JUSTICE. Jules Roy, qui a agi comme pasteur pendant une dizaine d’années, a pris la direction de la prison mercredi pour avoir touché à 11 reprises les parties intimes de deux fillettes âgées de six et huit ans, de 2016 à 2019.
Par visioconférence, le juge Paul Dunnigan a imposé mercredi 42 mois de prison à l’accusé. Après le prononcé de la sentence, les agents correctionnels du palais de justice de Drummondville ont escorté Jules Roy vers son futur lieu de détention.
Le père des victimes, dont il faut taire l’identité, a assisté à l’audience. Il tenait à informer ses filles du dénouement de ces longues procédures juridiques, sachant qu’elles souhaitaient que leur agresseur «se fasse passer les menottes» et «qu’il y ait une fin à ça!».
D’ailleurs, le juge a détaillé le «très triste récit» rapporté par la mère des victimes, qui ont subi de nombreuses et graves séquelles. Par exemple, celle qui s’est fait toucher le vagin une dizaine de fois par l’accusé pendant qu’elle dormait a du mal à avoir un sommeil réparateur, ce dernier étant parsemé de crises nocturnes.
Même si l’ancien pasteur a plaidé coupable aux accusations, il persistait à dire que les gestes posés étaient accidentels et qu’ils avaient été commis dans le cadre de jeux. Par exemple, sa main aurait glissé vers la vulve d’une des victimes alors qu’il massait sa cuisse.
Dans le rapport présentenciel, l’accusé affirmait faire l’objet d’un coup monté motivé par une volonté de vengeance. Selon lui, les fillettes faisaient exprès pour le provoquer, en se pavanant nu ou en en omettant de porter des «petites culottes». Le juge Dunnigan a clairement dénoncé le discours de victimisation de l’accusé.
Population protégée
Deux autres victimes, qui avaient déjà fait écoper à l’individu une peine de détention de 12 mois dans la collectivité pour des crimes similaires dans le passé, étaient satisfaites de la sentence. «La population va être protégée. C’était notre but! On peut tourner la page», a commenté l’une d’entre elles, mercredi.
Pour ces femmes, ce jour marquait enfin la fin d’un long combat qui a duré une vingtaine d’années.
Dans le dossier qui s’est clos mercredi, la peine de 42 mois de prison avoisine les quatre ans de détention que réclamait le procureur à la Couronne, Me Jean-Philippe Garneau.
L’agresseur pardonne
L’homme de 73 ans, qui nie ses gestes déviants, ne croit pas avoir besoin de thérapie, préférant se tourner vers la prière et la médication. «Il dit être prêt à leur pardonner», a rapporté le juge, qui démontraient le non-sens des propos du Drummondvillois.
Le Tribunal n’a relevé que des facteurs aggravants dans le dossier de l’accusé. Entre autres, le fait que l’agresseur avait une position d’autorité envers les victimes, qui étaient vulnérables en raison de leur très jeune âge, encourageait l’imposition d’une peine dissuasive.
Le juge Dunnigan a finalement prononcé une longue liste de conditions que Jules Roy doit respecter, en plus de séjourner derrière les barreaux. «Le message doit être clair», a-t-il déclaré.