DRUMMONDVILLE. Lorsqu’ils se sont rencontrés à l’école secondaire, il y a onze ans, Alexandre Langlois et Karel Bouillon n’auraient jamais imaginé qu’ils allaient traverser pareille tempête durant leur vie de couple.
Karel Bouillon, 27 ans, a appris qu’elle est atteinte d’un cancer aux ganglions, un lymphome stade 2, en juin dernier alors qu’elle était rendue au deuxième trimestre de sa troisième grossesse. Son garçon, Nathan, est attendu à la fin du mois d’octobre.
Au prononcé du diagnostic, la vie de cette famille drummondvilloise a complètement été chamboulée, multipliant les rendez-vous médicaux à Sherbrooke et valsant avec diverses émotions.
«On vit une situation particulière. Ma femme est épileptique, va donner naissance à un troisième enfant en trois ans et, en plus, elle combat un cancer», résume Alexandre Langlois, qui a dû mettre son emploi en veilleuse pour prendre soin de sa conjointe. Il travaillait chez Vidéotron aux Promenades Drummondville et donnait des cours de musique à son domicile.
Lorsque la maladie s’est déclarée, le couple a eu à prendre une décision déchirante : poursuivre ou interrompre la grossesse.
«La question s’est posée. Durant un rendez-vous médical à Drummondville, on nous a clairement indiqué qu’il fallait interrompre la grossesse pour se concentrer sur le cancer. À Sherbrooke, ils nous ont laissé le choix. Pour nous, ç’a toujours été une priorité d’avoir Nathan. On nous a aussi rassurés. On nous a dit que la chimiothérapie de Karel allait avoir un impact minime sur l’enfant. C’est effectivement le cas, car il grandit super bien. On devrait avoir un gros bébé. Les nouvelles sont encourageantes de ce côté», informe le père de famille, qui s’attend néanmoins à ce que son fils doive passer par une période de sevrage, à cause de la chimiothérapie et des médicaments utilisés pour contrôler l’épilepsie de sa mère.
Pour aider le nourrisson, il est prévu que les pénibles traitements de chimiothérapie soient mis sur pause trois semaines avant sa naissance, prévue à la 37e semaine de grossesse. Ensuite, ils reprendront jusqu’en février prochain. Il est possible que des séances de radiothérapie s’ajoutent après coup.
«Chaque fois qu’elle a un traitement, ça lui prend une semaine pour s’en remettre. Son corps travaille comme il n’a jamais travaillé. Mais on est confiant, malgré qu’on navigue à l’aveuglette. À cause de la grossesse, elle ne peut pas avoir de scans pour savoir si la chimiothérapie fonctionne. Cependant, toutes ses bosses ont pratiquement disparu et elle en est à la moitié du traitement», informe M. Langlois.
Bien qu’il vit une situation particulière, le couple se réjouit de pouvoir compter sur l’aide de ses proches, lesquels ont permis d’amasser 8 000 $ par l’entremise d’une campagne. Le père de famille souligne aussi la générosité d’entreprises de la région, comme Jean Coutu qui a offert un panier-cadeau, les Serres Tourville qui ont offert une provision de légumes frais durant 15 semaines ainsi que l’entreprise Harnois qui a remis des bons d’essence.
«On est déjà presque endettés parce qu’avec toute la liste de choses qu’on a à faire, c’est sûr que ce n’est pas facile, soutient le jeune père de famille. On a vendu une auto. En novembre, après la naissance de Nathan, je vais avoir droit à la prestation parentale. J’attends aussi un montant pour le programme de proches aidants. Honnêtement, la gestion d’une maladie, c’est un travail à temps plein, d’autant plus qu’on ne peut pas faire garder les enfants. Il faut éviter qu’ils ramènent des microbes à la maison.»
Karel Bouillon, de son côté, soutient qu’elle vit la situation un jour à la fois en se concentrant sur les éléments positifs.
«Je vis ça avec beaucoup de résilience. C’est sûr que je me demande pourquoi ça m’arrive alors que je suis enceinte. Mais j’essaie de me concentrer sur les opportunités. La vie nous a envoyé un beau gros stop. On a le privilège de passer beaucoup de temps en famille et de prendre soin de nous. C’est rare qu’on a cette chance-là dans la vie. Pour le reste, on est dans l’inconnu. On vit un jour à la fois», a-t-elle exprimé, en ajoutant que cette «épreuve est aussi dure pour elle que pour son mari».
D’ailleurs, pour l’aider à garder le cap et prendre soin de son clan, Alexandre Langlois confie qu’il va au gymnase tous les matins et qu’il compose des chansons.
«Il paraît qu’on nous envoie les épreuves qu’on est capable de surmonter. Quand on va se relever de ça, il n’y aura plus rien à notre épreuve. On aura trois enfants, notre maison et notre complicité. C’est ce qui compte», a terminé celui qui a rasé ses longs cheveux de musiciens en guise de solidarité.
Signalons qu’une campagne Gofundme a été lancée pour supporter les Langlois-Bouillon. On peut trouver l’information en cliquant sur ce lien.Â