MAGAZINE. Marie-Pier Vincent a toujours voulu avoir des enfants. Du plus loin qu’elle se souvienne. Seule, elle a fait le choix de réaliser son rêve et de fonder sa famille.
Le 7 novembre 2021, Marie-Pier Vincent a reçu la bonne nouvelle, celle tant attendue. Elle était au volant de sa voiture, sur l’autoroute 20, lorsque le téléphone a sonné : la cigogne était passée.
«Je pleurais tellement de joie que j’ai pris la première sortie, je ne voyais plus rien, raconte-t-elle, ses yeux bleus brillants. Je n’ai jamais autant pleuré de joie de toute ma vie. C’était tellement d’émotions. C’était le soulagement, le bonheur.»
Les jours suivants, elle a réalisé un test de grossesse, sachant que les deux lignes bleues se dessineraient sur la fenêtre de résultat. «Je voulais voir le petit + apparaître», sourit-elle.
La femme de 39 ans a accepté de raconter son histoire. Celle d’une femme qui s’est tournée vers la soloparentalité, ce projet mis en place par une personne seule, contrairement à la monoparentalité. Son parcours est sinueux; la maternité n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Mais, ce long chemin témoigne de possibilités pour les femmes, seules, qui désirent porter la vie.
«Je viens d’une famille nombreuse. J’ai toujours voulu avoir des enfants. Je m’étais dit qu’un jour, je rencontrerais la bonne personne pour fonder une famille. Avoir un, deux, trois, quatre enfants, qui sait! En vieillissant, je ne trouvais pas cette personne avec qui vivre ce rêve», mentionne-t-elle.
«Ça commençait à me travailler de plus en plus. J’ai pris l’engagement que si, à 35 ans, je n’étais pas en couple stable, je prendrais action pour avoir un enfant parce que je ne voulais pas me retrouver à 40-45 ans et qu’il soit trop tard», poursuit-elle.
Chose promise, chose due. Lorsqu’elle a soufflé ses 35 bougies, Marie-Pier Vincent a entamé des démarches d’adoption en banque mixte. «Je me disais qu’il me restait encore du temps, que je pourrais avoir un premier enfant en adoption et que j’aurais peut-être rencontré quelqu’un d’ici là», fait-elle savoir.
Après trois ans de démarches, voyant les délais s’accumuler en raison de bris de services et le temps s’écouler, elle a dû faire un choix. «La DPJ exige que tu te consacres à 100 %, que tu sois totalement disponible pour accueillir l’enfant qui pourrait t’être confié. Je voulais vivre la grossesse. J’ai la chance d’être née femme avec ce miracle qui peut se produire dans mon corps. Je ne me voyais pas passer à côté de cette expérience de vie. Ç’a été une grosse décision», admet-elle.
«J’ai laissé mon nom sur la liste d’adoption directe parce qu’il y a sept à huit ans d’attente. Mais, j’ai dû enlever mon nom de la banque mixte. Je leur ai demandé de garder mon dossier, que je le réactiverais peut-être un jour. Je verrai si j’en veux un deuxième, si la vie me le permet», ajoute-t-elle.
S’armer de patience
Pour réaliser son rêve de vivre la maternité, Marie-Pier Vincent a eu recours à la procréation assistée dans une clinique privée de fertilité. Une aventure en montagnes russes.
Pendant quelques mois, elle a effectué des examens médicaux, des prises de sang et de nombreux allers-retours à Montréal. Elle a débuté les essais d’insémination. Un premier, en vain. Puis un deuxième, un troisième… et ainsi de suite, jusqu’à neuf. Neuf déceptions.
«Chaque mois, c’est un deuil. Tu vis avec l’espoir du bébé qu’il pourrait être. Puis, tu apprends qu’il ne naît pas. C’est très dur émotivement», témoigne-t-elle.
La trentenaire s’est accordée des pauses en cours de route. «Ma vie tournait autour de ça et ce n’était plus sain. C’est facile de se perdre dans un processus comme ça. Il faut être bien entouré. Si j’avais un conseil à donner, c’est qu’il ne faut pas se mettre trop de pression», reconnaît-elle.
Après les neuf essais d’insémination, Marie-Pier Vincent a débuté des démarches de traitement de fécondation in vitro. «C’était la seule option qu’il me restait, avec tout ce que ça implique en démarches, en frais et en temps», indique-t-elle.
«J’ai été chanceuse, ç’a fonctionné au premier essai.»
Depuis maintenant 22 semaines, un petit-être grandit en elle. La grossesse se déroule bien. Marie-Pier Vincent est rayonnante.
«Dans la vie, il y a plein de choses sur lesquelles on n’a pas de pouvoir. Moi, j’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté pour réaliser mon rêve. Je ne savais pas si ça allait fonctionner, mais au moins, j’allais avoir la satisfaction d’avoir essayé. Je ne voulais pas vivre le reste de ma vie avec des regrets, exprime-t-elle. Pour les femmes qui veulent avoir un enfant, seules, c’est possible. Il existe un chemin. Il n’est pas facile, mais il peut te permettre de réaliser ton rêve.»
Marie-Pier Vincent est consciente que, comme mère solo, elle devra relever des défis. Un nouveau rôle qu’elle est prête à accomplir.
«C’est rempli de parents monoparentaux et plusieurs y arrivent. Je sais que ça ne sera pas facile. Seule, ça demandera peut-être plus d’énergie et une présence constante. Ça nécessitera de bien s’entourer. Mais moi, j’ai toujours cru fermement à l’adage qui dit que ça prend un village pour élever un enfant», soutient-elle.
La grande rencontre est attendue quelque part vers la mi-juillet. Le jour J où elle pourra enfin serrer son enfant dans ses bras. Ce rendez-vous le plus important de sa vie avec son fils.