulent travailler le mercredi. Ils trouvent ça moins payant», souligne Stéphane Giguère.
En fermant le mercredi, les propriétaires pourront effectuer les tâches qu’ils avaient mises de côté, comme la création d’un nouveau menu, la mise en valeur de la carte de gins et la planification de la programmation de spectacles en automne.
En mode solutions
Julie Arel, copropriétaire de La Muse, a remarqué pour sa part qu’il a une baisse d’attractivité dans le milieu de la restauration. De son côté, elle a usé de plusieurs stratégies pour recruter le personnel qui lui manquait au début de l’été. «J’ai travaillé vraiment fort au printemps. J’ai fait de grosses pancartes. On se promenait partout sur les boulevards avec ça et on donnait 1000 $ à l’embauche. Il me manquait deux cuisiniers. Je pensais vraiment fermer la moitié de mon restaurant pour l’été. Finalement, j’ai réussi à trouver», souligne celle qui a une trentaine d’employés.
Le restaurant La Muse est ouvert sept jours sur sept. Pour y arriver, Julie Arel a dû faire quelques sacrifices en arrêtant le service de traiteur et en réduisant l’offre de repas sur le menu afin d’alléger la charge de travail des cuisiniers.
Cette dernière mentionne que la pénurie de main-d’œuvre touche tous les restaurateurs du centre-ville et elle entraîne des conséquences. Par exemple, le Nambu et À la bonne vôtre ont fermé leurs portes pendant les vacances de la construction. Le Bistro de la gare a aussi fait le choix de ne plus offrir les midis express. Le service sera de retour dans la semaine du 9 août.
Par ailleurs, Julie Arel ajoute qu’elle souhaite que les restaurateurs soient appuyés pour traverser la crise. «Il faut se mettre en mode solutions. Le centre-ville, c’est le cœur d’une ville. J’aimerais que la Ville nous aide là-dedans et que la Société de développement économique de Drummondville (SDED) nous prenne en charge. Il faudrait organiser un salon de l’emploi au centre-ville», conclut-elle.