RESTAURATION. Affectés par un manque de main-d’œuvre depuis qu’ils ont pu rouvrir leurs portes ce printemps, certains restaurateurs de la région ont dû réduire leurs heures d’ouverture afin de ne pas épuiser leurs employés actuels.
C’est probablement la première fois que la majorité des établissements de restauration cherchent à embaucher des gens en aussi grand nombre. Le passage de l’ensemble de la province au vert et la belle saison leur permet d’ouvrir plus longtemps, mais, pour ce faire, il faut suffisamment de personnel.
«En restauration, nous avons tous ouvert en même temps en raison de l’assouplissement des mesures de la COVID. Tout le monde s’est mis à chercher des gens en même temps. Normalement, quand on cherche des employés, les autres restaurants ne cherchent pas nécessairement. C’est la première fois que je vis ça. Parfois, on passe des gens en entrevue et il faudrait les engager sur le champ parce que si on les laisse aller passer une autre entrevue, un autre établissement leur fera une offre. On se bat entre restaurateurs», a remarqué le propriétaire du Bistro de la Gare, François Timmons. Son établissement a dû réduire son offre de services en raison d’un manque d’employés.
La situation actuelle cause donc une demande plus élevée que la disponibilité de main-d’œuvre. «Tous les restaurants cherchent à embaucher en même temps. Ça crée une pénurie. C’est très difficile de trouver de bons employés fiables. C’est un peu décevant cette recherche de main-d’œuvre qui ne s’arrête pas. On ne réussit pas à reprendre le dessus. Mais on n’a pas le choix, on fait avec et on attend que cette crise passe. Dès qu’on va être en mesure de trouver les gens qui nous manquent, on va rouvrir», a prévenu Steve Quirion, associé directeur de la Brasserie Daniel Lapointe de Drummondville.
Éviter l’épuisement
Certains établissements de la région ont pris la décision de réduire leur offre de services de façon temporaire pour ne pas surtaxer leur personnel toujours en place. À la Brasserie Daniel Lapointe, il a notamment été décidé de fermer les lundis et mardis jusqu’à nouvel ordre.
«La pénurie de personnel en cuisine fait en sorte que nos employés devaient travailler six ou sept jours par semaine. Pour éviter l’épuisement et d’un côté humain aussi, on a décidé de rester ouvert seulement cinq jours par semaine afin d’offrir deux journées de congé à nos employés», a énoncé M. Quirion.
«C’est dommage que ça arrive durant l’été, qui est une grosse période avec notre terrasse et tout le reste, a-t-il poursuivi. On n’a pas le choix, c’est la santé de nos employés qui était la plus importante dans cette situation. Nonobstant les chiffres qu’on peut avoir en été, ce qui est important pour nous, c’est de préserver la santé de nos employés et de garder ceux qu’on a déjà, ne pas les épuiser non plus.»
C’est le même constat au Bistro de la Gare. Jusqu’à tout récemment, le propriétaire craignait d’être incapable d’offrir des vacances à ses employés cet été.
«Je me suis aperçu que j’étais en train de brûler le peu de cuisiniers que j’ai. Ils faisaient des heures de fou pour arriver. Ce n’était pas le fun. J’engage de nouveaux employés, mais ce n’est vraiment pas facile. Pour un propriétaire ou un chef d’entreprise, ce n’est pas plaisant de toujours fonctionner de cette façon en ayant tout le temps un manque d’employés à gérer. Ça occasionne du stress», a, pour sa part, commenté François Timmons.
Rétablissement à l’automne?
Malgré cette situation, aucun des deux établissements sondés par L’Express ne craint pour sa survie à long terme. On prévoit un retour à la normale à l’automne si la situation actuelle, concernant la pandémie, se maintient.
«Ça ne nous inquiète pas du tout pour la survie de l’établissement de Drummondville. C’est une situation qui, je crois, va se régler à moyen terme. Probablement d’ici l’automne, on devrait être en mesure de régler la situation. On a d’autres restaurants et ça commence déjà à se régler», a dit Steve Quirion.
François Timmons a aussi ciblé le début de l’automne pour un retour à une certaine normalité. Cependant, il se questionne sur l’impact que pourraient encore avoir les programmes gouvernementaux, tels que la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE), sur l’envie des gens de revenir sur le marché du travail dès maintenant.
«On espère un retour à la normale avec la fin des programmes d’aide à la fin du mois de septembre. Je ne connais pas les chiffres des gens qui en bénéficient encore. Est-ce que parmi ces gens il y a beaucoup d’anciens travailleurs de la restauration? Je ne le sais pas. Comme employeur, on a très hâte que ça finisse pour avoir un peu plus de choix lorsqu’il faudra engager des gens. Dans mon idéal, j’ose espérer que la situation va se rétablir. En plus, il y en a plusieurs qui ont changé de domaine parce qu’on a longtemps été fermés et dans l’inconnu en restauration. Sur ce point, je les comprends aussi», a conclu M. Timmons.
D’ici à ce que la situation se stabilise, les restaurateurs risquent d’encore devoir se livrer une forte compétition pour attirer les personnes désireuses de travailler dans ce domaine.