Marianne Letarte a défié plusieurs pronostics avec son cœur défaillant

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Par Cynthia Martel
Marianne Letarte a défié plusieurs pronostics avec son cœur défaillant
Marianne Letarte a reçu son diagnostic en 2012. (Photo : Gracieuseté)

TÉMOIGNAGE. Marianne Letarte vit avec un cœur défaillant. Elle a survécu à deux embolies pulmonaires et à une mort imminente en plus de rencontrer divers problèmes de santé. Chaque jour, elle doit composer avec son insuffisance cardiaque, une maladie chronique complexe en croissance chez les Québécois, notamment les femmes.

Marianne Letarte de Drummondville souffre d’une cardiomyopathie dilatée avec une fraction d’éjection de 30 %, une maladie génétique dont son frère en est atteint également. Après avoir été faussement déclarée dépressive en 2011, Mme Letarte a reçu son diagnostic en 2012.

«À cette époque, je jouais régulièrement au tennis, j’avais un emploi, j’adorais me rendre à des 5 à 7, bref, j’avais une vie active. En 2012, j’ai commencé de plus en plus à avoir des essoufflements, de drôles de manifestations, mais je ne m’y attardais plus ou moins. Ça devenait de plus en plus difficile de jouer au tennis, Un jour, je suis tombée à genou et je me suis mise à pleurer, car je ne comprenais pas pourquoi je manquais toujours de souffle. Au printemps 2012, j’avais 50 ans, j’ai été déclarée dépressive. J’ai passé neuf jours à l’hôpital, on essayait de me traiter jusqu’au moment où un psychiatre a dit qu’il ne comprenait pas ce que je faisais là. On a alors décidé de me passer une échographie du cœur. La technicienne a échappé la machine à terre lorsqu’elle a vu les dommages à mon cœur. À partir de ce moment, ç’a été le branle-bas de combat», se souvient-elle.

Transférée d’urgence au centre hospitalier de Sherbrooke, Mme Letarte est rapidement devenue une priorité sur la liste des futurs greffés du cœur, mais d’autres problèmes la guettaient.

«J’ai resté là deux mois et demi, dont plusieurs jours aux soins intensifs. Du jour au lendemain, je suis devenue enflée d’eau et je ne parvenais plus à bouger, même à lever la tête. Je n’avais plus de pression, au moindre geste, mon cœur partait en folie. Entre-temps, on m’a trouvé une masse au rein. On ne me donnait plus longtemps à vivre», se remémore-t-elle.

Mme Letarte a pu rentrer chez elle malgré ces mauvaises nouvelles. Son mari et ses enfants avaient tout réaménagé sa maison pour faciliter les soins dont elle avait besoin. Le 30 septembre 2012, elle rentre à nouveau d’urgence à l’hôpital. C’est à ce moment qu’elle a affronté la mort.

«On a réussi à me réanimer. On m’a immédiatement intubé et mis dans le coma. Les médecins avaient peu d’espoir que je revienne sans séquelles graves, mais le lendemain, j’ai repris sur moi. On m’a alors installé un pacemaker défibrillateur. J’ai donc pu faire mon petit bonhomme de chemin. Dans l’état que mon cœur était, c’est incroyable qu’aujourd’hui je suis encore en vie, car habituellement, deux ans maximum après ce type d’événement, les gens décèdent», raconte la sexagénaire.

À partir de ce moment, des suivis au semaine étaient nécessaires.

«Un jour, il y a un docteur congolais qui a changé toute la direction de mon histoire de vie. Il m’avait dit : « Il faut faire une autre investigation pour votre rein et votre cœur, c’est au-delà de nos connaissances ». Il a réussi à me trouver un urologue-oncologue à l’hôpital Saint-Luc», indique-t-elle.

S’ensuivent une série de tests. Contre toute attente, Marianne Letarte défie les pronostics : le 19 décembre, aucune trace de la masse au rein n’est visible. Le cancer s’est dissipé.

«Les médecins ne comprennent pas pourquoi. Est-ce un miracle? Je ne sais pas», affirme en toute gratitude la principale concernée, qui avalent une vingtaine de pilules quotidiennement.

Les cardiologues l’ont ensuite suivie pendant quatre ans en prévision d’une transplantation cardiaque, mais elle était suffisamment stable pour ne pas en subir une, notamment en raison de son pacemaker et de médicaments.

«Les professionnels autour de moi me surnomment la bibitte rare! lance-t-elle en rigolant. Reste que j’ai développé toutes sortes de problèmes de santé à cause des médicaments. J’ai notamment été atteinte d’hépatite médicamenteuse», fait-elle savoir, en indiquant toutefois que la recherche et les expérimentations peuvent porter fruit. «Parce que les gens donnent pour la recherche, moi, j’ai pu avoir accès à des médicaments que mon frère n’a pas pu avoir droit 15 ans plus tôt.»

Reconnaissante

Malgré toutes les épreuves qu’elle a dû subir et une vie au ralenti, Marianne Letarte se dit reconnaissante.

«Je pourrais qualifier ma vie de très très plate, mais je ne le ferai pas. La fois où je ne pouvais plus bouger et que je suis retournée à la maison, mon but à ce moment, c’était de pouvoir me lever, me faire un café et d’aller le boire sur la galerie en me berçant au son des oiseaux. Je m’étais dit que si j’y arrivais, je serais tellement contente. Je fais maintenant plus que ça, même si je suis souvent couchée. Je fais mes commissions, vais au restaurant… J’ai même réussi à aller à Cuba et au Mexique», détaille-t-elle.

«Je suis vivante, c’est ce qui compte le plus. Lorsque je déprime, je me ressaisis en pensant à mon objectif du café», soutient la Drummondvilloise.

Au cours de la dernière année, Marianne Letarte a perdu 15 % de sa fraction d’éjection. Sa condition et sa bonne forme physique permettent maintenant de figurer parmi les prochaines personnes à recevoir un nouveau cœur.

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