MAGAZINE. Bien vêtu, pelle et outils à la main, Normand Rousseau donne vie à des blocs de neige à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Ce sculpteur sur neige de 68 ans n’a rien perdu de sa passion de découper la neige afin de lui donner vie et faire sourire les familles du village.
Le retraité, joues rosées, est déjà au travail. Son coffre d’outils est déposé sur la neige fraîchement tombée. Comme dans son jeune temps, Normand Rousseau s’amuse avec les flocons.
«J’ai toujours aimé jouer dehors. Avec mes frères, on faisait des chevaux de neige. J’ai eu le déclic quand j’ai participé à un atelier de sculpture donné par Camillien Belhumeur, une référence dans le domaine», met en contexte le père de quatre enfants.
Il était une époque où la municipalité de Notre-Dame-du-Bon-Conseil (NDBC) accueillait plusieurs équipes de sculpteurs sur le terrain du centre communautaire et près de l’église. Les visiteurs pouvaient participer à des ateliers et découvrir les trucs du métier.
L’une de ses premières expériences s’est déroulée à la populaire activité des «poissons des chenaux» à Saint-Anne-de-la-Pérade. Lors d’un concours amical, il avait remporté le prix du public en compagnie d’un ami vers la fin des années 1980. «Ç’a été une belle expérience. On couchait dans l’école du village. À partir de là, c’est devenu une passion et je me suis attaqué à de plus grosses structures», exprime M. Rousseau tout en préparant le moulage d’une future sculpture.
Au fil des ans, l’artiste de la neige a trimbalé ses outils un peu partout. L’un des événements les plus courus était sans contredit le Carnaval de Québec. «C’est tellement plaisant de faire le carnaval. C’est festif, ça bouge et les cubes de neige sont immenses, tellement qu’on doit utiliser des échafaudages. On y était pour représenter la région. On a remporté un prix avec notre œuvre Vague de plaisirs, ce qui nous a permis de monter de catégorie. C’était relevé. Nous affrontions des pays comme la France, l’Italie», raconte-t-il.
L’une de ses œuvres préférées est une statue de neige de Maurice Richard qui a été réalisée à Ottawa au début du millénaire. Le Bonconseillois a aussi traversé l’Atlantique pour aller démontrer son savoir jusqu’en Italie.
«C’était un symposium qui regroupait 10 pays. Bien sûr, nous représentions le Canada.
Notre sculpture intitulée Abbraccio, un couple figuratif qui s’embrasse, a mis la main sur le prix du public», ajoute M. Rousseau.
À l’aube de ses 70 ans, le sympathique artiste continue de pratiquer son art pour le plaisir.
«Il m’arrive de faire des contrats, mais je le fais plus pour m’amuser. Dernièrement, j’ai réalisé plus d’une dizaine de sculptures pour la Saint-Valentin devant la chocolaterie de ma fille Véronique (Rousseau). J’ai créé un château, des personnages, une fusée et j’ai même fait un trou de mini-golf! Des familles ont pu sculpter des blocs pour l’occasion. Qui sait, peut-être j’aurai réussi à éveiller quelque chose chez un enfant afin que ça se perpétue», lance Normand Rousseau, tout en démoulant un bloc de neige.
Les trucs du métier
Le sculpteur doit bien se vêtir, bouger beaucoup et se réchauffer régulièrement. Au besoin, il doit changer ses vêtements trempés. «Au début, quand on commence, on travaille fort. Ça nécessite des efforts physiques plus grands. Plus on avance, moins on bouge, car on tombe dans les petits détails. Avec une bonne paire de gants et de bonnes bottes, c’est un bon départ.»
Les étapes d’une sculpture
Installation du moule fait à la main
Remplissage et compactage de la neige dans le moule
Démoulage en finesse
Sculpture générale du bloc de neige
Finition de l’œuvre à l’aide d’outils spécialisés
Les outils du sculpteur
Le moule (en panneau lisse ou avec motifs)
Une échelle pour remplir les moules par le haut
Une pelle
Un pilon pour compacter la neige
Une scie (de plusieurs formats)
Un rabot (de différents grains)
Une ponce
Du papier sablé
Tous autres outils faits à la main
«L’été, je m’amuse à faire de la poterie dans mon four que j’ai acheté. Tant que je le pourrai, je vais rester actif», termine M. Rousseau en amorçant une œuvre sous l’œil attentif du photographe.
