COMMUNAUTÉ. Des jeunes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme ont récemment entrepris ce qui doit être leur plus gros projet de vie. Ils ont maintenant un chez-soi bien à eux grâce à la Maison Normand-Léveillé.
Félix-Antoine, 23 ans, est parmi l’un des premiers locataires de ce nouvel immeuble inauguré le 13 décembre. Cette nouvelle aventure est empreinte de fierté, de petits bonheurs et de sérénité pour lui.
«Je me sens vraiment beaucoup plus chez moi. Je me sens tranquille ici. Ça fait du bien d’avoir un réseau d’amis et j’aime qu’il y ait toujours quelqu’un de disponible pour répondre à nos questions et inquiétudes, c’est rassurant», affirme-t-il.
Les jeunes qui intègrent la Maison Normand-Léveillé ont tous pris la décision par eux-mêmes de devenir locataire. Il s’agit d’un des principaux critères pour avoir droit au service. Pour Félix-Antoine, le désir de gagner en autonomie a motivé son choix.
«Je voulais avoir plus d’autonomie. Je ne voulais plus nécessairement dépendre de mes parents pour pouvoir faire ma vie en quelque sorte. J’apprends encore – surtout à faire la cuisine – mais j’ai pris la bonne décision, je me sens bien», fait savoir celui qui est atteint du trouble du spectre de l’autisme.
Même son de cloche pour Miguel, 21 ans, atteint de trisomie 21 : «C’est tranquille ici, je me suis fait beaucoup d’amis. J’apprends à être plus autonome. J’aime entretenir mon appartement», indique celui qui a quatre emplois, dont celui d’entretien ménager dans un hôtel.
L’aboutissement
Pour Jocelyne Bérubé, présidente de la Maison Normand-Léveillé, il s’agit de l’aboutissement d’un projet unique et ambitieux de longue date.
«C’est un beau moment qu’on vit aujourd’hui ensemble. Le début de cette grande et belle réalisation a débuté par une phrase chargée d’émotion d’un parent en 2005 : « Qu’est-ce qui va arriver à mon enfant quand je ne serai plus là? » L’inquiétude du parent m’a profondément touchée, car ce n’est pas drôle d’avoir cette pensée. Ce fut l’élément déclencheur pour le projet de la Maison Normand-Léveillé. L’objectif était d’offrir la possibilité à des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme d’avoir un milieu de vie qui les aiderait à se réaliser, à s’épanouir, afin de jouir d’une existence la plus agréable possible. Ces jeunes-là, ils ont droit de rêver comme monsieur et madame Tout-le-Monde, à avoir leur propre chez eux», a-t-elle exposé lors de la conférence de presse.
Les intervenantes peuvent d’ailleurs confirmer que l’objectif est déjà atteint : «Ça paraît dans leur sourire, leurs paroles et leur comportement qu’ils sont vraiment heureux d’être ici. Ça me rend heureuse de les voir s’épanouir en dehors de leur nid familial. Je trouve ça génial de voir qu’on peut permettre ça à de telles personnes», a souligné l’une d’entre elles, Juliette.
Située sur le vaste site du Centre Normand-Léveillé, cette nouvelle infrastructure représentant un investissement de 3,8 M$ compte 18 logements de 3 pièces et demie, un espace cuisine ainsi qu’une salle communautaire pour les activités et l’encadrement des locataires. Dix-sept personnes peuvent bénéficier des services adaptés à leurs besoins. Un intervenant demeure également sur place toutes les nuits afin d’assurer une surveillance 24 heures sur 24.
«Pour les parents, c’est un soulagement, car ils savent que leur enfant a un projet de vie en étant locataire, et ce, dans un lieu supervisé. C’est unique comme projet», s’est dit d’avis Mme Bérubé, indiquant que le recrutement de ressources s’est fait facilement. «On n’a pas eu de difficulté de ce côté-là, contrairement à nos camps de répit, car comme il s’agit d’un projet unique, tous les intervenants, les étudiants veulent vivre l’expérience, connaître l’endroit.»
La Société d’habitation du Québec (SQH) a investi plus de 1,6 M$ dans ce projet par l’entremise d’AccèsLogis Québec. Pour sa part, la Ville de Drummondville y contribue pour une valeur de 350 000 $ par le don du terrain et un rabais de taxes. Parmi les importants contributeurs à ce projet, notons la Fondation Normand-Léveillé et la caisse Desjardins de Drummondville, qui ont chacune donné 150 000 $.