TENNIS. Stéphane Daigneault n’est pas du genre à se laisser abattre facilement.
Après une convalescence de trois ans, le joueur de tennis en fauteuil roulant s’apprête à participer à un tournoi de la Fédération internationale de tennis (ITF) à Saint-Hyacinthe. Malgré cette longue période d’inactivité, le Drummondvillois de 53 ans a obtenu son laissez-passer lors d’une épreuve de qualification disputée la fin de semaine dernière, au stade IGA de Montréal.
Vivant avec le spina-bifida depuis sa naissance, Stéphane Daigneault a toujours adopté un mode de vie actif même s’il ne peut pas marcher. Ayant découvert le tennis en fauteuil roulant il y a quelques années à peine, lors d’une démonstration à la coupe Rogers, il a rapidement gravi les échelons de ce sport. Au début de l’année 2019, des ennuis de santé l’ont toutefois obligé à récupérer à la maison.
«J’ai eu une grosse chirurgie. J’ai failli mourir! Ma guérison s’est faite tranquillement pas vite. Je devais rester alité pendant 16 heures par jour. J’ai fait de la réadaptation et je suis sorti le 15 avril. Aussitôt, j’ai recommencé à m’entraîner en gymnase et à frapper des balles», a raconté Stéphane Daigneault.
La première édition de l’Omnium international de Saint-Hyacinthe se déroulera du 9 au 12 juin, au complexe de tennis Services financiers Guy Duhaime. Il s’agira du premier tournoi de tennis en fauteuil roulant disputé sur terre battue en Amérique du Nord.
«C’est un événement unique. La terre battue, ce n’est pas le terrain de prédilection pour les gens qui sont en fauteuil roulant. Notre fauteuil cale dans le terrain, alors on se déplace moins rapidement. Ça demande une force plus intensive pour nos bras. C’est sans compter que la balle ne voyage pas comme sur une surface dure. Il faut être plus alerte», a expliqué Stéphane Daigneault.
Cette épreuve de la série Future de l’ITF réunira environ 80 joueurs en provenance du Canada, des États-Unis, de Porto Rico, du Mexique et du Japon qui se disputeront des bourses totalisant 6000 dollars américains.
«Ça fait longtemps que je n’ai pas joué à ce niveau, mais je vise le meilleur résultat possible. Je voudrais au moins atteindre les quarts de finale. J’aimerais me qualifier dans quelques tournois au cours des prochains mois. Il y en a qui s’en viennent à Toronto, en Colombie-Britannique et à New York.»
Pour les amateurs de tennis de la région, cette compétition sera l’occasion de voir les joueurs en action et de découvrir ce sport paralympique qui demeure encore méconnu au Québec. Une activité d’initiation au tennis en fauteuil roulant sera d’ailleurs proposée durant l’événement.
«Plusieurs personnes n’ont jamais assisté à un tournoi de tennis en fauteuil roulant. Elles auront la chance d’en voir ici, a souligné la directrice du tournoi, Marie Davies. Il s’agit de la première étape au niveau international de l’ITF. On y retrouve plusieurs joueurs qui ont connu du succès dans les tournois locaux et qui souhaitent maintenant atteindre le prochain niveau. C’est la porte d’entrée de l’ITF.»
Une relève à bâtir
S’étant donné comme mission de faire découvrir cette discipline aux gens de la région, Stéphane Daigneault a mis sur pied une ligue de tennis en fauteuil roulant au Centre-du-Québec il y a quelques années.
«Notre ligue est toujours active, principalement au parc Boisbriand de Drummondville. On cherche désespérément des joueurs, surtout des plus jeunes. Rendu mon âge, c’est plus le temps pour moi de coacher que de jouer! On essaie de promouvoir le sport et d’attirer une relève», a affirmé Stéphane Daigneault, en invitant les personnes intéressées à essayer ce sport à le contacter.
«Beaucoup de gens connaissent le basketball en fauteuil roulant, mais peu savent qu’il y a 18 sports adaptés qui se pratiquent au Québec, a-t-il poursuivi. Quand je rencontre des parents d’enfants handicapés, ils me disent souvent qu’ils cherchent une activité pour les faire bouger. Aussitôt que les jeunes essaient le tennis en fauteuil roulant, il attrapent la piqûre assez vite.»
Pour pratiquer ce sport de façon compétitive, les joueurs doivent avoir reçu un diagnostic de mobilité réduite au niveau des membres inférieurs.
«Ce n’est pas seulement pour les personnes handicapées, a précisé Stéphane Daigneault. Quelqu’un qui a une blessure ou une lésion permanente au talon peut pratiquer cette discipline. Il faut toutefois avoir l’usage de ses deux bras pour être capable de frapper la balle. Ça demande aussi un entraînement assez sérieux. Il faut être discipliné.»
Aujourd’hui impliqué chez Parasports Québec, Stéphane Daigneault s’est donné comme objectif d’organiser un tournoi international de tennis en fauteuil roulant à Drummondville d’ici quelques années.