BASKETBALL. Hugo Houle et Rosalie Boissonneault ont représenté la région de Drummondville avec fierté aux Jeux olympiques de Tokyo. À son tour, Élodie Tessier se dit prête à briller aux Jeux paralympiques.
Membre de l’équipe féminine canadienne de basketball en fauteuil roulant depuis 2017, Élodie Tessier a passé les derniers mois à Toronto afin de s’entraîner en compagnie de ses coéquipières. Après une semaine de repos au Québec, l’athlète de 25 ans originaire de Saint-Germain-de-Grantham est déjà de retour dans la Ville Reine pour y entreprendre un dernier sprint avant les Jeux. Les Canadiennes s’envoleront vers le Japon dès vendredi en vue de la compétition paralympique qui se déroulera du 24 août au 5 septembre.
«Je suis assez excitée! Ça s’en vient rapidement. Il y a quelques jours, on a reçu nos valises et notre linge pour aller à Tokyo. Ça devient de plus en plus concret. C’est un peu spécial comme feeling, parce que les Jeux ont été retardés d’un an. On s’entraîne depuis tellement longtemps pour ça. Plus ça approche et plus on se sent fébrile», a lancé Élodie Tessier, qui a regardé les Jeux olympiques avec attention au cours des dernières semaines.
En raison de la pandémie, les spectateurs étrangers ne seront toutefois pas admis au Japon. «C’est un peu triste. Au départ, on avait planifié que mes parents, ma sœur, mon oncle et ma tante viennent avec moi. Ça aurait été spécial de vivre ça avec eux, mais au moins, les Jeux ont lieu. Je sais qu’ils vont m’encourager de la maison», a exprimé la pétillante jeune femme de trois pieds et dix pouces, qui est née avec une malformation squelettique aux jambes.
À Tokyo, les Canadiennes miseront sur un intéressant mélange de vétéranes et de recrues au sein de leur alignement. Cinq joueuses de l’équipe ont défendu les couleurs du pays lors des derniers Jeux tandis que six autres feront leurs débuts paralympiques, dont Élodie Tessier. La capitaine Cindy Ouellet vivra ses quatrièmes Jeux dans cette discipline.
«Les filles qui ont déjà vécu l’expérience des Jeux sont nos leaders. Pour celles qui en seront à leurs premiers Jeux, c’est excitant, mais on garde en tête que ça reste un tournoi et un match de basket comme les autres», a souligné Élodie Tessier.
«Notre équipe a vraiment bien évolué depuis 2017, a-t-elle poursuivi. Le groupe n’a pas vraiment changé. Je pense que ça aide à la chimie d’équipe. Après les Jeux de Rio, plusieurs joueuses ont pris leur retraite. Depuis, on bâtit quelque chose de solide avec les mêmes filles.»
Outre Élodie Tessier, l’équipe nationale mise également sur les Québécoises Rosalie Lalonde, Sandrine Bérubé et Cindy Ouellet; les Ontariennes Melanie Hawtin, Tamara Steeves et Puisand Lai; les Britanno-Colombiennes Kady Dandeneau et Tara Llanes; l’Albertaine Arinn Young ainsi que la Néo-Brunswickoise Danielle DuPlessis. La formation est dirigée par le Québécois Marc-Antoine Ducharme.
La pression de l’or
Selon Élodie Tessier, la performance décevante de la formation unifoliée lors du championnat du monde de 2018 lui a servi d’électrochoc. L’équipe n’avait alors pu faire mieux qu’une cinquième position.
«On a atteint le fond du baril en perdant contre la Chine en quart de finale. Ça nous est rentré dedans. C’était un vrai wake-up call. Depuis ce temps-là, tout le monde s’est retroussé les manches. On s’est rallié autour d’un même objectif. À Tokyo, on veut bien performer tout en ayant du plaisir en équipe», a exprimé l’athlète au sourire contagieux, qui a fait ses débuts dans ce sport à 14 ans avec les Vikings du Centre-du-Québec.
«Notre chimie d’équipe sera importante à Tokyo, a-t-elle enchaîné. Notre seule famille là-bas, ce sera les 11 filles dans l’équipe et le personnel qui nous accompagne. Si on n’est pas proches les unes des autres, ça va être difficile. On est toutes dans le même bateau.»
L’équipe canadienne s’est qualifiée pour les Jeux en décrochant la médaille d’or lors des Jeux parapanaméricains disputés au Pérou, en 2019. Son dernier match international remonte à il y a deux ans, lors d’un tournoi hors-concours disputé à Tokyo. Depuis ces affrontements face aux Japonaises et aux Britanniques, les filles ont été limitées à des entraînements ainsi que des parties contre des athlètes canadiens de la relève.
«Pendant la pandémie, les filles se sont toutes améliorées individuellement. Chacune de notre côté, on a eu le temps de peaufiner notre jeu. Une fois qu’on est revenues toutes ensemble à Toronto, on a juste eu à matcher ça à la perfection en équipe», a expliqué Élodie Tessier, qui a disputé quelques matchs au sein du circuit universitaire américain avec la formation de l’Université du Texas à Arlington ces deux dernières saisons.
«On a travaillé fort cet été. Ce fut un bon bloc d’entraînement, mais là, on a hâte de jouer un vrai match.»
Les Canadiennes amorceront la ronde préliminaire contre la Grande-Bretagne, le 25 août. Le groupe A réunira aussi l’Allemagne, l’Australie et le Japon. «Notre pool est assez relevé. Aucun match ne sera facile. On a la mentalité d’y aller un jour à la fois et un match à la fois. On se concentre sur notre premier duel. On veut apprécier le moment et ne pas regarder trop loin», a laissé entendre celle qui est classée comme une athlète de catégorie 2,5.
Aux yeux d’Élodie Tessier, la clé pour les joueuses canadiennes sera d’éviter de s’imposer une pression inutile sur les épaules. «Parfois, avec la pression de la performance, tu veux trop en faire. On doit rester dans le moment présent et se concentrer sur ce qu’on est capable de faire. J’ai confiance en nos habiletés. J’ai confiance en notre équipe. On a tous les outils en place pour aller chercher une médaille.»
Reléguée au cinquième rang lors des Jeux paralympiques de Rio en 2016, l’équipe canadienne féminine de basketball en fauteuil roulant a déjà remporté la médaille d’or à trois reprises (1992, 1996 et 2000) ainsi que le bronze en 2004.
«Je pense qu’on est prêtes. On est confiantes d’être sur le podium, mais on devra y aller un pas à la fois et une étape à la fois», a conclu Élodie Tessier.