GRÈVE. Les 60 000 membres de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), dont 5200 de la Mauricie et du Centre-du-Québec, amorcent deux journées de grève générale alors que l’impasse subsiste après 18 mois de travaux aux tables de négociation pour le renouvellement de leur convention collective.
De la protection de la jeunesse aux archives médicales, en passant par les services en santé mentale, en réadaptation, en imagerie médicale ou encore en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme, la vaste majorité des professionnels et des techniciens du réseau public de santé et de services sociaux se mobilisent pour protéger l’accessibilité et la qualité des services offerts à la population.
«Les millions auront beau pleuvoir pour favoriser la création de nouveaux postes, encore faut-il qu’il y ait des gens volontaires et dûment formés pour les occuper. Les postes vacants se multiplient. Les négociations ne débloquent pas, y compris pour le secteur de la protection de la jeunesse – prétendument parmi les priorités gouvernementales. En refusant de bonifier les conditions de travail des salariés du réseau public, le gouvernement se tire dans le pied», soutient Véronique Neth, présidente de l’APTS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
L’APTS dénonce le manque de sérieux du gouvernement Legault. Au printemps 2020, en pleine crise de la COVID-19, le gouvernement a invité les organisations syndicales à une négociation rapide. Depuis, les pourparlers traînent en longueur et les négociateurs du gouvernement n’ont toujours pas de mandat pour parvenir à une entente négociée. La présentation de trois offres globales, pratiquement identiques et couvrant à peine l’inflation, démontre le «peu de considération des élus caquistes» pour les conditions de travail des femmes, en grande majorité, et des hommes qui prennent soin de la santé physique et mentale de la population québécoise.
Ces journées de grève, les premières dans le réseau de la santé et des services sociaux dans le cadre de cette ronde de négociations, s’exerceront dans le respect des services essentiels. Il s’agit d’un puissant cri du cœur des travailleuses et des travailleurs, qui font preuve de professionnalisme et consacrent toute leur énergie à prendre soin de la population chaque jour, malgré la pandémie. Ces personnes ont grandement besoin de renforts et de reconnaissance.
«En offrant d’améliorer les conditions de travail de seulement quelques-uns de nos membres, le gouvernement laisse prendre le feu dans les autres secteurs. Actuellement, tout le réseau s’enflamme. La surcharge de travail se généralise dans tous les secteurs. La gestion des services publics au gré des crises, ça suffit! Il faut valoriser les emplois du secteur public, attirer la relève et conserver l’expertise des salariés qui méritent une véritable reconnaissance de la part de Québec, pas juste quelques remerciements en conférence de presse. Être payés au féminin, c’est terminé», insiste Véronique Neth.
Québec doit se donner les moyens de ses ambitions
La population québécoise s’attend à recevoir des services accessibles et de qualité, mais le gouvernement de François Legault ne s’en donne pas les moyens, estime l’APTS. L’Alliance indique que des solutions existent pour mettre fin à l’exode des intervenantes en protection de la jeunesse, des psychologues et des avocates du réseau public, notamment.
«Le manque d’ouverture du gouvernement a de quoi inquiéter alors que les affichages prolifèrent pour le recrutement de main-d’œuvre indépendante et qu’on interdit aux CISSS et aux CIUSSS de combler des postes dans les services sociaux pour éviter d’accentuer l’hémorragie à la DPJ», est-il écrit dans un communiqué.
«François Legault a l’occasion de démontrer une fois pour toutes qu’il croit que tous les Québécois ont droit à des soins de santé et à des services sociaux accessibles et de qualité. Une chose est certaine, les professionnels et les techniciens membres de l’APTS en Mauricie et au Centre-du-Québec ont ces services à cœur et entendent se battre pour les défendre», conclut avec conviction Véronique Neth. (CGM)