Troubles du comportement alimentaire : une réalité aussi masculine

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Par Emmanuelle LeBlond
Troubles du comportement alimentaire : une réalité aussi masculine
Le diagnostic est plus complexe à poser chez les hommes et il est difficile à accepter. (Photo : Unsplash)

SANTÉ. Contrairement à la croyance populaire, les troubles du comportement alimentaire touchent à la fois les femmes et les hommes. Puisque de tels diagnostics sont méconnus auprès de la gent masculine, la plupart d’entre eux passent sous le radar. Pourtant, la problématique est bien réelle.

D’après les dernières études, environ 10 % des hommes souffrent d’anorexie mentale, tandis que 20 % sont boulimiques. Les troubles du comportement alimentaire qui sont le plus fréquents chez l’homme sont l’hyperphagie boulimique et la bigorexie. L’un se manifeste par des crises de suralimentation; l’autre se mesure par le surentraînement.

«Les troubles du comportement alimentaires sont très féminisés dans notre société. On les associe beaucoup aux femmes. Par conséquent, on va sous-dépister les troubles alimentaires chez les hommes», affirme Marilou Ouellet, docteure en psychologie et chercheuse sur les troubles du comportement alimentaire au groupe de recherche Loricorps associé au Centre de recherche de l’Institut de santé mentale de Montréal.

Pour les professionnels de la santé, le diagnostic est plus complexe à poser et, chez les hommes, il est difficile à accepter. «Si le garçon découvre qu’il a un trouble du comportement alimentaire, ça peut prendre du temps avant qu’il décide de consulter parce que c’est vécu avec beaucoup de honte. On est dans une société qui normalise le surentraînement et qui est obsédée par les ‘’saines’’ habitudes de vie», soutient-elle.

Les causes

Les troubles du comportement alimentaire peuvent être causés par une multitude de facteurs, qui vont mener à une focalisation excessive de l’apparence physique. «On va parler de facteurs de risque biologique, psychologique et social. Certains traits de personnalité se ressemblent d’une personne à l’autre comme le perfectionnisme et l’impulsivité. Ils peuvent aussi avoir une difficulté avec la gestion de leurs émotions et avoir des troubles anxieux», énumère Marilou Ouellet.

D’après l’experte, environ 6 % de la population du Québec est atteinte d’un trouble de comportement alimentaire, tandis que 30 % présentent des insatisfactions corporelles, sans avoir un diagnostic officiel. «Ils vont avoir des compulsions alimentaires. Ils ne vont pas nécessairement consulter pour un trouble du comportement alimentaire. Ils sont tout de même dans une grande détresse.»

Depuis deux ans, les demandes d’aide ont explosé. Plusieurs personnes ont perdu leurs repères et elles doivent s’adapter à un nouveau rythme de vie.

Loricorps

Loricorps a été fondé en 2011 à l’Université du Québec à Trois-Rivières. C’est la seule ressource en matière de troubles du comportement alimentaire, entre Montréal et Québec. Ceux qui souffrent de telles maladies sont pris en charge par un groupe de professionnels qui travaillent en transdisciplinarité. Médecin, infirmière, ergothérapeute, physiothérapeute, nutritionniste et psychologue sont présents pour soutenir les patients.

«Au-delà des professionnels cliniques, il y a les chercheurs qui vont travailler de façon à intégrer les données probantes issues de la recherche scientifique aux interventions», indique Marilou Ouellet.

Pour répondre à la demande, Loricorps mène un projet de recherche qui réunit une partie des spécialistes des troubles du comportement alimentaire au Québec et en France. L’objectif? Trouver des solutions pour rejoindre la population et leur apporter une aide.

 

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