NDLR: Huit élus municipaux de Drummondville ont entamé leur premier mandat en novembre dernier. L’Express va à la rencontre de ces nouveaux visages, de tous âges et de tous horizons, dans leur univers respectif.
POLITIQUE. «C’est ma famille. Ils sont toute ma vie.»
Carole Léger a le regard pétillant lorsqu’elle parle de sa «famille». Depuis 30 ans, elle dirige une ressource de type familial pour les personnes en perte d’autonomie.
Neuf personnes sont accueillies sous son toit. Et dans la résidence de la rue Cherrier, à Drummondville, il y a de la vie. Bien que chacun ait sa propre chambre, l’aire commune rassemble les pensionnaires. Au grand bonheur de Carole Léger.
«Ils peuvent vivre ce qu’on appelle une vie de famille. Ils participent aux tâches. Le matin, on se lève, et on peut décider le jour même ce qu’on va manger pour dîner et souper. Quand je vais en voyage, je leur rapporte des cadeaux. Quand je fête Noël, c’est avec eux et mes proches», sourit-elle.
«Quand j’étais petite, je voulais une grande maison. Aujourd’hui, j’en ai une. Je n’ai pas pu avoir d’enfants. Ma famille, c’est eux», confie la femme de 65 ans.
Qu’est-ce qui l’a amenée à devenir famille accueil? «Un pur hasard», répond-elle.
«Ma mère est allée aider sa sœur, qui avait une maison sur le boulevard Gall. Elle accueillait neuf résidents, mais elle a dû être hospitalisée. Ma mère m’a dit que ma tante ne pourrait pas continuer. Dans ce temps-là, j’étais mariée et mon mari m’a demandé pourquoi on ne l’achetait pas. C’est ce qu’on a fait. J’étais dans la trentaine. Mon mari avait le restaurant Le Canadien, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Il m’a dit qu’il m’aiderait avec les repas», raconte-t-elle.
Après quelques années sur la rue Galt, Carole Léger a déménagé la ressource de type familial, affiliée au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, dans la résidence de la rue Cherrier. «En additionnant, ça fait 30 ans que je fais ça», fait-elle valoir.
Chez elle, elle accueille une clientèle en perte d’autonomie. «Normalement, on pense à des personnes âgées, mais la maison n’a pas d’escalier. Donc, la plupart du temps, ce sont des personnes en fauteuil roulant ou en mobilité réduite qui viennent vivre ici», précise-t-elle.
Du personnel effectue les soins. Carole Léger met en place les plans d’intervention, prépare les menus, fait l’épicerie, entre autres. Surtout, elle s’assure que chacun trouve sa place dans sa demeure.
«Quand tu habites en famille d’accueil, tu te sens diminué parce que ça veut dire que quelque chose ne fonctionne pas. Les gens arrivent ici avec un bagage. Moi, je vois leur talent et je le mets en lumière. Ils vivent de leur force, et non pas de leur faiblesse. Je ne juge pas. Ici, ils peuvent être eux-mêmes», souligne-t-elle.
Passionnée de politique
Carole Léger fait partie des nouveaux visages au conseil municipal de Drummondville. Elle a décidé de faire le saut, après mure réflexion. «J’y avais pensé il y a peut-être 10 ans», mentionne la conseillère municipale du district 4, élue le 7 novembre dernier.
Diplômée de l’Université McGill en Économie, elle s’est toujours intéressée à la politique. «J’aimais aller à l’école. J’aimais la sociologie, l’économie, l’anthropologie. J’adore apprendre. Je lis beaucoup, je suis l’actualité. La politique, j’aime ça!», lance-t-elle.
Avec les résidents, elle discute d’actualités. «Un des pensionnaires suivait les séances du conseil municipal. Quand il m’entendait parler de politique, il me disait qu’il trouvait que je serais meilleure que ceux qui étaient élus», rigole-t-elle.
L’idée a mijoté. Puis, Carole Léger s’est lancée. Elle a fait campagne durant des semaines. Elle a finalement remporté la lutte à quatre dans le district 4.
Si les dossiers économiques l’intéressent particulièrement, elle n’oublie pas les raisons qui l’ont motivée, notamment, à devenir conseillère municipale. «Moi, je fais de la politique pour qu’on ait des trottoirs accessibles aux personnes en chaises roulantes, comme les résidents ici. Je le fais pour que Claude, qui habite ici, ait une traverse sur le boulevard Mercure pour prendre l’autobus. C’est pour eux que je le fais», affirme-t-elle.
Et bien que l’hôtel de ville soit devenu sa deuxième maison au cours des derniers mois, avec les ateliers de travail, les séances du conseil municipal et les conférences de presse, entre autres, Carole Léger n’a pas l’intention de délaisser sa ressource de type familiale.
«Je vais continuer à faire les deux. Être famille d’accueil, c’est un travail, une passion, mais c’est aussi ma famille.»
Trois priorités pour son district
- L’accessibilité universelle et l’habitation.
- Favoriser l’agriculture urbaine.
- Créer un comité citoyen. «Si je réussis ça, je serai très contente. Ça serait de la vraie politique, de la démocratie à l’état pur», commente-t-elle.