LOGEMENTS. Au lendemain de la traditionnelle journée des déménagements, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) estime que près de 600 ménages sont sans logis au Québec. Drummondville est en tête de liste des villes les plus touchées par la crise avec 135 ménages sans bail.
C’est ce qu’a dévoilé le FRAPRU lors de son 22e bilan annuel samedi. Selon l’organisme, l’année 2022 est l’une des pires qu’ait connues le Québec depuis le début des années 2000. «En s’en tenant aux seuls chiffres officiels fournis par les services d’aide d’urgence mis en place par les municipalités ou les offices d’habitation, on arrive à au moins 4000 ménages qui ont réclamé de l’aide des autorités municipales pour se trouver un toit cette année. De ce nombre, au moins 600 ménages sont toujours suivis par un service d’aide, et sont hébergés soit par des villes, soit par des proches», explique la porte-parole de l’organisme, Véronique Laflamme.
Le FRAPRU réclame des partis politiques en lice pour les élections du 3 octobre des mesures concrètes pour éviter la répétition de telles situations dans les années à venir. Parmi les demandes de l’organisme se trouvent la construction de 50 000 logements sociaux en cinq ans sous la forme d’habitations à loyer modique, de coopératives d’habitation locatives et de logements gérés par des organismes sans but lucratif. Le Front d’action populaire en réaménagement urbain réclame aussi le renforcement de la protection légale des locataires.
D’après l’organisme, c’est la première fois qu’autant de ménages locataires se retrouvent sans bail alors qu’ils sont suivis par un service d’aide.
La crise du logement en chiffres
Le 13 juin dernier, le journal L’Express dévoilait que l’Office d’habitation Drummond (ODH) travaillait sur 159 demandes d’aide au logement. En date du 2 juillet, 24 ménages ont trouvé un logis tandis que 135 ménages sont toujours à la recherche de logements abordables avec l’aide de l’organisme drummondvillois.
L’Île de Montréal arrive quant à elle deuxième au palmarès des villes avec le plus de ménages sans logement au lendemain du 1er juillet. En tout, 118 ménages n’ont pas signé de bail alors que le taux de logements inoccupés est à 3,7% à Montréal.
La capitale nationale est en troisième position avec 55 ménages. À Sherbrooke, 50 ménages n’ont pas été en mesure de se trouver un logement alors qu’à Trois-Rivières, il y en a 24. À Saint-Hyacinthe, 15 ménages sont toujours suivis par un service d’aide.
La pointe de l’iceberg
Le FRAPRU est persuadé que le nombre de ménages en difficulté est encore plus élevé étant donné que plusieurs personnes ont dû se tourner vers leur famille ou leur réseau pour être dépannées. D’autres ont aussi pu, pour ne pas se retrouver sans toit, louer un appartement trop cher, trop petit pour leur famille ou insalubre, sans contacter les services d’aide.
D’expérience, l’organisme prévoit que davantage de ménages se manifesteront au cours des prochaines semaines.
«Les centaines de ménages locataires qui sont toujours sans logis et tous ceux qui s’ajouteront au cours des jours et des semaines à venir sont des révélateurs d’une crise beaucoup plus profonde, à laquelle il faudra rapidement s’attaquer pour éviter la répétition année après année de tels drames humains», affirme Véronique Laflamme par voie de communiqué.
Pour se sortir de la crise, l’organisme réclame des mesures structurantes pour contrer la pénurie de logements locatifs, la cherté des loyers, les évictions que ce soit pour la reprise des logements par les propriétaires ou pour des rénovations ainsi qu’une plus grande règlementation en ce qui a trait aux logements locatifs utilisés à des fins de location temporaire pour touristes, du genre Airbnb. Le FRAPRU souhaite d’ailleurs que ces mesures s’inscrivent dans une politique globale en habitation basée sur la reconnaissance du droit au logement.