POLITIQUE. Des voix se lèvent pour réclamer un nouvel hôpital à Drummondville en raison de la vétusté et l’exiguïté du bâtiment actuel. Le premier ministre du Québec, François Legault, se montre ouvert à une construction neuve.
Le Centrexpo Cogeco est l’hôte du congrès national de la Coalition avenir Québec (CAQ) jusqu’à dimanche. De passage à Drummondville, le chef du parti a rencontré les acteurs locaux pour échanger sur les dossiers prioritaires. La nécessité de construire un hôpital régional a été discutée. Le projet est estimé à 800 M$.
Bien que la construction de nouveaux hôpitaux fait notamment partie du plan de santé de la CAQ, plusieurs critères sont pris en considération. «Ça fait partie du plan de Christian Dubé de mettre à jour les infrastructures, dans certains cas de construire de nouveaux hôpitaux et aussi de décentraliser. Ici, il y a un enjeu du fait qu’il y a un CIUSSS pour deux régions, mais la mairesse, Mme Lacoste, me disait que ce n’est pas ça qui est important. Ce qui est important, c’est d’avoir un hôpital régional à Drummondville», indique François Legault, en entrevue à L’Express.
«C’est un dossier qu’on regarde de très proche. Il y a des services de base et des services qui vont être de plus en plus spécialisés, donc on évalue qu’est-ce qui doit être donné ici à Drummondville. Il faut regarder aussi l’évolution de la population, tenir compte de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska à Victoriaville et de ce qui se fait à Trois-Rivières. Mais, il reste que ce qu’on souhaite, c’est que le plus de services possible soient donnés localement. Ça veut dire qu’effectivement, on va regarder très positivement ce projet», poursuit-il.
Le chef de la CAQ soutient que son parti arrivera «éventuellement avec une décision » pour ce dossier. «Il y a encore du temps d’ici le 3 octobre, donc il y aura des études qui vont être faites. Actuellement, on n’est pas à l’étape de donner les résultats. Les études ne sont pas terminées. Plusieurs endroits sont regardés. Il y a un budget global pour le Québec. On regarde aussi pour la région du Centre-du-Québec, qu’est-ce qui doit être fait, donc il y a une ouverture. Je ne peux pas garantir qu’on va donner une réponse finale avant le 3 octobre, mais je ne peux pas l’exclure non plus», mentionne-t-il.
Un projet de telle envergure s’échelonne sur plusieurs années, mais le premier ministre n’écarte pas la possibilité de revoir le processus. «Ça aussi, c’est quelque chose qu’on est en train de regarder. On a réussi à réduire un peu la bureaucratie, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Nos délais sont beaucoup trop longs. On n’exclut rien dans les façons de faire», affirme-t-il.
Si François Legault s’est engagé à doter le Centre-du-Québec de son propre Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) lors de la campagne électorale en 2018, cette idée a finalement été mise de côté, notamment en raison des coûts jugés trop élevés.
«Il y a eu des discussions en début de mandat. Il y a eu un consensus pour que les élus locaux disent ce n’est peut-être pas la priorité de mettre de l’argent dans le développement d’un autre CIUSSS pour le Centre-du-Québec. La conclusion à laquelle on est arrivé, c’est de dire, pour le coût que ça représenterait, ce serait mieux de mettre ça par exemple dans un hôpital régional à Drummondville», avance-t-il, rappelant qu’un second poste de présidente-directrice générale adjointe a été créé au sein du CIUSSS MCQ en 2020.
Par ailleurs, la Ville de Drummondville souhaite créer un pôle d’innovation en gérontologie. Prévu sur le site de l’ancienne Fortissimo, ce projet contribuera à attirer des chercheurs, des entrepreneurs et des talents de partout au Québec ou d’ailleurs afin de collaborer à des projets en lien avec le vieillissement de la population. Un projet doit être officiellement déposé auprès de Québec d’ici cet automne.
«On est prêt à investir beaucoup du côté public pour financer des salaires de chercheurs et des locaux de recherche, mais il faut aussi que des entreprises privées soient prêtes à venir commercialiser cette recherche. Mme Lacoste nous a dit qu’ils travaillent pour avoir des investissements privés, rapporte le premier ministre. Ce n’est pas évident en gérontologie de pouvoir commercialiser la recherche. Quelle partie est un pôle d’innovation et quelle partie est plus attachée à un hôpital régional à Drummondville? C’est ce qu’on va regarder.»
La mise en place d’un pôle d’innovation en gérontologie est estimée à environ 14 M$. L’aide financière demandée au gouvernement est de 10 M$, destinée notamment à la décontamination et la valorisation du terrain qui accueillera le projet.
Vers une modernisation du Centre Marcel-Dionne
La modernisation du Centre Marcel-Dionne figure parmi les priorités de Drummondville. La Ville pourrait avoir trouvé un acolyte pour faire avancer ce dossier. «Je pense que la mairesse et moi avons tous les deux un faible pour le hockey», lance François Legault.
L’appareil municipal souhaite obtenir une subvention des gouvernements du Canada et du Québec, notamment dans la cadre du Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives et sportives (PAFIRS). Or, le gouvernement fédéral exige comme condition d’intégrer une clause rendant non admissibles les infrastructures considérées sportives professionnelles ou semi-professionnelles, comme celles accueillant une équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
«Il y a effectivement, à mon avis, un problème dans le programme PAFIRS. Le Fédéral n’accepte pas les projets où il y a des équipes de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Donc, on a un problème à Drummondville et à Saguenay. Pourtant, logiquement, il y a à peu près seulement 10 % des heures de glace qui sont pour les Voltigeurs de Drummondville», soutient François Legault.
De plus, pour les Rouges, la patinoire est jugée non réglementaire à ce qui est demandé par la LHJMQ. «C’est un peu gênant», commente François Legault, qui souhaite une infrastructure qui rende honneur à celui dont le nom est apposé sur l’aréna, un joueur qu’il «aimait beaucoup».
La modernisation du Centre Marcel-Dionne, érigé il y a près de 60 ans, est évaluée à 34 M$. Il est attendu par la Ville que les subventions gouvernementales pour ce projet soient de l’ordre de 18 M$. «Le 18 M$, c’est quelque chose qu’on va regarder très sérieusement, laisse entendre François Legault. J’ai donné un mandat à Isabelle Charest, à la suite du rapport sur le hockey déposé par Marc Denis, de m’arriver avec une proposition pour investir dans les infrastructures sportives partout au Québec, incluant les arénas. Ça regarde bien ce dossier-là.»
«Pas de plan B»
Le gouvernement caquiste a donné le feu vert en juillet dernier à Waste Management (WM) afin de poursuivre ses activités sur le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore. Une autorisation qui a été critiquée par les élus municipaux et des citoyens de Drummondville.
Pour le premier ministre du Québec, l’agrandissement de ce site d’enfouissement est nécessaire pour répondre aux besoins collectifs d’enfouissement de matières résiduelles.
«Je pense que tout le monde comprend que malheureusement, il n’y a pas de plan B si on voulait enfouir ailleurs. On peut bien spéculer à savoir si c’est équitable ou pas équitable. Ce qu’on veut surtout travailler, c’est sur la valorisation des matières organiques et je pense que Drummondville est un modèle de ce côté-là avec le bac brun. On voudrait aller jusqu’à 70 % de valorisation des matières organiques, ça veut dire évidemment qu’il y aurait moins de besoins d’enfouir. Je pense que la mairesse comprend ça», estime François Legault.
«La population, je peux comprendre qu’elle ressente une certaine injustice parce que Drummondville en fait plus qu’ailleurs pour valoriser les matières organiques et reçoit les déchets d’autres municipalités qui en font moins. Je peux comprendre qu’il y ait un malaise du côté de la population et c’est pour ça que c’est important de s’assurer que toutes les municipalités au Québec en fassent plus», ajoute-t-il.
La Ville de Drummondville conteste les deux décrets émis par Québec afin d’empêcher l’agrandissement du site d’enfouissement de Saint-Nicéphore géré par WM. La cause sera entendue la semaine prochaine.
Places en garderie
Jeudi, Québec a annoncé l’augmentation de 76 % de la plupart des barèmes de financement du Programme de financement des infrastructures des CPE. Cette augmentation permettra, selon le gouvernement, de faire face à des facteurs importants influençant la construction au Québec, soit l’effervescence des marchés et la rareté de la main-d’œuvre et des matériaux ainsi que l’augmentation des honoraires professionnels, des coûts des matériaux et des terrains.
Cette annonce s’inscrit dans le cadre des travaux du Grand chantier pour les familles. «On a bonifié le budget pour les garderies pour combler les 37 000 places qu’il manque au Québec. On s’est donné maximum trois ans. L’argent est disponible. Le défi est de construire le plus vite possible et dans certains cas, d’avoir des terrains», affirme le premier ministre François Legault.
Pour accélérer l’implantation de nouvelles installations de services de garde sur son territoire, la Ville de Drummondville a identifié des emplacements prêts à accueillir de nouveaux projets. Une solution qui pourrait non seulement bonifier l’offre, mais surtout, accélérer les projets.
«On vient de déposer un projet de loi cette semaine pour donner un droit de préemption aux municipalités. Ça vient aussi répondre à un autre problème qui est la question des logements», mentionne M. Legault.
Le premier ministre François Legault est réuni avec sa formation politique au Centrexpo Cogeco jusqu’à dimanche. Par ailleurs, les mesures de sécurité ont été rehaussées dans le secteur, alors que de nombreux manifestants sont attendus, notamment samedi. Une présence policière accrue est prévue tout au long du week-end.