DRUMMONDVILLE. Cachée au beau milieu d’un grand érable, la petite maison de la famille Bouchard-Roussin/Lalonde faisait le bonheur de deux garçons jusqu’à ce que la hargne l’emporte sur la raison et sur… les joies de l’enfance.
Quelques jours après la démolition de la maisonnette qui faisait partie de la vie de son clan depuis toujours, Marie-Michèle Bouchard-Roussin vit toujours de l’incompréhension. Certes, elle a cheminé depuis qu’elle a reçu, le 18 mai dernier, cette lettre de la Ville de Drummondville l’informant que la petite construction n’était pas conforme, mais reste qu’elle se demande toujours pourquoi l’Homme peut se montrer aussi méprisant.
Selon les règlements municipaux, la petite maison dans l’arbre devait être située à 1,5 mètre de la ligne séparant son terrain de celui de sa voisine. Elle était placée à 75 centimètres de la haie de cèdres, une proximité jugée non acceptable par la dame d’à côté, qui a déposé une plainte à l’hôtel de ville. Le début d’une valse d’émotions caractérisées par un seul mot : incompréhension.
«Quand j’ai reçu cette lettre, j’ai fait plein de démarches. J’ai longuement négocié avec l’inspecteur municipal», raconte la mère de famille.
Dans un ultime espoir de changer le cours de l’histoire, Mme Bouchard-Roussin a publié un message poignant sur Facebook, lequel a été partagé des centaines de fois en peu de temps.
«Des gens de partout dans le Québec m’ont écrit. Je n’en reviens pas. L’histoire est venue chercher les gens. J’ai trouvé ça beau dans toute cette laideur-là. J’espère que ma voisine a vu passer ces messages et qu’elle a eu un cinq minutes de remords. Elle a fait ça par méchanceté», soutient Mme Bouchard-Roussin, qui est aussi la propriétaire de l’entreprise Emblème Communication, située au centre-ville de Drummondville.
En écrivant son message sur Facebook, la mère de famille a aussi été soufflée par la panoplie d’offres de soutien qu’elle a reçues.
«Je suis tellement reconnaissante envers ces gens. Une trentaine de personnes m’ont écrit pour m’offrir de l’aide professionnelle, des avocats par exemple, mais aussi des hommes à tout faire qui voulaient nous aider à la déplacer. On a assisté à une belle solidarité. C’est la plus belle chose qu’on retient et qui pouvait être faite pour honorer la mémoire de notre petite maison», exprime la dame, émotive.
Disant accorder une grande importance au respect des lois, la famille a pris son courage à deux mains et a amorcé le démantèlement de la petite maison la fin de semaine dernière. La voisine, elle, était sagement assise sur son balcon.
«Quand on a essayé nous-même, on n’a pas réussi, car le bois tordait. On l’aurait cassée. Elle n’était pas jeune, notre maison. Et un arbre passait au beau milieu. Ce n’était pas simple», ajoute Mme Bouchard-Roussin, en laissant poindre un sentiment de regret.
«Je sais que des gens auraient finalement pu nous aider à la déplacer», précise-t-elle.
Samedi soir, les garçons de Mme Bouchard-Roussin, âgés de 10 et 12 ans, ont demandé à dormir dans la tente familiale et qu’elle soit installée à l’endroit exact où était située leur petite maison dans l’arbre. Ils avaient probablement l’impression d’y être encore.
«Pour eux, ça allait de soi. L’été, il aimait tellement dormir dedans à l’occasion. Ils vivent tellement d’incompréhension. Un soir, entre deux pleurs, mon fils m’a dit : « Si moi je vais cogner chez elle, et que je lui explique, elle va peut-être m’écouter puisque je suis un enfant ». Je suis tellement fière d’avoir fait de si beaux petits garçons. Ça me fait capoter de réaliser qu’on a dû la démolir», ajoute leur mère, en confiant s’être sentie impuissante durant cet épisode.
Si elle se sent toujours portée par la vague de soutien qu’elle a reçu par l’entremise des médias sociaux, Michèle Bouchard-Roussin convient aussi qu’elle a appris durant cette mésaventure. Elle aurait pu lever la main et faire appel, notamment, à sa conseillère municipale.
«Lundi, la conseillère municipale Cathy Bernier m’a appelé. Elle avait lu mon cri du cœur. Je n’avais pas pensé la contacter. Elle m’a dit qu’elle aurait pu m’aider avec tout ça. Même si je lui ai dit que la petite maison avait été démolie, elle a quand même pris la peine d’appeler le service de l’urbanisme. Mercredi (16 mars), elle m’a fait un suivi et elle m’a informé qu’il n’aurait pas été possible d’avoir une dérogation parce que ça aurait été trop coûteux. Je sais que l’urbanisme a travaillé sur mon cas. Les gens voyaient bien que c’était un non-sens. On s’est attaqué directement à mes enfants. En démolissant la maison, j’ai perdu mon droit acquis en hauteur. J’aurais maintenant aimé qu’on me dise que je peux la reconstruire, mais ce n’est pas le cas», termine la mère de famille.