COURSE. Marie-Elen Dubé a perdu l’amour de sa vie le 14 octobre 2021. Pour honorer sa mémoire, elle se lance tête première, mais le coeur écorché vif, dans un défi aussi exigeant physiquement qu’émotionnellement. Elle courra l’épreuve reine de la course à pied.
C’est une femme à la fois fragile et forte qui participera le 22 mai prochain au premier marathon qui sera présenté à Drummondville.
À la base très sportive, Mme Dubé soutient s’être moins entraînée en 2021 en raison de la maladie soudaine de son amoureux des quatre dernières années.
Patrick Fréchette a appris qu’il était atteint d’une leucémie aigüe lymphoblastique en mars 2021. Il en est décédé sept mois plus tard, à l’âge de 33 ans.
«Patrick était très en forme physiquement. Quand il essayait un nouveau sport, il le catchait vite. Il faisait du ski, du vélo et il jouait au hockey puis au soccer. Il travaillait sur la construction toute la journée et, le soir, il avait encore de l’énergie pour aller s’entraîner. Les gens n’en revenaient pas. Puis, un moment donné, la fatigue s’est installée. Il a commencé à avoir mal au bas du dos. On a consulté un médecin», a raconté Marie-Elen Dubé.
Le coup de fil appréhendé est arrivé le lendemain. Le résultat de ses tests sanguins était sans appel : cancer. Patrick a été admis sur-le-champ à l’hôpital de Trois-Rivières. Il y est resté durant cinq à six semaines.
«Il a eu des traitements de chimiothérapie puis il a été en rémission. Les médecins ont cependant convenu qu’une greffe de cellules souches était la meilleure solution de s’assurer que la maladie ne revienne pas. Il a eu la chance d’avoir un donneur à l’international. Le 9 août, il a été hospitalisé à Québec pour la greffe et il en est sorti à la mi-septembre», a raconté la femme endeuillée de 37 ans.
Bien que très difficile pour son corps, la délicate intervention s’est bien déroulée tellement que lorsque Patrick a obtenu son congé d’hôpital, il a eu droit au son de la cloche du personnel de l’hôpital. Tous le croyaient guéri.
«On pensait qu’on n’allait plus jamais remettre les pieds dans un hôpital. Mais il a été réadmis quelques jours après parce qu’il a eu des complications post-greffes. Son état s’est dégradé. Il a eu des virus et il a développé un nouveau cancer, un lymphome. Il a pris 110 livres de liquide en dix jours. Il était gonflé de partout. Il a été mis sous dialyse puis sous respirateur pendant qu’il recevait à nouveau des traitements de chimiothérapie», s’est souvenu péniblement Marie-Elen Dubé.
Patrick Fréchette est décédé peu de temps après, le 14 octobre 2021. «J’ai pu me coucher près de lui et sentir ses dernières respirations…»
Le parfait bonheur
Marie-Elen et Patrick filaient le parfait bonheur. Ils ont fait le choix de cohabiter un mois et demi après leur rencontre. Ils étaient inséparables.
«On a toujours dit qu’on a vécu plus de choses ensemble en quatre ans que bien des couples en dix ans. On était tout le temps ensemble. On ne s’est jamais chicané. On s’entendait sur tout. C’était vraiment très spécial. Patrick était quelqu’un de lumineux. Jamais je ne l’ai vu entrer à la maison de mauvaise humeur. C’était un rayon de soleil et il m’aimait tellement d’une façon incroyable», a-t-elle communiqué.
Pour lui rendre hommage, mais aussi pour recueillir des dons qui permettront d’acquérir des fauteuils inclinables motorisés à l’unité d’hémato-oncologie de l’hôpital de Trois-Rivières, la Brigittoise participera à la course des Chênes-toi.
«Patrick m’a tellement donné de son vivant que j’avais envie de redonner et de le mettre en lumière. J’ai aussi besoin de m’accrocher à quelque chose puisque j’ai l’impression d’être devant rien», a exprimé celle qui espère récolter 20 000 $.
Pour l’aider à affronter les 42,2 kilomètres de bitume qui l’attend, elle court quatre fois par semaine avec discipline. «Je me rends compte que je suis fière de moi quand je finis un entraînement, a-t-elle partagé. Ça me fait du bien moralement, mais c’est difficile. La maladie de Patrick m’a fait réaliser bien des choses. Son amour tellement grand à mon égard est encore aujourd’hui une source de force puisque je sais qu’il voudrait, plus que tout, me voir continuer et heureuse. Courir d’amour, c’est donc une façon de souligner toute la puissance de l’amour. À la toute fin de la vie, croyez-moi, c’est ce qu’il aura le plus compté et ce dont vous allez vous souvenir.»
La Course des Chênes-toi aura lieu le 22 mai. Le départ du marathon est prévu à 7h. Marie-Elen Dubé dédiera chaque kilomètre à l’un des donateurs de sa campagne de financement.