ÉDUCATION. Pour la plupart des parents, l’enseignement à distance représente une charge de travail colossale. Planification des cours virtuels. Supervision des enfants. Gestion du matériel informatique. Ces tâches sont difficiles à concilier avec un emploi à temps plein. Regard sur des familles de la MRC de Drummond qui se sont adaptées en un temps record.
Marie-Pier Bessette habite à Saint-Bonaventure avec son conjoint et ses cinq enfants. L’aînée est en sixième année, la cadette est en quatrième année, le suivant est en deuxième année, la quatrième est à la garderie et le benjamin est âgé de huit mois.
D’après la mère de famille, l’organisation est la clé de la réussite. Avec l’école à la maison, la situation se complexifie. S’étant retrouvée devant un casse-tête, Mme Bessette soulève une question.
«J’ai trois enfants à organiser avec du temps d’écran. J’ai reçu le dernier plan de travail jeudi à 18h. Pourquoi ces horaires-là n’ont pas été envoyés en avance aux parents? Ils sont prêts depuis le début de l’année scolaire. Ça aurait pu être envoyé avant le départ des vacances», souligne-t-elle.
Chaque enfant a un plan de travail différent. La veille du retour en classe, Marie-Pier Bessette a créé un fichier Excel, question d’établir un horaire précis pour tous les membres de la famille.
Supervision constante
Vendredi. 8 h 40. Les trois écoliers sont devant leur écran d’ordinateur, prêts à entamer leur journée. Ils ont tous leur propre espace de travail. «On a la chance d’avoir une maison spacieuse. J’ai un garçon qui est en processus de diagnostic de TDA. Pour qu’il puisse se concentrer, il ne faut pas qu’il y ait trop de mouvements autour de lui.»
Pendant les cours, Marie-Pier Bessette se rend disponible pour ses enfants. Si sa grande fille est capable d’être autonome, son garçon a besoin d’être surveillé. «Quand il ne comprend pas, il a le réflexe de me poser des questions. Même si les professeurs en font beaucoup, ça prend un parent pour superviser les enfants», explique-t-elle.
Pour la Bonaventuraine, l’enseignement à distance représente une responsabilité à temps plein. Elle ne s’en plaint pas. En étant en congé de maternité, Marie-Pier Bessette se réjouit d’avoir un tel contact avec ses enfants. «Ça me permet de passer du bon temps avec eux. J’ai la possibilité, la capacité et l’énergie de le faire. Je suis consciente que ce n’est pas le cas de tout le monde.»
Conciliation avec le travail
À Saint-Pie-de-Guire, Laurence Lavoie se charge de l’enseignement à distance. Parmi ses quatre enfants, trois d’entre eux suivent des cours en ligne à l’école primaire Saint-Bonaventure. «Je dois gérer les enfants avec la petite qui n’est pas à la garderie. Je suis en télétravail. Mon horaire de travail est le matin avant que les enfants se lèvent et le soir lorsqu’ils sont couchés. Il n’y a aucun moyen de faire du télétravail en gérant trois classes différentes en même temps», exprime-t-elle.
Les enfants ont su s’adapter à cette nouvelle routine. Sa plus jeune fille, qui est en maternelle, s’est connectée en visioconférence pour la première fois. Dès le premier jour, elle était capable de lever et baisser sa main virtuellement, tout en ouvrant et en fermant son micro. «Je la trouvais super bonne», commente Laurence Lavoie, avec fierté.
Avec chance, tous les écoliers ont accès à une connexion Internet de qualité. «On a été branché à la fibre optique l’été dernier. Avant ça, jamais notre Internet n’aurait pu rouler avec trois rencontres Teams en même temps, plus une connexion en télétravail pour moi et un film sur Netflix pour la petite.»
Motivation à l’école
L’organisation scolaire est un peu différente chez Valérie Lussier. Ses deux enfants doivent être connectés pendant 30 minutes, deux fois par jour. «Pour eux, c’est super parce que ça assure une certaine continuité. Pour les parents, c’est plus difficile. Je suis directrice et je gère une équipe. Je peux faire du télétravail, mais je dois aussi aller au bureau. Avec quatre rencontres dans la journée, c’est plus compliqué», soutient celle qui a également une petite fille d’un an.
Les cours en ligne ne sont pas populaires dans la maisonnée. Les enfants sont démotivés, observe Valérie Lussier. Par exemple, son jeune garçon qui est à la maternelle avait hâte de se connecter pour voir ses amis. Après quelques minutes, il était plutôt désintéressé par la situation.
Le scénario se répète avec son fils en deuxième année qui a un trouble du spectre de l’autisme (TSA). «C’est sûr que c’est un défi avec lui parce qu’il n’aime pas ça aller à l’école à la base. Aller le porter à l’école, c’est déjà un défi. À la maison, il doit se connecter sur Teams et il a une pile d’exercices à faire au courant de la journée», raconte-t-elle.
«Ce matin, c’était à son tour de parler devant la caméra et il est parti en courant dans la maison. Le temps que je le rattrape, la professeure est passée à une autre personne», poursuit-elle. Pour remédier à la situation, Valérie Lussier use de plusieurs stratégies, comme le système de récompenses.
Rappelons qu’à ce jour, le retour en classe des élèves est prévu pour le 17 janvier. D’ici là , les parents devront faire preuve de patience. Pour sa part, Valérie Lussier est réaliste.
«Je suis une personne optimiste, mais je sais que ça va être une semaine extrêmement dure. Je sais que je vais finir la semaine complètement exténuée. La semaine va passer en un clin d’œil. Je sais que ça va être difficile et je me le dis pour me préparer», conclut-elle.