INFLATION. Avec la hausse du coût de la vie, qui impacte notamment le prix de l’essence et des matériaux, les entreprises de transport, de déménagement, les taxis et les services de transport en commun voient leur quotidien changer et n’ont parfois pas d’autres choix que d’adapter leurs prix.
«L’inflation dans notre cas, cela influence naturellement le chiffre d’affaires, parce que le prix de l’essence a pratiquement doublé au cours des 12 derniers mois», fait savoir le propriétaire de Taxi central Drummondville, Charles Lambert.
Contrairement aux entreprises de transport et de déménagement contactées par l’Express, les clients sont épargnés de la hausse des coûts puisque la Commission des transports du Québec (CTQ) établit depuis 2018 les méthodes de facturation possible.
À travers le taximètre (une combinaison du temps et de la distance parcourue), l’odomètre (la distance totale parcourue), le prix fixe d’une zone à l’autre ou encore par la durée de la course, le coût de l’essence n’est pas pris en compte. Par conséquent, la facture ne peut pas être refilée aux usagers.
«On s’attend à ce que [les barèmes du CTQ] changent bientôt, mais ce n’est pas encore le cas, donc à part nous comme propriétaire, tant les chauffeurs et que la clientèle ne sont pas touchés par l’inflation. C’est une bonne nouvelle pour eux», soutient M. Lambert.
Des impacts sur les coffres de la Ville
À la Ville de Drummondville, la hausse du coût de l’essence n’a pas de conséquence à l’heure actuelle sur le service de transport en commun. La Ville fait effectivement affaire avec un sous-traitant dont le contrat est fixe pour le moment, sans égard à l’augmentation du carburant.
Quant aux véhicules de la Ville, l’effet de l’inflation est bien présent. «L’essence, on la paie au prix du marché. On peut hypothétiquement parler d’un impact de plus ou moins 500 000$ si le coût se maintient ou augmente jusqu’à la fin de l’année», avance le directeur général de la ville, Francis Adam.
Une rentabilité difficile
Pour le propriétaire de l’entreprise Déménagement St-Marcel, Éric Chenard, il devient difficile d’exercer son métier dans les conditions actuelles. «On est obligé de monter nos prix à cause de l’inflation, pas juste à cause de l’essence, tout est rendu cher, le coût de la vie, le matériel, donc on n’a pas le choix de majorer nos prix, mais plusieurs personnes ne veulent pas payer ce prix-là », indique-t-il.
Celui qui dirige Déménagement St-Marcel depuis près de 20 ans explique désormais à ses clients que s’ils veulent que cela coûte moins cher, ils doivent se préparer. «Il faut que les clients, les gens se responsabilisent, s’ils veulent que ça leur coûte moins cher, il faut qu’il se prépare adéquatement», lance M. Chenard.
Pour la saison calme, l’entreprise a augmenté ses prix de 15$ de l’heure depuis 2020. Malgré cela, la rentabilité n’est pas au rendez-vous et le propriétaire doit prévoir un nombre élevé de déménagements pour y arriver. «Sortir pour un déménagement, ce ne l’est pas, mais si on sort pour 3-4 déménagements par jour et que toutes les équipes sortent, là on est rentable», soutient Éric Chenard.
Une adaptation primordiale
Du côté de l’entreprise de transport Saint-Germain Express, l’adaptation est de mise depuis plusieurs mois. «On a essayé pendant un bout de temps de minimiser ces coûts-là , mais on ne peut pas les absorber indéfiniment et maintenant ce sont les entreprises qui doivent essayer de les absorber. On a absorbé ce qu’on pouvait absorber», explique le responsable des comptes de l’entreprise, Réal Coderre. Désormais, l’augmentation de plus de 30% du prix de l’essence «se reflète directement sur la facture des clients».
L’entreprise basée à Saint-Germain-de-Grantham éprouve aussi des difficultés à faire l’achat de nouveaux camions pour augmenter et renouveler sa flotte de plus de 25 camions de transport local et longue distance. Selon Réal Coderre, il y a une augmentation de plus de 35% en moyenne puisque les coûts des camions sont approximativement passés de 150 000$ à 195 000$.
« Pour l’instant, on essaie de s’adapter au mieux. On réduit les dépenses le plus possible. On continue à entretenir nos véhicules, mais comme les véhicules neufs sont difficiles à trouver, on augmente la durée d’entretien. Normalement, un camion serait changé aux 6-7 ans, mais il va peut-être falloir le prolonger 9 ou 10 ans », illustre M. Coderre.
Celui-ci confie en terminant que de plus en plus les entreprises devront prioriser les clients qui paient selon les termes. «Si j’ai le choix entre deux clients et je ne peux pas servir les deux, je vais prendre celui qui me pait le mieux entre les deux, c’est une question de survie», révèle-t-il.