SPORT. Quadraplégique depuis six ans, Marc Lamontagne a toujours été actif. Pour lui, il n’était pas question que sa nouvelle condition l’empêche de faire du sport. C’est alors qu’il a eu l’idée d’adapter les sentiers du parc du Sanctuaire de Saint-Majorique-de-Grantham pour y pratiquer le fauteuil roulant tout terrain.
Le secteur du parc du Sanctuaire se veut un endroit tout désigné pour débuter la pratique du fauteuil roulant aussi dit extrême. Le parc ne propose pas de dénivelés démesurés et plusieurs sentiers sont déjà aménagés pour la marche. Le sport consiste à se déplacer dans des sentiers, où les gens marchent, qui seront plus accidentés selon le calibre de l’athlète. L’objectif est de retirer le sentiment de limite des personnes en fauteuil roulant.
«C’est l’une des plus belles places, sans devoir faire beaucoup de modifications, pour faire du fauteuil roulant. Il y a une piste plus cahoteuse, mais aussi une piste facile. Ce qui est plaisant à Drummondville, c’est que c’est plat. Pour le moment, on n’a pas encore fait de modifications ou d’adaptations importantes aux sentiers, mais il y a de quoi s’amuser en masse. Je n’ai pas eu de commentaires comme quoi certains ont eu de la difficulté ou quoi que ce soit encore», indique M. Lamontagne.
L’un des défis auquel il devra faire face sera de faire connaître le parcours. Les sentiers sont accessibles depuis le début de la saison estivale alors que M. Lamontagne a installé des écriteaux qui identifient les sentiers où les fauteuils roulants peuvent se déplacer. Ce Drummondvillois d’origine vise à développer ce genre de sentiers partout au Québec et le parc du Sanctuaire représente, pour lui, l’endroit idéal où amorcer ce projet.
«Nous sommes plusieurs qui aimaient conduire des véhicules tout terrain avant d’être blessé. Ensuite, on sort de l’hôpital, on se retrouve dans un fauteuil et on ne peut plus rien faire. J’essaie de faire sortir le monde le plus possible. Il y a deux façons de penser. Il y a ceux qui poussent à aller jouer dehors et essayer de nouvelles choses et ceux qui préfèrent qu’on fasse attention. Il faut trouver un juste milieu. D’un autre côté, ce n’est pas un sport que je recommande de faire seul», explique Marc Lamontagne. Ce dernier signale qu’il est toujours accompagné lors de ses sorties, au cas où il aurait besoin de quelqu’un pour lui donner un coup de main.
Aménagements supplémentaires
D’ailleurs, quelques endroits demeurent inaccessibles dans le parc où les fauteuils ne peuvent pas s’aventurer. À ces endroits, il serait nécessaire de faire quelques modifications ou de construire des passerelles. Au total, il y a actuellement une vingtaine de kilomètres où il est possible de circuler en fauteuil roulant.
Pour réaliser ces aménagements, Marc Lamontagne signale qu’une aide municipale est nécessaire. Il ajoute que certaines municipalités se sont procuré quelques fauteuils adaptés, disponibles en location, pour permettre aux gens d’essayer le sport sur leur territoire. À ce propos, le Drummondvillois de 36 ans prévoit effectuer des demandes d’aide prochainement auprès des instances municipales.
Avec la saison hivernale qui s’amorce, Marc Lamontagne assure que les sentiers seront toujours praticables pour les fauteuils roulants. «On va avoir un fauteuil style fatbike pour l’hiver. J’aimerais pouvoir le rendre disponible à la location à un endroit à Drummondville pour que les gens puissent aller le chercher et l’utiliser où ils le voudront», précise M. Lamontagne. Il ajoute que des skis peuvent être combinés à d’autres fauteuils pour qu’ils puissent circuler plus facilement dans la neige.
Afin de permettre au plus grand nombre de gens profiter de la nature, Marc Lamontagne a lancé sa propre entreprise, il y a deux ans, qui vend des fauteuils, vélos et rampes d’accès pour personnes en fauteuil roulant.
Appui de Saint-Majorique
Se disant toujours à l’écoute des idées d’activités innovantes, la municipalité de Saint-Majorique-de-Grantham a entendu la proposition de Marc Lamontagne. Lorsque ces propositions s’insèrent dans les plans de la municipalité et requièrent des investissements raisonnables, la municipalité se fait une obligation de les considérer.
«Lorsque M. Lamontagne nous a présenté l’initiative, tous les gens présents au conseil municipal considéraient que celle-ci rejoignait nos objectifs d’accessibilité des sentiers pour toutes personnes fréquentant le parc. De plus, nous souhaitions que les sentiers rejoignent une clientèle active ou sportive à longueur d’année ou qui donnent le goût à la population de bouger un peu plus tout simplement», a commenté la mairesse de Saint-Majorique, Line Fréchette, dans un échange de courriels.
Saint-Majorique estime que les aménagements qui ont été réalisés pour les fauteuils roulants peuvent représenter un élément distinctif du secteur. «Nous démontrons que même les petites municipalités avec des budgets limités, et avec un peu d’aide extérieur, sont en mesure d’accomplir des gestes concrets envers les personnes handicapées et leur famille. Certes, il y a encore beaucoup à faire mais les projets du secteur du Sanctuaire s’inscrivent dans une approche de développement à long terme, un projet à la fois, année après année», a poursuivi la mairesse.
Finalement, la municipalité entend faire connaître les parcours qui ont été aménagés par différents moyens de communication dans l’objectif d’attirer des gens de l’extérieur dans le secteur du Sanctuaire et la Forêt Drummond.