EMPLOI. Une dizaine de travailleuses enceintes œuvrant dans le domaine de la protection de la jeunesse en Mauricie et au Centre-du-Québec se voit retirer leur prime COVID parce qu’elles doivent se rendre à des rendez-vous de grossesse. Une situation vivement critiquée par le syndicat.
Le 30 juillet 2021, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, formulait l’arrêté 2021-055 pour permettre qu’en centre de protection de l’enfance et de la jeunesse, une personne salariée reçoive un montant forfaitaire de 1000 $ pour quatre semaines consécutives de travail. Il s’agit d’une mesure incitative pour assurer les services dans les milieux à risques de bris de services dans le contexte de la pandémie. Toutefois, les femmes enceintes qui doivent se rendre à des rendez-vous de grossesse se voient retirer cette prime. De type «escalier» cette prime se décline en 100 $ par semaine si la personne salariée travaille à temps plein (35 heures). À cela s’ajoutent 200 $ pour deux semaines consécutives et 400 $ pour quatre semaines consécutives. Pour un rendez-vous de grossesse, les salariées enceintes peuvent perdre jusqu’à 700 $.
«Cette situation est discriminatoire envers des travailleuses enceintes qui doivent s’assurer de leur pleine santé dans une période où elles ont besoin de toute leur énergie. Il ne s’agit pas d’un caprice pour se reposer. De plus, ces rendez-vous ne durent habituellement que quelques minutes ce qui signifie des absences de très courte durée. Le CIUSSS MCQ propose pour sa part de faire du réaménagement d’horaire ce qui ajoute au stress vécu par la femme enceinte. Cela l’oblige à travailler hors des heures normales de travail dans un contexte où le repos est à préconiser pour le bien-être de la femme enceinte et du fœtus. C’est tout simplement inconcevable», dénonce dans un communiqué de presse Jean-Christophe Côté-Benoît, représentant national de l’APTS pour la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Les conditions de travail dans les centres jeunesse étant extrêmement stressantes, l’APTS MCQ a maintes fois proposé des solutions concrètes pour améliorer l’attraction et la rétention dans ce milieu. Or, les conditions de cet arrêté ministériel viennent ajouter à ces femmes un sentiment d’injustice qui ne les encourage pas à rester dans ce milieu, juge le syndicat.
«Depuis plusieurs décennies, tous les acteurs de la société se sont mobilisés pour assurer la protection des femmes enceintes et la fin des discriminations dont elles étaient les victimes. On se retrouve encore une fois 40 à 50 ans en arrière. Après ça, le gouvernement Legault se surprend qu’on le compare à celui de Duplessis. Il serait peut-être temps qu’il évolue pour arriver en 2021», soutient M. Côté-Benoît.
Après plusieurs démarches auprès du CIUSSS MCQ, du ministère de la Santé et des services sociaux et du cabinet du ministre Carmant, rien n’a été fait pour remédier à la situation, déplore-t-il.
«On fait des efforts pour leur permettre de corriger la discrimination à la source, mais il faut croire qu’ils se pensent légitimes de la maintenir. Il s’agit encore une fois d’un énorme manque de respect envers les femmes qui maintiennent le réseau de la santé et des services sociaux à bout de bras».
Plusieurs types d’absences ont été ajoutées comme non préjudiciables en ce qui concerne l’obtention des primes dans le cadre de cet arrêté ministériel. Cependant certains n’ont pas été ajoutés, dont les congés maladie et pour responsabilités familiales.
«Ça n’a aucun sens que pour une absence de très courte durée pour rendez-vous de grossesse ces femmes perdent jusqu’à 700 $. Il me semble que le ministre Dubé pourrait faire preuve d’un peu de bon sens et agir rapidement pour mettre fin à la discrimination qu’elles subissent», conclut Jean-Christophe Côté-Benoît, indiquant qu’un grief a été déposé pour discrimination.