CYCLISME. Hugo Houle a touché son rêve du bout des doigts vendredi. Ils étaient trois à se disputer la victoire lors de la 13e étape du Tour de France et le cycliste de Sainte-Perpétue a fini troisième, à la fois épuisé, satisfait, mais surtout très fier d’avoir offert une telle performance.
Houle détenait déjà le meilleur résultat québécois de l’histoire sur la Grande Boucle, lui qui s’était classé 7e de la 12e étape en 2020.
Le Danois Mads Pedersen (Trek-Segafredo) est celui qui a levé les bras au final devant les nombreux partisans, suivi de près par le Britannique Fred Wright (Bahrain-Victorious) et Hugo Houle.
«On ne sait jamais comment l’étape va se dérouler. De réussir à prendre l’échappée, faire le boulot et arriver à trois avec des coureurs aussi costauds, c’est tout un accomplissement», a souligné l’athlète de la formation Israel – Premier Tech à Sportcom, qui en est à sa quatrième participation au Tour de France.
«Il y avait des moments où ça faisait plus mal que d’autres ! En général, je prenais quand même du plaisir et j’avais de bonnes sensations aujourd’hui. On avait un groupe très costaud.»
Après deux journées éprouvantes à surmonter les Alpes, l’histoire s’annonçait différente sur les 192,6 kilomètres séparant Bourg d’Oisans et Saint-Étienne. La veille, le coureur québécois avait d’ailleurs confié à Sportcom vouloir tenter sa chance dans les échappées d’ici la fin de la semaine.
Il fallait néanmoins s’élancer au bon moment en début de parcours, alors que différentes contre-attaques ont vite été reprises en quittant Bourg d’Oisans, malgré l’ascension de la Côte de Brié, première difficulté du jour.
Coriace, Houle s’est accroché et a chassé le trio de tête avec trois autres cyclistes. Ils ont réussi à le rattraper pour former l’échappée du jour. C’était le début d’un long périple de plus de 140 kilomètres qui allait marquer l’histoire du cyclisme québécois.
«C’était mon objectif en arrivant sur le Tour d’essayer de gagner une étape cette année. Je suis très heureux et fier d’avoir réussi à compétitionner avec ces gars-là.»
Ils étaient sept aux avant-postes à collaborer et à se relayer pour maintenir la cadence. L’Américain Quinn Simmons (Trek-Segafredo) a été le premier à quitter le groupe. Houle et ses compagnons ont continué à s’entraider pour protéger l’écart, qui s’élevait à plus de 2 minutes 30 secondes sur leurs poursuivants.
Le dernier effort
À 13 kilomètres de l’arrivée prévue à Saint-Étienne, Mads Pedersen a tenté une attaque dans un faux plat à laquelle Hugo Houle et le Britannique Fred Wright ont été les seuls à répondre. Ensemble, ils ont roulé à un rythme effréné pour distancer le reste de l’échappée, qui a été incapable de riposter. Aucun doute, la victoire allait se jouer entre les trois fuyards et Hugo Houle était dans le coup.
«Après l’attaque (de Pedersen), je savais que j’étais dans le match, mais je ne savais pas si ça allait revenir ou pas, alors je suis resté très concentré. J’ai senti qu’on avait une belle opportunité quand on avait 25 secondes d’avance (sur l’échappée). J’ai essayé de garder l’allure élevée pour qu’on puisse rester devant», a-t-il raconté.
N’étant pas le favori dans un scénario comportant un affrontement au sprint, Houle a tenté sa chance à 8 kilomètres, mais Pedersen et Wright ont bien réagi.
«Il aurait fallu que j’arrive seul au final pour gagner. Au sprint contre Pedersen, c’était dur de rivaliser. Dans la montée, j’ai essayé à quelques reprises, mais il a été très solide.»
Houle était devant lorsque Pedersen a décidé d’attaquer à un peu plus de 300 mètres de la terre promise. Houle et Wright ont réagi aussitôt. Le Britannique a dépassé le Québécois, mais n’a pu rattraper le champion du monde de 2019, qui l’emporte pour la première fois de sa carrière au Tour de France.
Pour Hugo Houle, il n’y avait que du positif qui résumait son numéro.
«Je n’ai aucun regret, j’ai géré au mieux que je pouvais, Mads était juste beaucoup plus solide que moi. J’étais toujours bien placé et j’ai bien géré, mais il n’y avait rien à faire. J’ai donné le meilleur de moi-même et j’ai fait une belle performance. Je suis très content !»
Un membre d’Israel – Premier Tech se retrouve ainsi en troisième place pour une deuxième journée de suite après le Britannique Chris Froome à l’Alpe d’Huez. L’équipe tentera de poursuivre sur cette lancée d’ici le grand rendez-vous sur les Champs-Élysées.
Duchesne et Boivin lèvent leur chapeau
Le coéquipier suisse d’Antoine Duchesne chez Groupama-FDJ et membre de l’échappée du jour, Stefan Küng, a terminé quatrième (+30 secondes) de cette 13e étape. Le succès de son grand ami Hugo Houle a toutefois retenu l’attention de Duchesne vendredi.
«C’est rare d’avoir une opportunité comme celle-là au cours d’une carrière. Qu’il réussisse à aller chercher la troisième place derrière Mads Pedersen, qui a déjà été champion du monde et qui gagne des sprints massifs, c’est vraiment beau», a souligné le cycliste de Saguenay, qui s’est classé 63e (+6 minutes 3 secondes).
«Il fait une saison extraordinaire, mais d’être devant au Tour de France pour la victoire, c’est vraiment quelque chose de magnifique, a renchéri Guillaume Boivin (Israel-Premier Tech). Ça me rend fier ! J’étais avec Antoine (Duchesne) avec 5 kilomètres à faire, on savait qu’Hugo jouait pour gagner et j’avais la chair de poule ! Je suis vraiment content pour mon chum. C’est pleinement mérité.»
Boivin a établi une marque personnelle sur le Tour en prenant le 17e rang (+5 minutes 45 secondes), en plus d’avoir épaulé Hugo Houle avant qu’il prenne la fuite.
«Guillaume a joué un rôle important aujourd’hui pour que je sois dans l’échappée. C’était très rapide au début et il a géré tous les coups. J’ai pu sortir dans la montée et il a bien contribué à mon échappée pour me permettre de faire le podium», a précisé Houle.
Pas de changement majeur parmi les meneurs au classement général. Le Danois Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) conserve le maillot jaune grâce à sa 19e place au sein du peloton.
La 14e étape sera présentée samedi sur 192,5 kilomètres, entre Saint-Étienne et Mende. Guillaume Boivin estime qu’il faudra garder un œil sur Hugo Houle au cours des prochains jours et le principal concerné est du même avis, même s’il prévoit être plus tranquille sur son vélo samedi.
«La forme est bonne et dans ce temps-là, il faut en profiter !» a-t-il conclu.
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— Tour de France™ (@LeTour) July 15, 2022