MAGAZINE Après 45 ans de métier, Marcel Leboeuf a plus d’un tour dans son sac. Un vent de fraîcheur souffle sur sa carrière alors qu’il se lance dans l’aventure d’un spectacle solo, un rêve qu’il a toujours caressé.
C’est à bord de sa voiture électrique que Marcel Leboeuf débarque à la Maison des arts de Drummondville, avec le sourire aux lèvres et une bonne humeur pétillante. En entrant dans le lieu de diffusion, il sait exactement où se diriger. Après toutes ces années, les coulisses n’ont plus de secret pour lui.
«Je suis ami avec Roland Janelle, qui a longtemps travaillé ici. Il était le directeur de la Maison des arts dans le temps où j’avais mon théâtre à Kingsey Falls. En quelque sorte, j’étais un concurrent pour Drummondville, mais ce n’était pas la vision de Roland ni de moi. On était plus dans la collaboration et l’entraide. Toutes les pièces que j’ai faites en tournée, je les ai jouées ici», se remémore-t-il.
Toc toc, L’Emmerdeur, Sylvia et Le dîner de con : voici une poignée de pièces de théâtre dans lesquelles Marcel Leboeuf a joué à Drummondville. Il n’en retient que de bons souvenirs. «Le fait de me retrouver ici, c’est le souvenir du temps qui passe vite», prononce-t-il, en un souffle.
À la fin du mois de juillet et au début du mois d’août, Marcel Leboeuf a repris d’assaut la salle Léo-Paul-Therrien. Seul sur la scène, il a présenté un spectacle de son cru, Le Curieux destin d’Marcel. (NDLR : l’entrevue a été réalisée au début de juillet)
Une opportunité unique
Marcel Leboeuf a toujours rêvé d’avoir un spectacle solo. Revêtant les chapeaux de comédien, conférencier et vigneron, ce dernier a toujours jonglé à travers ces obligations. La crise sanitaire a perturbé sa routine.
«Quand est arrivé le 13 mars 2020, j’étais en tournée avec Ladies Night. Ça a arrêté frette net sec. L’été qui a suivi, il n’était pas question qu’il ait quoi que ce soit. Je devais jouer Toc toc à l’Assomption cet été, mais en septembre, j’ai appris que c’était annulé», raconte-t-il.
Ce dernier a décidé d’affronter la situation. «Je me suis dit que j’avais une jeune famille. J’ai un petit gars de 13 ans et un de 10 ans. Je devais trouver quelque chose pour gagner ma vie. Au lieu de brailler dans le salon chez moi en petite boule, je me suis tenu debout. J’ai tenu la barre de mon navire et j’ai décidé d’aller vers l’avant», témoigne-t-il.
Marcel Leboeuf est rapidement passé à l’action. «J’avais entendu dire que les diffuseurs allaient privilégier des spectacles avec un ou deux comédiens. C’était le moment ou jamais de faire mon one man show.»
Après quelques appels auprès des producteurs André Robitaille et Mario Provencher, le feu vert a été donné. «J’ai demandé à Luc Senay pour la mise en scène. On a loué le Centre culturel de Beloeil pendant trois mois. On était seul. Dans le premier mois avec Luc, on a fait le tour de toutes mes histoires. C’était tout un défi parce que je me suis demandé quelles sont les anecdotes que je raconte et pourquoi je veux les raconter. Il fallait trouver un sens à ça.»
L’affection envers les animaux, l’amour pour la forêt, la famille et la vie et la mort sont entre autres des thèmes qui sont abordés dans son spectacle. «Je ne suis pas humoriste, mais j’ai fonctionné comme eux. Je parle de mes affaires et des histoires qui m’arrivent, avec un petit aspect plus théâtral.»
L’expérience des conférences
Le spectacle fin prêt, Marcel Leboeuf était confiant de présenter le fruit de son travail. «Je suis rendu à 3000 conférences de données en vingt ans. Une conférence, c’est un one man show. C’est juste que dans une conférence, on s’attend que la personne qui nous parle raconte son vécu. Avec le théâtre, je peux bonifier mes affaires et exagérer», soutient-il, avec un sourire en coin.
«J’ai été seul devant un public dans toutes les conditions. J’ai fait des conférences dans des usines, en prison et dans des réserves autochtones. Je l’ai déjà fait devant trois personnes et devant 2500 personnes», poursuit-il.
Dans son spectacle, le comédien a même glissé quelques morceaux musicaux. «C’est pour mon plaisir. J’ai cinq chansons. Il y en a quatre que les paroles sont de Luc Senay et la musique est de Frédéric Reddy. J’en ai une de Fernandel.»
À travers le processus, une flamme s’est allumée à l’intérieur de Marcel Leboeuf. «Je veux faire vivre le spectacle longtemps. J’ai même du stock pour un deuxième», confirme-t-il.
Engagement politique
En parallèle, Marcel Leboeuf est propriétaire du Domaine de Correlieu au pied du mont Saint-Hilaire. Il vend plusieurs produits dérivés de ses vignes et des produits de l’érable. Parmi la tournée de spectacles, ce dernier a réussi à glisser dans son horaire une campagne électorale. Il tentera sa chance en tant que conseiller municipal de sa ville pour le parti Mouvement citoyen.
«J’ai créé avec d’autres personnes un nouveau parti. Il n’y a personne là-dedans qui a déjà été conseiller ou conseillère. On est tous du nouveau monde. On table là-dessus pour apporter un souffle nouveau», explique-t-il.
Un événement précis a motivé son implication politique. «Il y a un terrain à côté de mon vignoble. La dame qui a ça veut faire 50 condos à 20 pieds de ma vigne. C’est ça qui a été mon déclencheur. En ce moment, les entrepreneurs et le monde qui bâtissent ont la main mise sur tous les terrains au Québec. On est en train de scrapper le Québec à la grandeur», exprime celui qui a à cœur la préservation de l’environnement.
«Il faut mettre notre pied à terre pour les générations futures. Il faut protéger ces endroits-là», poursuit-il.
À 67 ans, Marcel Leboeuf n’a pas le temps de s’ennuyer. «J’ai toujours été comme ça. J’ai tout le temps eu mille projets. Je m’intéresse à une foule de choses. Je vais être Marcel Leboeuf juste une fois sur la terre, aussi bien en profiter», conclut-il, avec aplomb.