JUSTICE. L’ex-conjoint de la mère de Jean-Luc Ferland, tuée le 26 juillet 2020, souhaite que l’homme de 34 ans soit déclaré délinquant à haut risque, comme le demande la Couronne.
«C’est un risque que la société ne peut pas prendre, car il a tué et pourrait le refaire. Il a une obsession pour les armes blanches. Rien qu’à y penser, j’en ai des frissons», partage Steve Girard, l’ex-conjoint de Suzanne Desjardins, qui avait 57 ans lorsqu’elle a été assassinée.
Le 8 février 2022, Jean-Luc Ferland a été déclaré non criminellement responsable du meurtre de sa mère, dont le corps inanimé avait été retrouvé en juillet 2020 à son domicile de la rue Pinard, à Drummondville.
M. Ferland se trouvait sur les lieux et a été arrêté. Lors de son interrogatoire policier, il a déclaré avoir eu un conflit verbal avec sa mère au sous-sol du domicile familial qui l’a amené à donner deux coups de poing au visage de sa mère. Par la suite, cette dernière a brandi une statue de pierre et il a réagi en se défendant avec une épée «gladius».
Reconnu pour ses lourdes problématiques en santé mentale, Ferland a dit avoir perdu le contact avec la réalité. Il a paniqué et il ne se souvient pas du nombre de coups assénés à sa mère.
L’autopsie a révélé la présence de 24 plaies par arme piquante, tranchante et contondante.
Appel à l’aide
«Une grave erreur a été commise… ma douce, mon amour a été laissée seule dans cette immense situation», estime M. Girard, qui a échangé des textos avec la mère après qu’elle se soit rendue au poste de police, le jour du meurtre.
Selon lui, elle a pris son courage à deux mains pour demander de l’aide pour que la police l’escorte vers un institut pour évaluation, car Jean-Luc était en crise. On lui a demandé si elle se sentait menacée. Elle n’a pas pu dire que son fils lui avait fait des menaces encore. Suzanne voulait tellement le mieux pour lui, elle ne voulait pas lui nuire. On connaît la suite…
«Elle m’avait téléphoné pour me dire en sortant du poste de police. Steve, je n’ai pas eu d’assistance. Je retourne à la maison m’occuper de mon enfant malade. Mon amour, si jamais il m’arrive quelque chose, je voudrais que tu dises que je n’ai pas reçu d’assistance», rapporte l’homme endeuillé.
Les investigations du Bureau d’enquête indépendante n’ont pas relevé de fautes dans le travail des policiers.
Surveillance accentuée
Le procureur de la Couronne, Me Kevin Mailhiot, a déposé une requête pour déclarer Jean-Luc Ferland, qui est actuellement détenu à l’Institut Philippe Pinel, comme délinquant à haut risque.
Le juge Mario Longpré, a entendu le témoignage de deux psychiatres, Samuel Gauthier et France Proulx, ainsi que la criminologue Sabrina Kimberly Allard, le 5 mai dernier au palais de justice de Drummondville.
Ce type de requête est déposée lorsque la Couronne évalue que l’accusé présente toujours un danger pour autrui. Le fait de déclarer un individu non criminellement responsable comme étant un délinquant à haut risque empêche la Commission d’examen des troubles mentaux de modifier son hospitalisation et de permettre un retour en société, si le patient ne présente plus une menace.
C’est le juge de la Cour supérieure, qui a prononcé la déclaration, qui décide si le délinquant à haut risque peut changer de régime de détention en centre hospitalier, à la lumière de la preuve présentée.
M. Girard trouve qu’il faut absolument que Jean-Luc soit reconnu comme dangereux pour protéger la société. «Il est trop tard pour mon amour. Il m’a brisé le cœur, mais je n’y peux rien contre ce qu’il a fait. Il est trop tard pour nous. Je peux seulement lui pardonner par amour pour mon ange qui aurait voulu cela. Elle a donné sa vie pour lui», a-t-il exprimé.
Le juge Longpré rendra sa décision le 6 juin prochain à 14 h.