TRANSPORT. Depuis le 15 janvier, la vaccination est devenue obligatoire pour tous les camionneurs transfrontaliers canadiens. Les solutions sont limitées pour combler le manque à gagner pendant que l’Association du camionnage du Québec (ACQ) tente de gagner du temps auprès du gouvernement fédéral.
Au Groupe TYT de Drummondville, on compte sur une quarantaine de chauffeurs qui doivent fréquemment traverser la frontière du Canada et des États-Unis. Directeur des ressources humaines, Éric Bousquet se considère chanceux de n’avoir que deux personnes touchées par cette mesure dans son équipe.
«On n’a pas réellement d’impacts en raison de cette obligation si l’on se compare à d’autres transporteurs, dont, ce que je comprends, ont un manque de chauffeurs doublement vaccinés. Nos chauffeurs qui ne remplissent pas cette exigence seront relocalisés sur d’autres transports tant et aussi longtemps qu’on aura cette mesure à la frontière», a commenté M. Bousquet.
Les solutions à court terme demeurent plutôt limitées pour compenser la perte de chauffeurs. «Le seul compromis qu’on a au transport routier serait le transport ferroviaire. Cependant, ce ne sont pas tous les clients qui voudront migrer vers ce type de transport. Il y a aussi une limite au nombre de wagons disponibles. Il y a des limites logistiques à ce qu’il est possible de faire», a ajouté Éric Bousquet.
«Il n’y a pas beaucoup de solutions. Pour transférer un chauffeur qui va habituellement aux États-Unis sur des routes locales, il faut que l’organisation de la clientèle de l’entreprise le permette. Les solutions à la pénurie de main-d’œuvre sont de favoriser l’entrée de jeunes dans le métier en améliorant les conditions de travail et faciliter l’arrivée de travailleurs immigrants», a renchéri Marc Cadieux, président-directeur général de l’ACQ.
Délai supplémentaire
L’ACQ milite depuis l’annonce de cette mesure pour que le gouvernement donne un peu plus de temps à l’industrie pour vacciner plus de camionneurs. En effet, Marc Cadieux estime que l’industrie du camionnage est le reflet de la société en matière de vaccination contre la COVID-19. Cependant, certaines entreprises ont d’excellents chiffres de vaccination, comme le Groupe TYT, alors que d’autres voient des dizaines de leurs chauffeurs être privés de traverser la frontière.
«Notre but n’est pas d’être exemptés, mais plutôt d’aller chercher une prolongation pour obtenir un meilleur pourcentage de chauffeurs vaccinés», a indiqué M. Cadieux
L’ACQ signale que les impacts seront perçus plus loin que les tablettes des magasins. L’industrie manufacturière, entre autres, pourrait se retrouver à manquer de matière première pour fabriquer ses produits.
«S’il y a un maillon qui est rompu, c’est l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement qui est affecté. Si l’industrie manufacturière ne reçoit pas les matières premières dont ils ont besoin, il y aura des travailleurs qui ne pourront pas continuer d’exercer leur métier. Il y aura certainement des ruptures et des retards. Aussi, lorsque les tablettes des magasins sont moins garnies, les consommateurs peuvent avoir tendance à vouloir stocker davantage, ce qui déséquilibre les systèmes d’inventaires et d’approvisionnement puis crée la pénurie», a dit M. Cadieux.
Ce dernier prévient que le mur approche et qu’il sera assurément frappé si rien n’est fait.
L’Express a tenté de joindre TFI International, qui est gestionnaire de SGT 2000 de Saint-Germain-de-Grantham, et Transport Bourret de Drummondville. TFI international a décliné la demande de commentaires alors que Transport Bourret n’y a pas donné suite au moment de publier.