POLITIQUE. Stéphanie Lacoste ne s’en est jamais caché. Elle s’est lancée comme conseillère municipale la première fois en 2015 avec un sentiment d’imposteur. Depuis, elle a fait sa place sur l’échiquier municipal. Aujourd’hui, elle dirige une ville de quelque 79 000 âmes.
Le 7 novembre dernier, les citoyens lui ont ouvert toutes grandes les portes du bureau de l’hôtel de ville, la nommant mairesse de Drummondville. «Avec le résultat de l’élection, je ne me sens plus comme une imposteur. Mais je me sens imputable. Je veux être à la hauteur de la confiance qu’on m’a accordée. Et pour moi, ce n’est pas une phrase creuse, mentionne Stéphanie Lacoste. Je ne suis pas une femme connue. Donc, que les gens aient pris la peine de sortir et d’aller voter pour moi, c’est précieux.»
Lundi 15 novembre. La première magistrate entame sa première journée officielle à la maison du citoyen. Assise à son bureau, elle est à la fois humble, fébrile et calme. «Je suis encore sur l’adrénaline et je pense que je vais l’être jusqu’au 24 décembre. C’est mon objectif, le 24 décembre : je dors», lance-t-elle.
Depuis l’annonce de sa victoire, la mairesse cumule les formations, les rencontres et… encore les rencontres. Son agenda est chargé. «Il y a tellement de choses à apprendre, de monde à connaître. J’aime ça!»
À peine trois jours plus tôt, Stéphanie Lacoste était assermentée. Elle a prêté serment, signé le livre d’or de la Ville, et ce, au nom de la 24e mairesse – et deuxième femme – de l’histoire de Drummondville. Pourtant, au même moment, le stationnement réservé à la mairie à l’hôtel de ville était vide. «Tout le monde s’inquiétait à savoir où était ma voiture. Ça fait six ans que je la stationne ailleurs. Je n’y ai juste pas pensé. C’est l’habitude», rigole-t-elle.
Après la cérémonie, la mairesse nouvellement assermentée avait réservé un moment avec ses proches. «J’ai fait un pique-nique dans mon bureau avec mes parents, mes deux plus jeunes et mon agente officielle Vicky Martel», sourit-elle.
Son bureau. Il ne serait pas surprenant d’y voir apparaître quelques plantes. Stéphanie Lacoste a le pouce vert. Chose certaine, elle trouvera une place de choix pour afficher un portrait de sa famille – de ses trois fils, Félix-Antoine, Marc-Olivier et Louis-Philippe, respectivement 12, 15 et 18 ans. «Les enfants, c’est fabuleux. Ils te gardent très ancré dans le présent. Quand j’ai remporté les élections, ils m’ont dit : “Félicitations, maman, on est super fiers de toi. Qu’est-ce qu’on mange pour souper?”, rapporte-t-elle en riant.
Pour concilier vie professionnelle et personnelle, la femme de 42 ans se dit bien entourée. «Mon chum en prend beaucoup. Il est un excellent papa. Mes parents nous aident beaucoup aussi. Ils sont proches des garçons», souligne la mère, qui s’est impliquée dans le milieu de l’éducation au cours des dernières années.
D’ailleurs, elle souhaite poursuivre cette implication, à sa façon. Elle s’est donnée comme mission d’intéresser davantage les jeunes adultes à la politique municipale. «Pas seulement parce que ce sont des jeunes, mais parce qu’ils ont une autre façon de penser. C’est rafraîchissant», soutient-elle.
Elle rappelle qu’un conseil jeunesse entrera en poste prochainement. «Les décisions qu’on prend maintenant vont les affecter quand ils seront en âge de voter. C’est important d’avoir leur opinion. C’est aussi de l’éducation. On leur apprend à être de bons citoyens.»
Jeu d’équipe
Lundi 22 novembre. 8h30. Stéphanie Lacoste est à son bureau, expresso à la main, toujours aussi fébrile et posée que lorsque rencontrée une semaine plus tôt. Elle discute de la composition des comités avec Julie Létourneau, conseillère municipale du district 9. Les deux femmes échangent, parlent de leurs enfants. L’ambiance est conviviale. «On apprend à se connaître», dit-elle.
La réunion prend fin. «Si tu as des questions, tu peux m’écrire ou m’appeler», lance la première magistrate à la conseillère municipale.
9h. Le directeur général de la Ville, Francis Adam, a rendez-vous avec la mairesse. Les deux devront travailler de pair durant les quatre prochaines années. «Ça va super bien. J’ai une très grande confiance en son expertise et son analyse. Et il me connaît assez pour savoir que quand je le challenge, c’est simplement parce que j’ai des questions et que je veux avoir des réponses pour mieux comprendre les dossiers», fait savoir l’ancienne conseillère municipale du district 10.
Avant de s’installer, Stéphanie Lacoste retourne à la cafetière. Elle revient avec deux expressos. Un pour elle, un pour le directeur général. «J’adore le café. J’ai la chance de pouvoir en boire à n’importe quelle heure de la journée sans que ça m’empêche de dormir le soir», indique-t-elle.
La rencontre s’annonce occupée. «On va discuter de dossiers qui touchent entre autres le développement du centre-ville et le développement économique», informe Francis Adam. Le directeur du Service des ressources humaines à la Ville, Marc St-Germain, se joint à eux. Derrière les portes closes, ils discutent de l’embauche du directeur de cabinet à la mairie. Un secret de Polichinelle.
Les rencontres et les cafés s’enchaînent toute la matinée. Réunion avec la conseillère municipale Carole Léger, puis avec le directeur général de la MRC de Drummond, Gabriel Rioux et la directrice par intérim de la Société de développement économique de Drummondville (SDED), Julie Biron.
12h. La mairesse de Drummondville se dirige vers L’Établi brasserie urbaine pour le 30e spaghetton au profit de la Société canadienne du cancer. Elle rejoint Carole Léger, Yves Grondin, Alexandre Desbiens, Cathy Bernier, Catherine Lassonde et Sarah Saint-Cyr Lanoie. Des citoyens viennent saluer la première magistrate. «Les gens viennent me voir, me parler. Ils sont super gentils. Ça fait drôle, je ne m’habitue pas! Mais, je prends ça très précieusement», mentionne-t-elle.
13h15. Les membres du conseil municipal se préparent à assister à l’atelier de travail. Dans la salle Drummondville, ils s’installent à leur place respective, séparée par des plexiglass. Ils se saluent, discutent. Certains jettent un coup d’œil à leurs courriels ou regardent les documents de travail. Stéphanie Lacoste profite des minutes restantes pour se préparer un thé chaï à la cannelle.
Tous les élus sont présents. Le directeur général et la greffière aussi. Seul le siège du directeur du cabinet est vacant, la nomination de Dominic Martin ayant été annoncée le soir même en séance publique. «Bienvenue! Ce soir, c’est une grande première», lance Stéphanie Lacoste.
L’atelier de travail débute avec le Comité consultatif d’urbanisme. La conseillère municipale du district 3, Catherine Lassonde, qui le préside, en fait la lecture. Les dossiers se succèdent. Des élus, «nouveaux» ou «anciens», posent des questions. Des directeurs de service de la Ville apportent des explications supplémentaires.
«Les services travaillent très fort pour accompagner les citoyens», souligne Stéphanie Lacoste, après que le directeur du Service de l’urbanisme à la Ville, Denis Jauron, ait apporté des précisions sur un cas qui a cheminé, après avoir été travaillé pendant plusieurs mois.
Dossiers suivants. La conseillère municipale du district 12, Cathy Bernier, soulève des réflexions en lien avec une situation similaire à celle présentée. Isabelle Duchesne, qui a fait son entrée au conseil municipal comme conseillère du district 7, fait part d’un échange avec un citoyen durant la campagne électorale concernant un sujet à l’ordre du jour.
Idem pour Mario Sévigny, qui souhaite connaître l’historique d’un terrain qui pourrait accueillir de nouveaux logements. Stéphanie Lacoste suggère une rencontre entre le conseiller municipal du district 10 et les intervenants concernés pour discuter du dossier en long et en large.
Le temps file. Les points à l’ordre du jour sont nombreux. L’atelier de travail se poursuit tout l’après-midi, à huis clos.
19h. La nouvelle mairesse de Drummondville préside sa première séance publique du conseil municipal. Son premier mandat : définir la composition du nouveau comité exécutif et les responsabilités de chacun des élus municipaux. «Mon style de gestion, on va le découvrir au fil du temps, mais il va s’adapter aux gens avec qui je vais travailler. Je suis le genre de personne très collaborative. J’amène beaucoup d’idées, mais je suis très ouverte à celles des autres. Je suis très à l’écoute. D’autant plus qu’il y a des forces incroyables autour de la table», indique-t-elle.
20h13. La séance est levée. Après la période de questions avec les médias, la journée est bouclée. Mais, la semaine est loin d’être terminée.
Depuis huit ans, Stéphanie Lacoste est gardienne de but dans deux équipes féminines de dek hockey. Et elle n’a pas l’intention de raccrocher ses souliers. «Ça me fait tellement du bien. Ça replace les affaires. Je suis zen après une partie. Je pense que c’est bon pour tout le monde que je continue à faire du sport, blague-t-elle. Les gens comprennent l’équilibre dont on a besoin pour faire ce travail.»
Deux fois par semaine, lorsque son agenda le permettra, la mairesse se rendra au DekHockey Drummond. L’endroit même où elle a fêté sa victoire le 7 novembre. «C’est un lieu dans lequel je suis bien. C’est comme une famille. Et avec mes coéquipières, rien n’a changé», se réjouit-elle.
«Je reste la même Stéphanie et ça, pour moi, c’est important.»