MAGAZINE. Plus jeune, Amy Gardner adorait aller à l’aréna pour voir son père Dave arbitrer. Il ne faut donc pas s’étonner si, aujourd’hui, elle a suivi ses pas en devenant elle-même officielle au hockey.
Dave Gardner a amorcé son parcours comme officiel à l’âge de 24 ans. Il a toujours été passionné de hockey. Il faut dire que son paternel était lui aussi un homme zébré. «J’ai toujours été dans l’entourage des arbitres. Lorsque je vais voir un match, je trouve ça loufoque un peu, je regarde les chandails rayés au lieu de regarder le jeu. J’ai toujours aimé l’implication des arbitres, peu importe le sport. Ça m’a amené à me diriger dans cette direction», raconte-t-il.
De son côté, Amy se qualifie de fille à papa. En effet, Dave l’a souvent entraînée comme joueuse. Et elle le lui rendait bien en l’encourageant à son tour lorsqu’il travaillait sur la patinoire. «J’ai grandi entourée d’arbitres. Quand j’étais plus jeune, lorsqu’une fille nous arbitrait, c’était le fun. Tout ça m’a poussé à endosser ce rôle», témoigne Amy qui a débuté dans le métier à l’âge de 17 ans.
D’ailleurs, l’un des objectifs d’Amy serait d’arbitrer du hockey féminin de haut niveau. Un souhait qu’elle aurait pu réaliser au printemps 2020 alors qu’elle devait être officielle et disputer comme joueuse la Coupe Dodge féminine, un événement qui devait se tenir à Drummondville.
«Ça serait mon objectif d’être officielle lors d’une Coupe Dodge et ensuite de faire des compétitions provinciales. Comme joueuse, les plus jeunes nous ont observées et on a pu leur servir de modèle. J’aimerais exercer une influence semblable comme arbitre. Si je peux en inspirer quelques-unes à l’essayer, ça me ferait plaisir», exprime celle qui est aussi étudiante en gestion de commerces au Cégep de Drummondville.
Le duo père fille est sur la même longueur d’onde : le poste d’arbitre permet d’encadrer une partie. Dave et Amy se réjouissent de pouvoir permettre la tenue d’un match et ils adorent accompagner les plus jeunes joueurs, qui commencent à peine à jouer, dans leur compréhension du jeu.
«Ce n’est pas une question de pouvoir ou d’être la police. Nous souhaitons que le jeu ait lieu dans le meilleur environnement et de la façon la plus sécuritaire possible pour les joueurs. J’ai autant de plaisir à faire un match novice et leur expliquer le hors-jeu, qu’une partie junior où les joueurs sont plus arrogants», explique Dave.
D’ailleurs, au hockey masculin, il est plutôt rare qu’une femme officie une partie. Amy se fait donc un malin plaisir à défaire les stéréotypes sur la patinoire. «Quand j’arrive à l’aréna, ça fait parler les gens lorsque c’est une fille qui arbitre. Je n’hésiterai pas à séparer deux joueurs plus grands que moi qui se bousculent. J’aime leur montrer que les filles ont leur place comme arbitre», lance-t-elle.
Changer les perceptions
Chacun a été joueur avant d’enfiler le chandail rayé. Ce passage de l’autre côté a, en effet, changé leurs perceptions du travail des officiels. Cela leur a permis de donner un autre sens à la présence des arbitres dans le sport.
«J’avais un méchant caractère sur la glace. Puisque mon père était arbitre, chaque fois que je recevais une pénalité, je savais que j’avais fait quelque chose qui n’était pas correct. Avec mon expérience comme joueuse, ça me permet de mieux accepter le fait que les gens peuvent critiquer notre travail. Ça m’a fait réaliser que de critiquer un arbitre, ça ne donnera rien», ajoute la jeune femme de 19 ans.
À Drummondville, ils sont plusieurs duos pères-fils à exercer le rôle d’arbitre. Cependant, Dave et Amy constituent l’unique duo père-fille du coin, bien qu’ils n’ont eu qu’une seule occasion d’arbitrer un match ensemble. L’événement s’est déroulé quelques semaines avant le confinement de mars 2020.
«Nous étions tous les deux juges de lignes. Avant la partie, il y avait de la nervosité et de la fébrilité, mais, en premier lieu, on voulait avoir du plaisir ensemble. Pendant le match, une bagarre a éclaté devant moi et mon père est venu m’aider à séparer les deux joueurs. Je me rappelle, il m’a fait un clin d’œil à ce moment», raconte la jeune arbitre. Le duo affirme avoir hâte de répéter l’expérience ensemble.
D’ailleurs, pour ce duo d’officiels père et fille, un bon arbitre doit éprouver du plaisir sur la glace. Il est à l’écoute, empathique et demeure juste envers chaque équipe. De plus, la personne doit être persévérante, car plusieurs abandonnent la position après quelques saisons, et ce, en raison de la critique.