DRUMMONDVILLE. Avec un taux d’inoccupation qui a chuté à 0,2 % au cours de la dernière année, se trouver un logement à Drummondville est devenue une mission impossible.
Selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui a décortiqué et commenté les plus récentes données émises par la SCHL, la situation localement est considérée comme étant «dramatique».
En octobre 2020, le taux d’inoccupation pour Drummondville était de 1,8 % et il a chuté à 0,2 % un an plus tard, soit en octobre 2021. Il s’agit du plus bas jamais enregistré depuis 1994. Pour donner une idée, un taux «équilibré» est fixé à 3 %.
«On est aussi bien de dire qu’il n’a pas de logements disponibles sur le marché. Il s’agit d’un des taux les plus bas au Québec. Et quand on regarde les données, on remarque que la situation est encore plus difficile pour les logements qui offrent deux chambres à coucher et plus. Précisément pour ce type d’unité, le taux est à 0,1 %. Ça nous préoccupe grandement», indique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
On se souviendra que la période des déménagements, au début du mois de juillet dernier, a été cauchemardesque à Drummondville. Des gens, surtout des familles, se sont trouvés sans logis durant plusieurs semaines. «La situation s’est encore dégradée depuis et on sait que les disponibilités n’apparaîtront pas en criant ciseau. L’an dernier, ç’a mené à des drames humains et à des réalités qu’on ne devrait pas tolérer dans une société aussi riche que le Québec. Les gens qui recherchent des appartements en ce moment font face à un mur. Ils vivent une inquiétude épouvantable. Ça fait des mois qu’on lève le drapeau rouge à Drummondville et on a l’impression que le gouvernement n’a pas fait grand-chose dans ce dossier», insiste la porte-parole.
À ses yeux, la solution à cette grave pénurie passe incontestablement par un investissement massif de fonds publics.
«C’est un signal d’alarme. Il faut que le gouvernement du Québec investisse rapidement dans de nouveaux logements sociaux pour répondre aux besoins des personnes et des familles qui sont à faible revenu et qui ne peuvent pas acheter de maisons ou louer des logements neufs, qui sont très chers», indique Mme Laflamme.
Précisant qu’elle n’avait pas en main l’information relative au coût moyen des logements en cette période de nouvellement des baux, Mme Laflamme a néanmoins constaté le grand écart des prix entre ceux qui sont loués versus les quelque rares unités présentement libres sur le marché.
«On a vu des différences de 100 $ et même de 200 $ par mois. Dans le contexte où les logements sont très rares, les coûts augmentent vite et une pression importante s’exerce sur les locataires. Évidemment, les ménages qui sont susceptibles de faire face à de la discrimination en subissent encore plus. Ça laisse du monde sur le carreau», insiste-t-elle.
Mme Laflamme a bel et bien relevé que des projets de construction de logements sociaux figurent dans les plans à Drummondville, mais à ses yeux, ils seront nettement insuffisants pour répondre aux besoins réels.
«La Ville de Drummondville s’est bel et bien donné des objectifs, mais il faut que le gouvernement soit au rendez-vous. Actuellement, on a l’impression, malgré les chiffres qui continuent de dégringoler, qu’il ne saisit pas l’urgence de la situation. L’an dernier, seulement 500 unités (logements sociaux) ont été financées par le gouvernement pour l’ensemble du Québec», poursuit celle qui espère aussi que des coopératives d’habitation, plus propices aux familles, soient construites localement.
L’an dernier, soulignons que la Ville de Drummondville a néanmoins enregistré une année record en termes de construction de logements réguliers sur son territoire. Pas moins de 1005 ont levé de terre. «Nous savons qu’il s’en construit, mais ils sont insuffisants ou ils ne sont pas adéquats pour répondre à tous les besoins, notamment parce qu’ils se louent trop cher ou parce qu’ils ne sont pas suffisamment grands», a terminé Véronique Laflamme.
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