SÉCURITÉ. Drummondville souhaite former une alliance avec L’Avenir pour le service de sécurité incendie. Un dossier suscitant grogne et préoccupations chez les citoyens.
La Ville de Drummondville a récemment ouvert les discussions avec L’Avenir, mais également avec Saint-Majorique-de-Grantham et Wickham, parce qu’elle croit que ce partenariat peut s’avérer «avantageux» pour ces municipalités, mais aussi parce que le service actuellement en place a la capacité de les couvrir, et ce, dans le respect des normes du ministère de la Sécurité publique (MSP).
«Ce n’est pas une obligation pour qui que ce soit d’adhérer au projet proposé par Drummondville. Le gouvernement du Québec, depuis quelques années, encourage lui-même les plus petites municipalités et les villes centres à créer ce type d’alliance pour des raisons évidentes d’économie d’échelle. Quand on met dans la balance les normes qui découlent du Code national du bâtiment, le chapitre «bâtiment» du Code de sécurité, le Code national de prévention des incendies, les obligations imposées par le MSP en matière de formation et les défis de recrutement de cette main-d’œuvre spécialisée, ça devient lourd à supporter. Si ce l’est pour les villes centres, on peut s’imaginer ce que ça représente pour les plus petites municipalités», fait valoir Francis Villeneuve, directeur général adjoint de la Ville de Drummondville.
L’entente prévoit l’embauche des pompiers déjà en place, dans le respect des critères existants, incluant la formation minimale exigée par la Loi sur la sécurité incendie.
«Nous souhaitons laisser aux municipalités approchées le temps nécessaire de bien évaluer les impacts du projet. Ce sont des questions importantes à se poser et Drummondville veut être présente à titre de partenaire et de collaborateur auprès d’elles. C’est précisément le mandat que nous avons confié à notre direction du Service de la prévention des incendies», indique M. Villeneuve
Le maire de L’Avenir, François Fréchette, qualifie l’offre d’«intéressante», surtout pour l’aspect sécurité.
«Les normes gouvernementales sont de plus en plus élevées et nous peinons à y répondre de plus en plus. Des lacunes perdurent depuis des années et on doit y remédier. Par exemple, seulement sept pompiers par mois (ils sont près de 20) assistent aux formations. Je ne suis pas là pour juger, car ils ont tous des engagements personnels, étant tous des pompiers volontaires et ayant leur famille, mais il n’en demeure pas moins que lorsque les formations ne sont pas à jour, les risques de blessures, d’erreurs augmentent. De plus, le schéma de couverture de risques n’est pas maîtrisé à 100 %. Ça devient un enjeu. Le schéma de couverture de risque, c’est la bible du pompier, on devrait le savoir par cœur», laisse-t-il entendre, tout en soutenant que les pompiers L’Avenirois actuels sont compétents et qu’il est clair qu’ils doivent être considérés dans l’entente.
Comme plusieurs de ses concitoyens, Denis Larue n’est pas convaincu des avantages que pourrait comporter l’entente entre Drummondville et L’Avenir.
«Je suis content qu’on offre la possibilité aux pompiers d’être transférés, mais par expérience, très peu restent, pour une question d’horaire et aussi d’échelle salariale, notamment. De plus, rien ne porte à croire que ma sécurité est assurée à 100 %. En fait, la caserne de Saint-Nicéphore a la responsabilité des sauvetages nautiques. Lorsqu’il y a un appel pour ça, c’est la caserne un qui prend le relai, soit celle sur la rue Cockburn. J’imagine un incendie qui éclate en même temps à L’Avenir, ça fait loin pour se rendre», s’inquiète-t-il, en estimant que les comptes de taxes vont augmenter.
Lors d’une séance extraordinaire tenue le 13 juillet ayant pour objet l’alliance, des citoyens ont questionné le conseil municipal sur la pertinence du partenariat alors que la Municipalité possède déjà ses pompiers, la caserne et les équipements requis. Certains ont également accusé le maire de manque de transparence dans ce dossier.
«Je comprends que ça soulève la grogne, des questionnements et préoccupations, mais je réitère qu’il s’agit d’une question de sécurité dont j’en ai la responsabilité. Et oui, il y a un sentiment que je cache des choses, mais je n’étais pas tenu d’exposer l’entente aux gens avant ça», se défend François Fréchette.
Devant la situation, le maire et les conseillers ont avisé les gens présents que la firme Raymond Chabot Grant Thornton a été désignée pour étudier deux scénarios.
«Puisque c’est une firme externe, on aura une analyse objective. Les citoyens ne sont pas plus satisfaits, par contre», souligne le maire.
Le mandat donné servira d’abord à établir un portrait actuel du service de sécurité incendie de L’Avenir et des investissements des prochaines années pour respecter les objectifs du schéma de couverture de risques, et ce, sur un horizon de dix ans. Le deuxième scénario, proposé par le citoyen Sébastien Jacques, est de restructurer le service incendie et d’étudier la possibilité d’affiliation avec Wickham et Durham-Sud.
Coût de l’étude : 14 500 $. Un autre élément qui en a fait sursauter plus d’un,
«Je trouve que ce n’est pas cher payé pour une planification sur dix ans, se dit d’avis M. Fréchette. Dans quelques semaines, nous recevrons les recommandations. Le rapport sera également présenté publiquement.»
Des citoyens, dont Denis Larue, ont réclamé un référendum, ce qui a été rejeté par le conseil municipal.
«Je souhaite un registre en place, tel que le prévoit la Loi sur les élections, afin que revienne aux citoyens le choix du scénario», indique-t-il.
«La raison pour laquelle j’ai refusé est fort simple : la responsabilité de la décision revient aux conseillers. Par contre, je trouve que nous avons fait un compromis en ayant mandaté la firme pour l’analyse», croit le maire Fréchette.
Si le premier scénario est retenu, l’alliance entrera en vigueur le 1er janvier 2023.
Soulignons en terminant que parallèlement à ce partenariat, la Ville de Drummondville planche actuellement sur le projet de construction d’une nouvelle caserne dans le secteur Saint-Nicéphore.