JUSTICE. Près de trois mois après avoir annoncé que le palais de justice de Drummondville a été retenu pour mener un projet pilote de tribunal spécialisé en violence conjugale et en violence sexuelle, le ministre de la Justice du Québec, Simon Jolin-Barrette, s’est arrêté ce vendredi à Drummondville pour déployer officiellement le projet.
Au total, cinq régions sont visées par ce projet pilote, soit Valleyfield, Granby, Drummondville, La Tuque et Québec.
«On a choisi Drummondville, car du très bon travail sur le terrain y est effectué et aussi en raison de la taille du district. Il y a environ 300 dossiers de violence sexuelle et conjugale qui sont traités ici chaque année. J’espère qu’on pourra éventuellement déployer ce projet dans tous les districts au Québec», a indiqué le ministre Simon Jolin-Barrette, lors d’une conférence de presse tenue à même le palais de justice de Drummondville.
À compter d’aujourd’hui même, toutes les victimes seront accompagnées «avant, pendant et après le processus judiciaire», comme l’indique M. Jolin-Barrette. Ce dernier a précisé que seulement 5 % des victimes dénoncent actuellement leur agresseur.
De façon concrète, les victimes bénéficieront du soutien et de l’accompagnement d’intervenants spécialisés issus de divers organismes locaux. Aussi, un même procureur suivra l’évolution du dossier pendant l’ensemble des procédures, tandis qu’un intervenant du centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) sera attitré à chaque personne victime, de façon à l’accompagner tout au long de son parcours. Il sera alors possible d’adapter l’accompagnement à la réalité de la personne victime, de l’orienter vers les ressources spécialisées pouvant répondre à ses besoins, et de lui éviter de répéter son histoire à plusieurs reprises.
Pour les besoins de la cause, des espaces ont été améliorés au palais de justice afin de les rendre plus sécuritaires et sécurisants pour les victimes et de leur permettre d’y circuler sans craindre de croiser la personne accusée. Une salle destinée aux victimes a aussi été aménagée alors que des paravents et des salles de visioconférence ont été prévus.
«Je crois qu’il s’agit d’une belle journée pour Drummondville et surtout pour les personnes victimes. Le message que je souhaite lancer est que l’État est là pour les accompagner. Dans le cadre du tribunal spécialisé, je tiens à souligner cependant que les règles de preuve demeurent les mêmes : l’accusé a toujours droit à une défense pleine et entière, à l’impartialité du tribunal et aux différentes règles de droit qui s’appliquent. Le tribunal spécialisé est là pour accompagner les victimes, mais pas au détriment des droits des accusés. C’est le message qu’on porte», a précisé le ministre de la Justice.
Il est à noter que tous les acteurs travaillant à ce nouveau tribunal seront formés et outillés pour comprendre la réalité des personnes victimes et à répondre à leurs besoins.
Une ligne téléphonique d’information juridique a par ailleurs été mise en service pour accompagner les victimes. Celles-ci ont droit à quatre heures de consultation gratuites en composant le 1-833-rebâtir.
Présents à la conférence de presse, le ministre André Lamontagne ainsi que le député Sébastien Schneeberger se sont réjouis de l’implantation de ce tribunal spécialisé à Drummondville.
«Il s’agit d’une très bonne nouvelle pour notre communauté. C’est aussi un témoignage de la qualité du travail qui se fait localement et du leadership dont les intervenants ont fait preuve», a indiqué le ministre Lamontagne, aussi député de Johnson.
«Ce n’est pas une fierté d’avoir un tribunal spécialisé pour les victimes de violence sexuelle et conjugale à Drummondville; par contre, c’est une fierté que de pouvoir leur venir en aide aujourd’hui», a exprimé M. Schneeberger.
Soulignons en terminant que d’autres aménagements seront ultérieurement réalisés à l’intérieur du palais de justice de Drummondville afin d’améliorer davantage les lieux en vue de la mise sur pied du tribunal spécialisé.