MUNICIPAL. Aucun projet n’est encore ficelé pour le site des pères Montfortains. L’important projet immobilier du promoteur Novellis est sur la glace, alors que «plusieurs joueurs» se montrent intéressés, selon le maire Alain Carrier. D’ici à ce qu’une décision soit prise, le conseil municipal compte tout de même donner le feu vert à la construction d’une garderie sur le site situé à proximité du campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) à Drummondville.
La Ville poursuit les discussions avec le CPE Plumeau-Soleil, qui souhaite aménager une troisième installation sur le campus de l’UQTR à Drummondville. «On travaille avec eux, soit pour une promesse de vente ou un acte de vente», a indiqué le directeur général de la Ville, Francis Adam, en marge de la séance du conseil municipal lundi soir.
Le projet, qui est prévu sur une portion non construite du site des pères Montfortains, devrait figurer à l’ordre du jour au cours des prochaines séances publiques du conseil municipal. Aucune date n’a été déterminée.
Le projet de reconversion de Novellis de 100 M$, visant la transformation de l’ancien couvent en logements pour étudiants et travailleurs étrangers, est pour sa part en suspens. Celui-ci prévoyait la démolition du bâtiment érigé en 1951, dont la présence d’amiante a été détectée, pour faire place à un immeuble de cinq à six étages comprenant notamment des studios.
«Le projet est sur pause parce qu’il y a plus qu’un joueur. On analyse toutes les possibilités. On regarde le dossier et éventuellement il va se faire quelque chose», a fait savoir le maire de Drummondville, Alain Carrier, ajoutant que les questionnements sur un possible conflit d’intérêts entre lui et le lobbyiste embauché par Novellis, André Komlosy, ont également contribué à la mise sur pause du projet.
Par ailleurs, le maire Carrier a fait savoir que le Centre de services scolaire des Chênes a démontré un intérêt pour l’endroit. «Ils voulaient faire en sorte que ça devienne une école aux adultes. Ç’a été regardé par le conseil, mais unanimement, le conseil a dit non au projet. Ils sont revenus. On a eu une bonne discussion avec le DG Lucien Maltais et il est conscient que c’est un terrain que tu peux bâtir quelque chose pour 100 M$ ou une école aux adultes de 15 M$. Au niveau rentabilité, avec qui il faut faire affaire», a mentionné Alain Carrier.
Ce dernier soutient qu’il est encore temps pour les promoteurs intéressés à présenter à la Ville un projet pour le site des pères Montfortains. «Il y a une personne qui regarde et qui a été rencontrée à la Société de développement économique de Drummondville (SDED). Il y aurait même un quatrième joueur que j’ai su cette semaine. Si ça ne fonctionne pas avec un, ça pourrait aller avec d’autres. Il y a des demandes, il faut les regarder. C’est pour la même vocation : résidences pour travailleurs étrangers, résidences pour étudiants, résidences ordinaires et garderie. Ça va toujours être ça, peu importe qui se pointe», a assuré celui qui est aussi président de la SDED.
Élue interpellée
Le dossier des pères Montfortains a été discuté à la séance du conseil municipal lundi soir, lorsque Cathy Bernier a été interpellée par un citoyen. «Suite à l’énoncé du maire concernant le projet des pères Montfortains, alors que le maire Carrier mentionnait qu’il y avait un projet concernant des logements pour étudiants et travailleurs étrangers, il y avait également une garderie incluse dans ce projet. Selon le journal L’Express, le projet est d’environ 100 M$. Depuis ce temps, vous avez été complètement muette et aucune déclaration en séance publique. Étant donné que vous êtes la conseillère indépendante du secteur, j’aimerais avoir votre opinion sur ce projet. Est-ce un bon projet, un mauvais projet ou du marketing électoral du maire Carrier?», a demandé un résident du secteur lors de la période de questions.
«Le dossier des Pères Montfortains est pour moi un dossier qui peut être très structurant dans son ensemble. C’est un dossier qui doit être réfléchi, bien structuré et bien organisé. Plusieurs organismes sont alentours de ce projet-là et, je crois, personnellement, que ce doit être un projet qui doit être fait de façon concertée. Donc on ne doit pas utiliser ce site-là de façon prématurée, mais bien de façon planifiée et réfléchie. Ce site-là est un site très stratégique à Drummondville. Il est en bordure de l’autoroute 20, de la rivière, près des services et du centre-ville, a répondu Cathy Bernier. On est muet dans le temps où les choses arrivent et quand c’est le temps, on se positionne.»
Le maire de Drummondville a pris la parole, en réponse au citoyen. «On a encore plusieurs joueurs qui regardent encore ça. Mon intervention n’était pas électorale, mon intervention était de dire qu’il y avait des gens qui ont proposé quelque chose avec un bon investissement, avec lequel le recteur de l’université était d’accord. Il y avait un projet de garderie, un projet de résidences pour étudiants, un projet de logements pour travailleurs étrangers et l’idée de peut-être trouver du logement pour monsieur et madame Tout-le-Monde. On dit souvent qu’on manque d’informations, mais ce qu’on oublie de dire c’est qu’on en a fait de la politique avec ça. Je vais vous dire pourquoi. Parce qu’il y avait une recommandation des cadres ici qui ont analysé le projet et ça obtenait l’aval sous certaines conditions qui étaient d’aller un peu plus loin dans nos recherches, est-ce qu’on doit faire une deuxième rue pour l’entrée ou sortie du site. Il y avait ces questions-là à finaliser, mais ça donnait un go temporaire seulement pour continuer à étudier le projet», a-t-il mentionné.
«En parallèle, on avait un autre joueur qui s’appelle le Centre de services scolaire et entre temps, il y a peut-être une autre personne qui est arrivée dans le décor qui sont des gens de l’extérieur et qui ont commencé à regarder, qui se sont intéressé, que j’ai rencontré avec le commissaire industriel. Au moment où on se parle, il y a encore selon moi facilement deux projets et possiblement trois sur la table. Alors dossier électoral? Sûrement pas du côté du maire parce que si on n’avait pas été en temps d’élections, je pense que ce dossier-là aurait pu passer», a-t-il poursuivi.
La conseillère municipale Stéphanie Lacoste a aussi tenu à se prononcer : «Si les conseillers ont été muets sur le sujet, c’est que la façon que ça fonctionne à l’hôtel de ville, le conseil de ville parle par résolution. Ce projet-là ne s’est pas rendu à avoir une résolution. Donc à ce moment-là, le seul porte-parole de la Ville, c’est monsieur le maire. C’est pour ça que les conseillers ne se prononcent pas sur quelque chose qui n’a pas été voté par résolution. Le projet, entre temps, ce qu’on a demandé, c’est d’avoir d’autres précisions. En même temps, ce qu’on voulait, c’était une évaluation du site parce qu’en étant proche de l’UQTR, on aimerait qu’il prenne encore plus d’expansion. On veut s’arranger pour que ce pôle-là soit vraiment bien pensé pour favoriser l’implantation de l’UQTR proche d’ici. Pour ce qui est de la garderie, c’est un projet complètement à part qui va de l’avant. La garderie va se faire. Pour le reste, on pense qu’il y a une réflexion qui doit être un peu plus en profondeur.»
Le maire a réagi à l’intervention de Stéphanie Lacoste. «Tout ce qu’on vient de mentionner de Mme Lacoste, je ne sais pas si elle a manqué des réunions, mais non seulement on avait toute l’information, le recteur a été rencontré par les promoteurs et par tous ceux qui voulaient le rencontrer ou l’appeler. Il a dit qu’après avoir étudié [le dossier], comme il est nouveau recteur, sur le coup il voulait qu’on garde le terrain en question et l’emplacement pour une future expansion. L’ancien recteur avait rétrocédé cette place, alors il a finalement dit OK. Tout ça, comme dit Mme Lacoste, c’était déjà sur la table en atelier. On avait tout ce qu’il fallait pour prendre des décisions et elle le dit si bien, si en atelier on veut prendre le vote et on s’aperçoit que ça ne donne rien d’amener ça comme ce soir ici parce que ça va être battu largement, donc voilà pourquoi ça ne s’est pas rendu à la table ici. Mais on avait tout ce qu’il fallait», a commenté le maire.
Si Alain Carrier est d’avis que des membres du conseil municipal ont bloqué le projet, Stéphanie Lacoste soutient pour sa part que certains d’entre eux ont «une autre vision» et n’ont, encore à ce jour, pas obtenu l’information nécessaire pour prendre une décision concernant l’avenir du site des pères Montfortains.