CYCLISME. Hugo Houle en a parcouru du chemin depuis qu’il a fait ses débuts sportifs au sein des clubs Triomax junior et Vélocité Drummond. Cet été, la fierté du Centre-du-Québec participera à son troisième Tour de France ainsi qu’à ses deuxièmes Jeux olympiques en carrière.
Après avoir aidé son coéquipier Jakob Fuglsang à grimper sur le podium au Tour de Suisse, Hugo Houle se prépare à prendre le départ du 108e Tour de France, du 26 juin au 18 juillet. Son objectif est ambitieux, mais réaliste : gagner l’une des 21 étapes de l’épreuve cycliste la plus prestigieuse au monde.
«À ce stade-ci de ma carrière, c’est possible d’y croire. Pour y arriver, ça prend des circonstances favorables. Ça prend aussi un peu de chance. Mais je pense que je me rapproche du niveau nécessaire pour me mettre dans une position de jouer une étape», exprime Hugo Houle dans une entrevue accordée à L’Express depuis sa résidence de Monaco.
Contrairement à l’an dernier, l’athlète de Sainte-Perpétue n’aura pas de leader à protéger cette année. S’il peut se permettre de viser aussi haut, c’est aussi en raison de sa septième position décrochée en 2020, lors de la 12e étape du Tour. Il s’agit de la meilleure performance québécoise dans l’histoire de la Grande Boucle.
«Pour gagner une étape, ça prend un minimum de puissance avant tout. Les gens ne le réalisent peut-être pas, mais le simple fait de prendre part à une échappée, c’est déjà une bonne tâche. Il faut avoir une bonne vision de la course et faire son effort au bon moment. On peut attaquer souvent sans jamais être capable de prendre la bonne échappée. Même en travaillant extrêmement fort, ça prend aussi un peu d’expérience et de flair», explique le membre de l’équipe Astana/Premier Tech.
Une fois dans l’échappée, celui qui aspire à la victoire doit encore poser les gestes qui feront la différence au fil d’arrivée.
«Les coureurs dans l’échappée sont toujours très costauds. Dans les cols, il faut avoir la puissance nécessaire pour rester avec les meilleurs, sans quoi, tu ne peux pas jouer l’étape. C’est là où j’ai beaucoup progressé ces dernières années : au niveau de l’endurance et de ma capacité à grimper. Quand je prends une échappée, je suis capable d’être parmi les coureurs les plus solides.»
Bien sûr, remporter une étape nécessite aussi un brin de chance. «Quand tu arrives dans le final, il y a un peu de hasard. Tu peux attaquer trois fois, mais les autres reviennent te chercher. La quatrième peut être la bonne : personne ne te suit et ce moment d’hésitation fait que tu as assez de temps pour rester devant. Bref, il y a diverses circonstances et une partie stratégique qu’on ne peut pas toujours prévoir ou contrôler.»
S’il parvient à réaliser ce tour de force, Hugo Houle dédiera ce triomphe à son frère Pierrick, qui est décédé tragiquement en 2012 à l’âge de 19 ans. «À chaque course, je porte toujours ma croix. Je pense à lui avant chaque départ. Aujourd’hui, je vis bien avec ça. À un moment, il faut avancer. Je l’utilise comme une motivation», confie celui qui s’est impliqué dans la lutte contre l’alcool au volant il y a quelques années.
Des Jeux pandémiques
Après seulement quelques jours de repos, Hugo Houle représentera le Canada aux Jeux olympiques de Tokyo, du 23 juillet a 8 août. Lors de la course sur route, il appuiera le leader ontarien Michael Woods, qui s’est démarqué récemment en Suisse.
«Avec le niveau que j’ai et les qualités de Mike, on a un bon coup à jouer. Ça me motive, parce que je sens qu’on a une réelle chance. Mike a déjà prouvé qu’il peut aller chercher une médaille en finissant troisième au championnat du monde. Ce serait assez exceptionnel pour le Canada», fait valoir celui qui participera ensuite au contre-la-montre individuel, une épreuve qui demeure l’une de ses forces.
Au-delà de ses performances, le Québécois de 30 ans est curieux de voir à quoi ces Jeux pandémiques ressembleront. Non seulement les spectateurs étrangers ne seront pas admis sur les sites de compétition, mais les cyclistes canadiens demeureront à l’hôtel plutôt qu’au village olympique en raison de l’éloignement de l’épreuve sur route.
«Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Ce que j’avais aimé des Jeux de Rio, c’était l’ambiance du village olympique. Côtoyer des athlètes du Canada, mais aussi des autres pays, ça nous sort de notre bulle habituelle en cyclisme professionnel. C’est intéressant de voir la dynamique et le fonctionnement des autres sports. Ça nous permet de nous comparer, mais surtout de voir autre chose. Ça risque d’être bien différent cette année.»
À lire également : Drummondville, là où tout a commencé