ÉDUCATION. Le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) révise son offre de services au secondaire. Les mots d’ordre de ce chantier éducatif d’envergure, devant aboutir en septembre 2024, sont l’inclusion de tous les élèves, le statu quo des formules gagnantes et les écoles de quartiers.
«L’intention de cette démarche-là, ce n’est pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Les programmes qui fonctionnent, ça marche, donc ils vont rester, mais on bonifie. On vient enrichir ce qu’on a déjà et le nerf de la guerre, c’est d’inclure nos élèves», rassure la directrice générale adjointe du CSSDC, Maude Trépanier.
La révision de l’offre scolaire, qui en est encore à ses balbutiements, modifiera la carte des programmes au secondaire afin de rendre accessible les programmes particuliers à tous les élèves. Le programme régulier sera quant à lui aboli.
«C’est déjà statué, dans chacune de nos écoles secondaires, il va y avoir du sport et des sciences, soit le programme GARAF ou le programme particulier science», affirme Mme Trépanier.
D’ores et déjà, le CSSDC prévoit d’élargir le nombre d’écoles ayant les programmes les plus populaires. «Édu plus, vie active, science, musique, art dramatique, danse et arts visuels sont des programmes où on a beaucoup d’engouement. On va pouvoir en mettre un peu partout parce que les statistiques nous le démontrent », soutient la directrice générale adjointe. Une attention particulière sera toutefois portée à la viabilité des programmes s’ils sont étendus dans plusieurs établissements d’enseignement. «On a quand même un souci de ne pas faire mourir un programme. Je peux bien dire que je vais l’étendre partout, mais si j’ai suffisamment d’élèves», indique celle qui est en poste depuis décembre 2017.
Ces programmes seront offerts sans critères à tous ceux qui le souhaitent. D’autres profils seront également créés selon un sondage auprès des élèves. Celui-ci devrait être réalisé d’ici la fin de l’année scolaire en cours. La création d’un multiprogramme pour permettre à un élève qui n’aurait pas une passion assez grande pour les concentrations offertes afin de découvrir les services n’est pas encore déterminée.
Des programmes exemptés et d’autres à réviser
Deux exceptions se dessinent présentement dans la révision de la CSSDC. «Le PEI, c’est l’organisation du bac international qui gère le programme et il y a des exigences sur lesquelles on ne peut pas jouer. Le sport-étude, j’enlève 30% du temps d’enseignement à un élève [il doit pouvoir réussir malgré cela]. Il y a donc des balises qui vont rester. Ça va encore être des programmes avec des critères et des coûts reliés », fait savoir Mme Trépanier.
Ces deux programmes resteront dans leurs écoles respectives. Il est encore trop tôt pour affirmer s’ils seront étendus à long terme ou non et il est possible que des profils avec des éléments similaires soient créés.
Comme certains programmes entre les écoles se ressemblent, le CSSDC songe à les combiner ou à les offrir dans deux écoles différentes qui se trouvent près l’une de l’autre.
Des programmes moins populaires pourraient aussi être repensés pour les actualiser au goût du jour afin «de rendre ça wow pour les élèves», affirme la directrice générale adjointe.
Deux hémisphères scolaires
Selon les informations transmises à l’Express, une division du territoire scolaire en deux secteurs serait sur la table à dessin du comité en charge de la révision scolaire. Le secteur nord serait composé de Marie-Rivier, Jean-Raimbault et Jeanne-Mance, alors que le secteur sud comprendrait La Poudrière et la nouvelle école E dans le secteur Saint-Nicéphore.
«Peut-être qu’on aura à redéfinir la ligne entre les deux, mais on disait qu’au lieu de regarder pour chacune des écoles, on pourrait regarder par secteur. C’est encore sur la table, mais ça fait partie de nos réflexions», confie Mme Trépanier.
Avec cette méthode, les élèves des deux hémisphères auraient accès à un plus vaste éventail de programmes tout en favorisant une optimisation des ressources de la CSSDC.
De cette façon, les objectifs de la CSSDC de favoriser le principe d’école de quartier et de rendre plus optimal le transport scolaire dans un soucis environnemental, financier et humain seraient respectés.
Maude Trépanier nuance d’ailleurs le terme « favoriser » le principe d’école de territoire en expliquant que ce n’est pas exiger. «Ça ne veut pas dire que si je ne demeure pas sur le territoire de Marie-Rivier, je ne pourrais pas fréquenter Marie-Rivier. Toutefois, si mon école de quartier, c’est Jeanne-Mance et qu’il y a un programme science aussi dans mon école à Jeanne-Mance, je n’irais pas à Marie-Rivier», explique-t-elle.
Un comité dédié
Le comité élargi d’offres de services au secondaire a été créé pour établir les scénarios de la révision scolaire. Celui-ci est composé des équipes de direction des quatre écoles secondaires, du Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville (SERD), de trois membres du personnel enseignant et de la direction générale du CSSDC. Ses travaux sont ensuite présentés au conseil d’administration et au comité parent du CSSDC.
Des principes encadrent les prises de décisions des membres. La qualité d’enseignement des élèves, peu importe leur localisation, leurs compétences et leurs moyens financiers se trouve au cœur de leur réflexion. Le principe d’école de quartier, les ressources financières et humaines du CSSDC ainsi que la création d’un milieu de vie qui correspond aux intérêts des élèves en sont d’autres.
Du côté de l’enseignement des élèves, un partage d’expertise entre les différentes écoles est en réflexion afin qu’il y ait une certaine unification des mêmes programmes et que le profil de sortie de l’élève soit le même d’un établissement à un autre.
Pour la réduction des coûts scolaires, l’objectif est de déterminer « comment faire en sorte d’avoir un programme de qualité sans refiler la facture aux parents», selon Mme Trépanier.
« Les gens disaient dans la consultation qu’on allait devoir penser à un système de bourses, donc ça, c’est sur la planche à dessin. Il y a peut-être des sorties des programmes particuliers qui sont à repenser pour diminuer les coûts », mentionne-t-elle.
Un long processus
Le chantier actuel a commencé bien avant la pandémie et s’inspire du rapport du Conseil supérieur en éducation selon lequel le système éducatif québécois était à plusieurs vitesses et d’une résolution du conseil des commissaires écrite en 2017 dans le plan d’engagement vers la réussite. Cette résolution souligne « l’importance d’offrir une diversité́ d’activités en lien avec les intérêts et les sources de motivation de nos élèves, que ce soit sous forme d’options, de concentrations ou de programmes particuliers ».
Cette restructuration scolaire se base également sur l’engouement marqué des élèves du primaire pour les programmes particuliers, sur la déception et la baisse de motivation causées par les refus ainsi que sur l’écart de réussite entre le régulier et les programmes spécialisés qui diffère pratiquement de 28%.
À titre d’exemple, sur les 1096 demandes des élèves du primaire en 2020-2021 pour entrer dans un programme particulier, seulement 590 élèves ont été acceptés.
La révision du territoire scolaire du CSSDC tient aussi en compte l’augmentation du nombre de groupe en adaptation scolaire, la hausse continue du bassin d’élèves arrivants du primaire et la viabilité du réseau de transport avec un territoire en expansion.