CULTURE. Il y a huit ans, une idée folle a traversé l’esprit du pianiste Roman Zavada, celle de partir dans le Grand Nord canadien afin de composer des pièces en s’inspirant des aurores boréales.
L’artiste a pris cette décision sur un coup de tête, lorsqu’il était en direction des Îles-de-la-Madeleine, dans le cadre d’une tournée de ciné-concerts. Depuis plusieurs années, le pianiste redonne vie à des classiques du cinéma muet. Si Roman Zavada avait l’habitude de travailler à partir d’images en noir et blanc, ce dernier avait envie de sortir des sentiers battus en s’inspirant d’éléments de la nature.
Dès que l’occasion s’est présentée, le pianiste a pris la route vers le Grand Nord canadien. Son but? Admirer les aurores boréales en se rendant au cœur du phénomène. «J’ai pris mon sac à dos et une tente. J’ai trouvé un piano abandonné à Yellowknife. On l’a déplacé à 40 kilomètres de la ville, quelque part dans le bois», raconte l’artiste.
Roman Zavada ne savait pas du tout à quoi s’attendre en se lançant dans cette aventure. «Je n’avais jamais vu d’aurores boréales. Je craignais qu’elles soient très stagnantes. Quand on les voit de loin, elles sont rarement très actives. Je me suis dit qu’il fallait prendre des risques pour avoir des surprises.»
Dès le premier soir, un spectacle majestueux s’est présenté à lui. À son plus grand bonheur, les aurores boréales dansaient dans le ciel avec dynamisme. «Ça bouge. Ça tourne. Ça va très vite. Il y a quelque chose de très magique et très magnétique. On se sent tout petit. C’est vraiment impressionnant», commente celui qui a séjourné en ces lieux pendant deux semaines.
L’expérience s’est déroulée à merveille. Les compositions musicales ont coulé à flots. «Tous les gens du Grand Nord me disaient que j’allais vouloir revenir. Effectivement, j’y suis retourné pour filmer», souligne-t-il, en rigolant.
Après avoir complété son album, Roman Zavada a fait de nouveau le chemin jusqu’aux Territoires du Nord-Ouest, en compagnie d’une équipe de tournage. «Le but de cet exercice était de capter les aurores pour montrer aux gens ce que je vivais quand j’ai composé les pièces.»
Résonances boréales
Résonances boréales a été présenté pour la première fois lors de Montréal en Lumière, en 2016. Les images des aurores boréales étaient projetées sur le dôme de la Société des arts technologiques, afin de créer une immersion à 360 degrés. «Ça a été tout un succès. On a rajouté plusieurs dates pour répondre à la demande», précise-t-il.
L’artiste a même eu l’opportunité de voyager à l’international. «Le spectacle dans le dôme, j’ai présenté ça au Colorado et à Los Angeles aux États-Unis. C’est exotique pour eux. Plus on va vers le sud, plus c’est une expérience de voir les aurores boréales pour beaucoup de monde, particulièrement en Asie.»
Après ce tourbillon, Roman Zavada a ressenti le besoin d’adapter Résonances boréales pour le présenter dans les salles conventionnelles. «J’avais besoin du contact de scène. J’ai retravaillé le visuel pour l’adapter. Il y a trois gros écrans en arrière du piano. Dans ce contexte, ça me permet de communiquer avec le public entre les compositions», explique-t-il.
L’artiste sera de passage à la Maison des arts de Drummondville, le 26 septembre à 15h. Il présentera l’avant-dernier spectacle de sa tournée. Une gamme d’émotions habite Roman Zavada en constatant que cette aventure tire à sa fin.
Un nouveau projet de création attend Roman Zavada, inspiré par les compositions de son enfance dont il a retrouvé les enregistrements 30 ans plus tard.
«J’ai hâte au prochain chapitre. Je ferme celui-là avec beaucoup de fierté», termine-t-il.